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[Critique] The Darkness : l’ennui à chaque seconde

Caractéristiques

  • Titre : The Darkness
  • Réalisateur(s) : Greg McLean
  • Avec : Kevin Bacon, Radha Mitchell, David Mazouz, Lucy Fry, Jennifer Morrison
  • Distributeur : Universal Pictures France
  • Genre : Horreur
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 92 minutes
  • Date de sortie : 22 août 2016 (vidéo)
  • Note du critique : 2/10

Embarras, es-tu là ?

Parfois, le nom d’un réalisateur peut gagner une aura qui le dépasse, et Greg McLean est sûrement de ceux-là. Il faut écrire que le réalisateur australien embarquait avec lui bien des espoirs, après un Wolf Creek parfois décrié, mais plutôt apprécié chez Culturellement Vôtre. Ce film parvenait à faire surgir l’horreur avec une sacrée puissance, à partir d’une situation banale, voire même beaucoup trop quelconque et longue si l’on écoute les critiques négatives. On ajoutait un vilain assez mémorable, et l’on obtenait une bonne péloche bien tendue, qui sentait bon la sueur et le sang. Seulement, était-ce suffisant pour imaginer un retour en fanfare d’une Ozploitation dans ce qu’elle a de plus efficace ? Si le film de croco Solitaire contenait encore quelques signes encourageants, les choses se sont vite gâtées avec Wolf Creek 2, suite un peu décevante, qui tendait plus vers le comique outrancier, et survitaminé, que l’épouvante. Et, malheureusement, ça s’est largement empiré avec The Darkness, comme nous allons le voir dans cette critique…

Le scénario de The Darkness est fade au possible. On suit la famille Taylor, après son retour d’un camping au Grand Canyon, en Arizona. La classe, quand même, ce genre de vacances. C’est pendant ce trip que Mikey, jeune garçon autiste, échappe à la surveillance de sa grande sœur, et déniche des pierres étranges, gravées de symboles. Il les ramène avec lui et, sans le savoir, ce sont des démons qui le suivront jusqu’à la maison. Là, les phénomènes étranges vont se succéder, avec un crescendo tellement faible qu’on en a des envies de quitter notre siège. Vous l’aurez compris, le récit ne vous sortira pas de votre zone de confort : on fait face à un film de maison hantée très classique, mais surtout ronronnant comme jamais.

Que The Darkness respecte les codes du genre n’est pas un souci, bien au contraire. Les règles du film de maison hantée sont fonctionnelles, et peuvent accoucher de films bien troussés. Conjuring, Les Autres, Amityville, pour ne citer que les plus connus, sont de bons exemples. Seulement, aucun de ceux-ci ne semble réciter bien trop sagement ses gammes, comme le fait Greg McLean, du début à la fin. Apathique quand il faut faire preuve d’audace, le metteur en scène tente de se rattraper aux branche de la référence. L’Exorciste, Poltergeist, et d’autres répondent à l’appel. Mais c’est loin de nous faire oublier la catastrophique caractérisation des personnages, qui n’a d’égale que la platitude de la réalisation. C’est terrible, mais le metteur en scène fait l’inventaire, en un seul film, de tout ce qu’il faut éviter, si l’on veut créer la frayeur.

Une bonne solution contre l’insomnie

image film the darkness
Mais de quoi ont-ils peur ?

The Darkness passe son temps à décrire des éléments inoffensifs, sensés nous retourner la bidoche. À quoi pensait Greg McLean en filmant un mur, un peu carbonisé, le tout baigné d’une musique peu inspirée ? Imaginait-il que le spectateur tremblerait de tout son corps ? Si tel est le cas, alors le réalisateur nous livre un échec cuisant. Et, dans le cas contraire, c’est aussi le cas. L’histoire tente de créer la discorde dans le couple, en rapport avec l’une des spécificités des démons : motiver les engueulades, avant de s’emparer d’une âme. Problème : la crise est inintéressante au possible. D’ailleurs, Kevin Bacon et Radha Mitchell ne parviennent jamais à au moins faire semblant d’y croire. Quant aux enfants, ils sont au mieux affligeants, au pire insupportables. La palme revenant à Lucy Fry, dans le rôle d’une adolescente en crise et anorexique. Intolérable pour les nerfs. Si un futur metteur en scène nous lit : évitez ce genre de protagoniste, ils sont contre-productifs.

On subit The Darkness jusqu’au bout, dans l’espoir qu’une séquence nous accordera ne serait-ce que le début d’un léger frisson. Peine perdue, et même pire : Greg McLean se désintéresse de son histoire. C’est très visible quand, sur la fin, le scénario fait intervenir deux médiums, afin de régler la situation. Ce duo n’est introduit qu’au cours d’une discussion plate, entre le personnage incarné par Kevin Bacon et son patron. Dès lors, comment être pris d’un sentiment réellement puissant, quand on les rencontre enfin ? Où est la pré-iconisation, la préparation d’une réunion mémorable ? Nulle part. Elles produisent leur numéro, pas dénué de force mais sans aucun écho pour le spectateur. De toute manières, ce dernier aura sans doute succombé aux bras de Morphée bien avant la conclusion. Un échec cuisant, donc, aussi bien pour Greg McLean que Blumhouse Productions.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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