[Critique] Point d’impact : Van Damme à peu près sur des bons rails

Caractéristiques

  • Titre : Point d'impact
  • Titre original : Derailed
  • Réalisateur(s) : Bob Misiorowski
  • Avec : Jean-Claude Van Damme, Tomas Arana, Laura Elena Harring, Susan Gibney, Lucy Jenner, Stefanos Miltsakakis
  • Distributeur : Metropolitan Film & Video
  • Genre : Action
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 89 minutes
  • Date de sortie : 6 janvier 2005 (DTV)
  • Note du critique : 6/10

Pas le navet redouté

image jean-claude van damme point d'impact
Van Damme ne lève plus trop la jambe, mais il est toujours en forme.

On continue notre tour d’horizon des films avec Jean-Claude Van Damme, avec un représentant dont l’aura ne brille pas spécialement, c’est le moins que l’on puisse écrire. Populaire, Point d’impact, sorti en 2002 directement en vidéo, ne l’est pas, il suffit de lire les rares critiques, d’observer les différentes notes, qu’elles proviennent du milieu spécialisé ou du public le plus large. Est-ce vraiment dû à la qualité de l’œuvre, ou au fait qu’à l’époque, l’acteur sortait d’un The Order particulièrement catastrophique ? La question est à poser, car cette découverte ne fut pas aussi désagréable que ce que l’on redoutait.

Point d’impact débute par une séquence de cambriolage. Mais pas de traces de JVCD, c’est Laura Elena Harring qui en est le protagoniste. Le film débute donc par une petite surprise, même si le belge va très vite reprendre la place centrale du long métrage. Après un pitch assez incompréhensible de son supérieur hiérarchique, Jacques Kristoff (Van Damme, donc) va devoir retrouver cette femme, Galina, et lui faire quitter Bratislava, direction Munich. Les raisons ne sont pas très claires, toujours est-il qu’on comprend assez vite qu’il y a anguille sous roche. Ou plutôt menace bactériologique sous cadenas. Le train est soudain attaqué par une bande de gangsters dont, là, encore, on a du mal à comprendre les motivations. Ils sont là pour récupérer ce que Galina transporte, pour un commanditaire qui ne se révélera qu’à la fin, même si le secret est décelable dès le premier quart d’heure, mais passons.

Point d’impact ne fait pas dans la dentelle. D’ailleurs, précisons Nu Image (société qui s’est quand même bien repris ces derniers temps, en étant par exemple dans le coup pour le futur Rambo 5) a posé des billes dans la production, gage d’une certaine… personnalité, écrirons-nous pour rester poli. Bref, on n’est que peu étonné de voir rappliquer la famille de Kristoff, là encore d’une manière bien abrupte, dans le but de parfaire un futur suspens. On comprend la formule, un peu moins la manière très cavalière d’impliquer ces personnages. Mais, et comme beaucoup d’éléments de ce film finalement surprenant, cela apporte une bonne dose de piquant. La séquence de retrouvailles, dans le train, enclenche un quiproquo assez marrant, à cause de la présence d’une très sexy Galina. Laura Elena Harring n’est pas une bimbo habituelle des DTV tournés en Europe de l’Est (ici, en Bulgarie), elle imprègne le métrage d’un charme certain.

Ensuite, Point d’impact passe la seconde. Alors certes, on n’atteint jamais la folie furieuse de Piège à Grande Vitesse, qui utilise à peu près la même situation dramatique, mais on fait tout de même face à un divertissement honnête. On peut trouver plusieurs raisons à cela, et en premier lieu des méchants qui le sont vraiment. Ici, et comme toujours dans les meilleurs films d’action, on ne cherche pas d’excuses aux antagonistes. On s’en fiche royalement de savoir si leur adolescence a été douloureuse, ou si le cordon bleu qu’ils ont mangé à la cantine était trop ou pas assez cuit. Le grand salopard de l’histoire, c’est Mason Cole, incarné par le toujours efficace Tomas Arana (Gladiator, À la Poursuite d’Octobre Rouge). Sans en faire un grand bad guy, écrivons qu’il déverse assez de vice pour devenir ce sale type qu’on prend en grippe, capable de tuer n’importe qui, dont sa propre femme. Une ordure, dont le destin est certes tracé mais qui remplit parfaitement son rôle : on se situe au mieux, grâce à lui.

Un bon méchant, du suspens, mais une réalisation aux fraises

Un bon méchant, c’est l’assurance d’un film d’action au moins agréable. Règle immuable, qu’il faudrait marquer au fer rouge sur les fesses dodues des exécutifs de Disney, coupable de l’odieux Kylo Ren. Petite tatane à Star Wars, mais revenons sur Point d’impact. La distribution de mandale, justement, peut un peu décevoir. Les séquences d’action sont nombreuses, et plutôt bien torchés, mais on sent bien que notre bon vieux Jean-Claude Van Damme n’a plus trop envie de lever la patte. Du coup, il sort les flingues, pour un résultat tout de même un minimum qualitatif. Aller, on sauvera quand même une véritable baston, pas très longue mais accompagnée d’une petite dramaturgie salvatrice. L’armoire à glace qui le défie, répondant au doux nom de Stavros (Stefanos Miltsakakis, habitué à ce prénom puisqu’il le portait déjà dans Best of the Best 2 et Daredevil), vient de perdre sa dulcinée, gangster elle aussi, sous les coups de Kristoff. Du coup, le costaud se sent pousser des ailes, et assure un minimum de spectacle, rapide mais prenant aux tripes.

Point d’impact est un film ramassé, qui tient l’objectif divin des 90 minutes. Pareil d’ailleurs, après avoir rappelé à quel point les méchant du style Kylo Ren sont une plaie, signalons aussi que ça fait du bien, un film court. Enfin, de moins de 2h30, quoi. Bref, le rythme en est évidemment le premier chouchouté, avec peu de temps mort, et des rebondissements qui s’enchaînent assez bien. Vous vous en doutez, l’intrigue ajoute une contamination à sa problématique, avec un accident qui va délivrer le virus contenu dans les très désirées fioles transportées par Galina. Cela ajoute un sentiment d’urgence bienvenu, même si le montage a toutes les peines du monde à encadrer tout ça. Car, malgré tous ces bons côtés, le long métrage n’est pas exempt de tous reproches. Très loin de là.

Point d’impact est réalisé par un certain Bob Misiorowski. On ne va pas se mentir, l’artiste nous était totalement inconnu, et un rapide coup d’œil à sa fiche IMDB nous fait comprendre pourquoi. Son plus haut fait restant sa participation à la production de Tombstone. Dans lequel, d’ailleurs, jouait Tomas Arana. Le film ici abordé est le dernier du réalisateur, et c’est malheureusement compréhensible. Car, au-delà du fun de l’ensemble, la forme est parfois très problématique. On sent que le metteur en scène ne maitrise pas ses plans, et l’on ne peut qu’imaginer le cauchemar vécu par le monteur. Lequel, parfois, s’avoue vaincu, avec quelques scènes aux transitions carrément ubuesques. Sa direction d’acteur n’est pas mauvaise, mais aucun des comédiens ne surnage vraiment. Et puis, avoir autant recours aux CGI reste, de notre point de vue, une facilité de traitement. Bien entendu, les 18 millions de dollars ne pouvaient pas couvrir les intentions du final, très impressionnant sur le papier (Van Damme passant d’un train à l’autre, depuis le toit et au volant d’une moto, c’est bonnard). Alors il fallait revoir les prétentions à la baisse, et ne pas se risquer dans un résultat à peine digne d’une cinématique sur PlayStation 1.

Et puis, bien entendu, on a aussi des personnages moins bien écrits que d’autres. Point d’impact a bien du mal dès qu’il faut s’éloigner de l’action, et le scénario s’impose tout de même quelques respirations. Là, le rythme baisse, et c’est comme si l’on reprenait contact avec le réel, peu gratifiant. La musique, quant à elle, se révèle particulièrement mauvaise, presque aussi quelconque que la plupart des morceaux libres de droits. Elle est signée par un certain Serge Colbert, notamment coupable des compositions de Spiders 2 et d’Operation Delta Force 5, et ce n’est pas un fait encourageant vous en conviendrez. Ces retenues font qu’on ne peut décemment pas hurler au bon long métrage, mais on pourra tout de même se demander s’il n’est pas à réhabiliter, en atteignant un stade de long métrage sympathique, distrayant, qu’il n’a pas atteint à l’époque de sa sortie. Terminons en signalant l’apparition d’un certain Kristopher Van Varenberg : le fils de Jean-Claude Van Damme. Et l’on sait de qui il tient, pour son coup de pied retourné en pleine face qu’il inflige à l’un des vilains du film…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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