article coup de coeur

[Test] Ys IX Monstrum Nox : une licence toujours au sommet du A-RPG

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
      Existe aussi sur :
    • Nintendo Switch
    • PC
  • Développeur : Nihon Falcom
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 5 février 2021
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Ys IX : Monstrum Nox, le meilleur A-RPG du moment

image test ys ix

On a enfin pu poncer Ys IX : Monstrum Nox, après d’interminables années d’attente.Vous le savez si vous lisez nos différents tests : on a une passion pour l’Action-RPG. Peut-être est-ce lié à la découverte, voilà bien longtemps, d’un Secret Of Mana, ou même d’un Secret Of Evermore (assumons !) ? Le RPG japonais au tour par tour a pris son temps pour s’installer dans notre paysage vidéoludique européen. Final Fantasy VII a certes ouvert la voie mais, avant lui, le genre a su nous démontrer qu’un système de combat plus nerveux était aussi très captivant. De fil en aiguille, en remontant les époques, l’on a découvert la licence Ys, longtemps méconnue sous nos latitudes, et pour cause : ses premières itérations paraissaient sur des supports pas spécialement populaires en dehors des frontières nippones. On pense notamment aux MSX ou à la PC-Engine. Aujourd’hui, avec le succès de l’excellent Ys VIII : Lacrimosa Of Dana, la série dégage enfin une aura digne de sa grandeur. Et ce nouvel opus est du genre à solidifier le constat.

Ys IX : Monstrum Nox prend la suite, presque directe, des événements survenus dans le huitième opus. Il faut donc s’attendre à pas mal de clin d’oeil, même si un nouveau venu pourra très bien s’y retrouver. Ici, pas de naufrage à craindre en début de cheminement, mais des évènements parmi les plus sombres que la licence ait pu narrer. On n’est pas dans une tonalité dépressive, loin de là, mais on apprécie cette ambiance ténébreuse. Notre bon vieux Adol Christin, accompagné de son inséparable compère Dogi, va vite se rendre compte qu’il ne fallait pas flâne autour de la cité Balduq. De manière arbitraire, notre héro va se retrouver jeté dans l’un des cachots de ce qui fait l’horrible réputation de l’endroit : son immense prison. Ni une, ni deux, voilà que le prisonnier se fait la malle dans les dédales. C’est le chaos, mais un événement va conditionner le reste de l’aventure : il va croiser une femme qui, pour toute présentation, lui tire dessus. Mais la balle a un effet surprenant, elle transforme Adol en Monstrum…

Et qu’est-ce qu’un Montrum, vous demandez-vous fiévreusement ? Eh bien c’est l’un des deux piliers qui font de Ys IX : Monstrum Nox un incontournable de l’Action-RPG. Côté scénario, tout le développement se rapporte à cette capacité nouvelle : Adol se transforme physiquement afin de combattre des monstres vivants dans une dimension parallèle appelée Grimwald. S’il n’est pas question d’une mort pour y parvenir, on n’a pu s’empêcher de penser, de manière lointaine, à Gantz : des monstres (nommés larvas) que personne ne voit, des lieux qui semblent endoloris par leurs exactions, et une double-vie pour qui a la responsabilité de les occire. Bien vite, l’avatar sera rejoint par une tripotée d’autres Monstrums, tous très soignés dans leur background (parfois très émouvant) et accompagnés de leur capacité spéciale, ce qui va conditionner beaucoup de choses côté gameplay. Le récit, lui, se nourrit donc de ce pouvoir, et propose des passages parmi les plus saisissants de la licence. On pense notamment au dernier quart de l’aventure, une réussite qui restera dans les mémoires des fans. Et le tout sous-titré en français, s’il vous plaît !

Le deuxième pilier lié à la nouvelle condition de Monstrum n’est nul autre que l’environnement dans lequel Ys IX : Monstrum Nox s’inscrit. Ne pouvant s’éloigner de Balduq, le maudit Adol va devoir y mener son enquête. Lors de l’annonce du jeu, voilà quelques années, Nihon Falcom avait annoncé les cartes les plus grandes jamais créées par les développeurs. Dès lors, beaucoup de joueur ont cru qu’un open world serait au rendez-vous, mais c’est mal connaître la philosophie de ce studio qui, bien heureusement, n’a pas cédé aux sirènes du monde ouvert. Oui, on retrouve une logique de zones, même de quartiers, qui ne s’ouvriront qu’au fur et à mesures de missions à réussir. Et c’est une bonne chose car cela imprime une constante sensation d’évolution, évidemment la marque de fabrique du RPG à la japonaise. C’est donc cohérent, et l’on constate aussi que Nihon Falcom a tenu sa promesse : c’est effectivement très vaste. Et très apte à être farfouillé dans tous les sens grâce aux différentes compétences des personnages : courir sur les murs, planer, pouvoir de vision, proto-grappin, tout est fait pour qu’on tente de trouver tout ce qui doit l’être.

Le meilleur élève de l’école de la patate

image jeu ys ix

Ce n’est donc pas spécialement la sensation de liberté qui est visée, mais celle de la progression, et c’est une bonne chose. Certes, on a tout de même une retenue concernant une évidente inégalité du level design, lequel passe d’endroits à la verticalité intelligente, à d’autres (principalement les abords de Balduq) beaucoup plus plats. Mais, dans l’ensemble, le plaisir de l’exploration se fait bien présent. Dans la ville, on retrouve les services bien connus des fans de la série : la forge, la cuisine, les différents magasins. Cela ne bouge pas, et l’on retrouve toujours cette importance de posséder, en permanence, le meilleur équipement. Le jeu n’est pas difficile, il est même plus facile que le huitième opus sur bien des points, mais s’en sortir dans le mode de difficulté maximal ne pourra être effectif qu’en prenant soin de bien se préparer, de passer du temps à engranger de l’expérience, à trouver des coffres, ou à se lancer dans la quête des différents objets secondaires à collecter. Ainsi, quand la jauge Nox, se remplissant au fur et à mesure de vos missions réussies, est complétée, le fait qu’elle vous envoie dans les phases de gros combat ne vous fera plus trop peur.

Les combats, d’ailleurs, sont conformes à ce qu’on peut attendre de cette licence. C’est bien simple, Ys IX : Monstrum Nox est, sur ce point, dans la droite lignée du huitième épisode. Rappelons, donc, que les combats se font en temps réel. La marque de fabrique de la série est respectée : c’est toujours aussi délicieusement énergique dans les sensations. Si vous demandez un exemple de ce qu’on appelle « l’école de la patate », vous êtes là devant son élève le plus appliqué. Gros focus sur les enchainements, on déclenche les pouvoir grâce à la gâchette. C’est certes hyper classique mais, bon sang, c’est surtout ultra efficace. Et ça se déguste particulièrement dans des donjons bourrés de pièges vicieux, qui vous donne l’impression d’incarner un véritable aventurier en péril. On retrouve aussi les passage de défense, ici il faudra éviter de voir les larvas briser un pilier. Sur ce point précis, on trouve ce neuvième opus moins bon que son précédent : c’est parfois trop bordélique à l’écran tant les ennemis apparaissent sans logique. On fonce donc sans esprit tactique, dommage. Bien entendu, ces épreuves sont toujours concluent par un système de notation, de quoi pousser les jusqu’au-boutistes à viser le rang S pour chacune d’elles.

Ce qui nous emmène à la durée de vie. Ys IX : Monstrum Nox peut se terminer en une quarantaine d’heures (moins si vous jouez en mode facile), et il faudra encore en ajouter si vous viser le 100%. C’est un chiffre dans la moyenne de la licence, ni plus, ni moins. Une fois l’aventure terminée, on débloque un new game plus et un mode Boss Rush. Par contre, pas de contenu post-game, ce qui est pourtant une habitude pour la série. Dommage, mais le contenu reste tout à fait satisfaisant. Techniquement, le constat est difficile. Les fans le savent : il ne faut pas en attendre une pure claque visuelle, et c’est effectivement le cas. On a une humble distance d’affichage, les textures ne sont pas très précises. Mais, comme d’habitude avec la série, tout trouve du liant grâce à une direction artistique très soignée. La fluidité, elle, est assurée presque constamment, avec quelques petites exceptions pendant le survol de la ville. Enfin, la musique est évidemment une pure tuerie. C’est l’une des marques de fabrique de cette licence, mais cela nous étonne toujours autant : les thèmes sont puissants, cultivent bien les différents caractères des endroits visités, et insufflent une énergie incroyable à l’ensemble. Sachez, d’ailleurs, que la version physique éditée par NIS America, la Pact Edition, embarque un extrait de l’OST sur CD, ainsi qu’un petit artbook d’une vingtaine de pages.

Note : 16/20

Si vous cherchiez un très bon Action-RPG pour vous accompagner lors des longues soirées de couvre-feu, alors Ys IX : Monstrum Nox vous tend de solides bras. Nihon Falcom est clairement l’un des maîtres du genre, et cet opus vient s’ajouter à ses nombreuses réussites. Pourtant, le postulat était assez imposant, on avait un peu peur que le résultat ne se perde dans des éléments difficiles à gérer pour une production d’humble ampleur. Techniquement, le jeu n’est pas fameux, mais l’intérêt est ailleurs : l’exploration se fait très agréable, et les phases de combat toujours aussi grisantes. Bon, on compte déjà les jours en attendant le prochain épisode…

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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