Caractéristiques
- Titre : West Side Story
- Réalisateur(s) : Steven Spielberg
- Avec : Rachel Zegler, Ansel Elgort, Rita Moreno, David Alavrez, Mike Faist, Ariana DeBose et Maddie Ziegler.
- Distributeur : The Walt Disney Company France
- Genre : Romance, Musical, Drame
- Pays : Américain
- Durée : 157 minutes
- Date de sortie : 8 décembre 2021
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Une relecture moderne de la comédie musicale culte
Steven Spielberg (Le Bon Gros Géant, Ready Player One) s’est attaqué à quasiment tous les genres de films. Il ne manquait quasiment plus que la comédie musicale. C’est maintenant chose faite avec cette nouvelle adaptation de la comédie musicale culte de Broadway West Side Story, déjà portée à l’écran par Robert Wise en 1961. Le long-métrage raconte toujours l’histoire légendaire d’un amour naissant sur fond de rixes entre bandes rivales dans le New York de 1957.
L’histoire de West Side Story est la même que celui de la comédie musicale : celle du combat entre les Jets (des natifs américains) et les Sharks (des immigrés portoricains) pour le contrôle du quartier West de New-York, avec l’histoire de Maria et Tony à l’arrière-plan de cette rivalité.
On notera tout de même quelques changements : par exemple, le personnage de Doc est remplacé par celui de Valentina, interprété par Rita Moreno, qui interprétait le rôle iconique d’Anita dans la version de 1961.
Evidemment, après l’Ere Trump, cette histoire universelle, inspirée par Roméo et Juliette de Shakespeare, entre des natifs américains et des immigrés résonne encore plus, politiquement parlant. On comprend aisément pourquoi Spielberg a voulu faire son adaptation tellement le film est d’actualité.
Une superbe utilisation des couleurs
Côté réalisation, c’est là que nous avons le plus à dire. Déjà, au niveau de l’utilisation des couleurs. Pour les Jets, on est sur des tons assez sombres (bleu foncé, gris ou encore du blanc sale) alors que pour les Sharks, nous sommes sur des couleurs éclatantes (jaune, orange, rouge etc.), tout cela pour bien différencier les clans, mais aussi les origines et les types de danses de chacun d’entre eux. Les chorégraphies sont d’ailleurs extrêmement bien travaillées. On retiendra la scène du bal de l’école où, dans un combat de danse entre les deux clans, différents types de danses sont utilisés de façon astucieuse, mais aussi le numéro « America », qui nous entraîne dans la portion portoricaine du quartier West. On sent qu’un grand soin a été apporté aux chorégraphies, qui sont magnifiées par la caméra du réalisateur.
On notera aussi une utilisation des décors astucieuse, dans le sens où, selon l’éclairage utilisé, on a l’impression d’être dans le New York de 1957 de façon réaliste ou bien sur la scène d’un théâtre jouant une comédie musicale. Cela se voit surtout lors de la scène de la chanson « Tonight », où Tony rejoint Maria dans les escaliers qui mènent à chez elle – la scène que l’on voit sur l’affiche du film. L’éclairage, dans la scène en question, est différent de celui d’une scène réaliste, avec une lumière qui tamise la façade de l’immeuble (comme pour cacher les défauts du décor) et se concentre sur Maria au balcon avec une lumière blanche de face.
Donc, lors des scènes non chantées, la reproduction de 1957 se veut crédible et réaliste, alors que pour les scènes chantées, on passe à une mise en scène et une direction artistique plus scéniques. Spielberg ne réinvente pas forcément la roue ici – le film de Robert Wise jouait déjà de manière théâtrale avec l’éclairage lors de certains numéros musicaux comme la scène de bal ou « One Hand, One Heart » – mais il renforce certains partis pris du classique des années 60, tout en rendant hommage à ses origines scéniques. Une réalisation inspirée, cohérente avec la tradition du genre qui veut que les numéros chantés révèlent la subjectivité des personnages.
Concernant la réalisation de Steven Spielberg, de façon générale, on peut dire qu’il a été plutôt inspiré, techniquement parlant. Dès la scène d’ouverture, on sent qu’il a pris plaisir à tourner ce long-métrage : il nous offre un plan-séquence nous faisant découvrir le quartier West de 1957 en guise d’ouverture pour finir sur la chanson chanson des Jets. Une belle entrée en matière, dont il gardera l’énergie tout au long du film malgré quelques plans qui ne fonctionnent pas lors des parties chantées.
Le montage est bon et le rythme de bonne facture malgré quelques petites longueurs sur certaines parties non chantées. Globalement, les 2h37 passent tout de même assez vite – le long métrage de 1961 était quasiment aussi long.
La révélation Rachel Zegler
Du côté du casting, Ansel Elgort (Le Chardonneret, Baby Driver) fait un très bon Tony, que ce soit dans son interprétation ou pour les parties chantées, dans lesquelles il surprend. Mais la révélation de West Side Story est clairement Rachel Zegler (dont il s’agit ici du premier long-métrage) dans le rôle de Maria. La jeune actrice est autant à l’aise quand elle chante (et quelle voix !) que dans son jeu. Une actrice à suivre dans les prochaines années, donc…
Ariana DeBose et David Alavrez sont aussi excellents dans les rôles d’Anita et Bernardo. Dans une scène-clé du film, DeBose donne vraiment tout et on sent le tiraillement du personnage. Nous avons quelques réserves à propos de Mike Faist, qui interprète Riff, dont les performances vocales ne sont pas exceptionnelles et le jeu inégal.
West Side Story version 2021 par Steven Spielberg est donc un excellent cru du réalisateur, avec des décors et des chorégraphies magnifiques. Zegler et Elgort sont excellents dans les rôles principaux et les chansons provoquent toujours la même émotion. Une belle manière de célébrer les 60 ans du film de Robert Wise en cette fin d’année.