[Critique] Méduse : Un premier long-métrage hors du temps

Caractéristiques

  • Titre : Méduse
  • Réalisateur(s) : Sophie Levy
  • Scénariste(s) : Sophie Levy
  • Avec : Anamaria Vartolomei, Roxane Mesquida et Arnaud Valois
  • Distributeur : Wayna Pitch
  • Genre : Drame, Romance
  • Pays : France
  • Durée : 86 minutes
  • Date de sortie : 26 octobre 2022
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 6/10

Un premier long-métrage hors du temps

Premier long-métrage écrit et réalisé par Sophie Levy, Méduse raconte l’histoire de Romane, qui habite avec sa sœur Clémence restée hémiplégique et privée de la parole suite à un accident. Le quotidien de Romane est rythmé par son travail à l’extérieur et l’attention quasi permanente que demande Clémence à la maison. Un soir, Romane rentre tard en compagnie de Guillaume, dont elle tombe rapidement amoureuse. Celui-ci se sent alors investi d’une mission : redonner corps et vie à Clémence.

Autant le dire d’emblée : nous avons quelques soucis avec ce premier long-métrage, autant au niveau de l’écriture, de la réalisation que de l’interprétation, qui offrent tout de même de belles choses. En premier lieu, le scénario de Sophie Levy est plutôt bien équilibré. Nous découvrons le quotidien des deux sœurs (morose, répétitif et sans joie, surtout pour Clémence) dans le premier acte. Romane, elle, fait ce qu’elle peut. Quand Guillaume arrive dans leur vie, il se donne pour mission, étant pompier, d’aider Clémence à avoir un semblant de vie. L’attention portée à la jeune fille va alors commencer à attiser la jalousie de Romane…

Le mythe de Méduse modernisé

image anamaria vartolomei méduse
Copyright Sophie Levy

Le long-métrage adopte, par intermittence, le point de vue des deux sœurs. On comprend donc ce qui se déroule dans la tête de chacune. Romane est emprisonnée du fait de devoir s’occuper de sa sœur. Elle veut avoir sa propre vie et s’échapper. Clémence, quant à elle, semble morte de l’intérieur. Elle ne fait quasiment rien de ses journées, limitée par son mutisme et son handicap. Elle ne profite pas de beaucoup de choses de la vie, ne serait-ce que rire. C’est quand Guillaume va s’intéresser à elle et voir son potentiel qu’elle va commencer à se sentir vivante. Ces deux points de vues son intéressants car du coup, ils vont évoluer jusqu’au clash entre les deux sœurs.

Et c’est normal, puisqu’elles vivent des choses nouvelles chacune de leur côté. Clémence apprend à rire et ce rire, que Romane n’a jamais entendu, ou pas depuis bien des années, semble pour elle une moquerie à son égard, vu sa relation avec Guillaume. Tout cela entremêlé dans un drame assez malin et saisissant. Mais tout n’est pas positif pour autant. Si Méduse n’est pas très bavard et se repose beaucoup sur les silences, c’est qu’au niveau de certains dialogues, il y a un problème : ils sonnent souvent faux. De plus, certaines mises en place (on pense surtout à celle de la robe jaune) ne sont pas développées après alors que cela aurait pu apporter quelque chose en plus au long-métrage.

Une réalisation inspirée… mais une direction artistique parfois incohérente

image roxanne mesquida méduse
Copyright Ph. Lebruman 2021

Concernant la mise en scène, Sophie Levy nous livre un huit clos dans une maison, cette dernière devenant un personnage à part entière au fur et à mesure de l’avancée de Méduse. Elle nous offre une réalisation onirique, atmosphérique, hors du temps qui va parfois jusqu’au film de genre. Si nous louons sa technique avec quelques belles envolées, nous avons du mal avec certains partis pris, comme celui de ne pas définir la décennie dans laquelle se déroule le long-métrage. Nous avons des éléments des années 70/80 et 90. Est-ce fait exprès ?

Pour certains, nous le pensons, comme les costumes des acteurs ou l’utilisation de disques vinyles mais, pour d’autres, nous ne comprenons pas puisque les voitures utilisées sont clairement actuelles et que l’on voit également une vapoteuse sortie de nulle part. Alors oui, c’est pour en faire un film hors du temps, mais un minimum de cohérence aurait été la bienvenue de ce côté-là. Pour le reste, Méduse est assez court et il passe assez bien. Précisons qu’il n’y a quasiment pas de musique, à part de la musique diégétique, par ailleurs bien utilisée. Le reste du mixage sonore consiste surtout en des bruits environnementaux ou de la nature.

Anamaria Vartolomei toujours au sommet

image arnaud valois méduse
Copyright Sophie Levy

Côté casting, Anamaria Vartolomei (L’Évènement) démontre encore une fois son talent et prouve si besoin était qu’elle est l’un des visages du cinéma français sur lequel il va falloir compter. Son rôle d’handicapée muette est assez casse gueule et pourtant, elle le joue avec une superbe justesse. Roxane Mesquida (Malgré la Nuit, Play or Die) interprète de manière convaincante, la plupart du temps, Clémence. Il y a tout de même deux-trois scènes où elle surjoue clairement.  Enfin, Arnaud Valois (Seize Printemps, Si Demain) est bon dans le rôle de Guillaume. Il n’en fait pas trop et l’alchimie avec les deux actrices  est présente.

Méduse est un premier long-métrage assez réussi malgré les défauts cités. Hors du temps, ce huit clos atmosphérique, mené par une Anamaria Vartolomei toujours en état de grâce, saura se faire apprécier des cinéphiles. Sophie Levy est donc une réalisatrice dont nous suivrons avec plaisir le parcours.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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