Caractéristiques
- Réalisateur : Terence Young, Zoltan Korda
- Avec : Anthony Steel, Laurence Harvey, James Robertson Justice, Christopher Lee
- Éditeur : Elephant Films
- Date de sortie Blu-Ray : 6 septembre 2016
- Durée : 107 minutes
Image : 3/5
L’image de ce DVD de « Les Quatre Plumes Blanches » version 1955 est globalement propre mais souffre d’une définition qui, de temps en temps, perd de sa superbe. Quelques plans paraissent plus flous que les autres, donc. La colorimétrie, elle, est satisfaisante au point que l’on se régale de ces nuits américaines aux charmes désuets certain. Ah, ces cheveux bleutés sous l’effet des filtres polarisants, le tout bien souligné par un Technicolor sage, pas pétaradant. Ajoutons que le 2.35.1 d’origine est respecté.
Son : 4/5
Les Quatre Plumes Blanches est proposé uniquement en version originale sous-titrée en français (attention à la fiche Amazon qui annonce faussement une VF). On a droit à une piste en Dolby Digital 2.0 d’une belle tenue, peut-être un peu atteinte d’un très léger souffle mais rien de bien gênant. Le très savoureux travail de Benjamin Frankel à la composition est à souligner, d’autant plus qu’il est bien servi par un mixage équilibré.
Bonus : 3/5
L’implacable Jean-Pierre Dionnet nous présente Les Quatre Plumes Blanches sur treize minutes bien remplies. On peut même dire que le plus affable des cinéphiles français assure un spectacle d’une haute qualité, notamment en lâchant une petite anecdote bien croustillante à propos de la femme du réalisateur Terence Young. Son tour d’horizon est complet, vivant, on aime ! Notons la présence des classiques bandes annonces et celle de la galerie photo.
Synopsis
À la fin du 19e siècle, Harry Faversham (Anthony Steel) s’engage dans le bataillon Royal du North Surrey sur l’avis de son père et se fiance avec la fille d’un général. Lorsque trois de ses amis et lui reçoivent l’ordre d’aller combattre les derviches au Soudan, il se ravise et démissionne. Ses trois amis ainsi que sa fiancée lui donnent alors quatre plumes blanches, symbole de sa lâcheté…
Le film
Cinquième adaptation pour The Fourth Feathers, grand classique de la littérature anglaise écrit par A.E.W. Mason. L’occasion pour Terence Young, qui n’avait pas encore emmené à l’écran James Bond (il signa notamment James Bond 007 Contre Le Docteur No), de démontrer toute sa maîtrise de la mise en scène dans le domaine de l’aventure. Les Quatre Plumes Blanches version 1955 rappellera tout de même beaucoup aux cinéphiles celle de 1945 réalisée par Zoltan Korda (Le Livre de la Jungle) dont est tirée quelques stock shots un peu à l’arrache. Un film à l’économie donc, même si le Cinémascope apporte évidemment des panoramas remarquables, mais qui se distinguent avant tout par le traitement de ses problématiques.
Les enjeux de Les Quatre Plumes Blanches ont cela de remarquables qu’ils triturent l’être humain profond. Tout est histoire de responsabilité, d’honneur, mais aussi de répercussions d’une éducation trop portée sur ces valeurs. Harry Faversham était un enfant sensible, et les récit de batailles, de morts et de sang de ses proches lui ont coupé les ailes, lui qui rêve de poésie. Devenu adulte, il est fiancé à la fille d’une gloire de l’armée, et alors qu’il est appelé à combattre en Égypte il pose un lapin et ne s’engage pas, un comportement jugé lâche qui lui vaut la réception de quatre plumes blanches qui symbolisent ce ressentiment de la part de ses amis… et de sa fiancée. Le spectateur ressent cette réception comme injuste, mais tout de même on ne peut que comprendre l’orgueil de Faversham qui le pousse à rétablir son honneur.
Le jeune homme part donc en Égypte afin de trouver ses trois amis qui lui ont signifié sa lâcheté. Les Quatre Plumes Blanches devient alors un récit d’aventure efficace, qui donne notamment une excellente séquence sous un soleil cruel, plus que de plomb, coûtant la vue à un personnage important. Harry Faversham se fond totalement dans son environnement, devient quasiment un autochtone et parcourt le pays en guerre comme une sorte d’ombre, muet mais bien voyant contrairement à l’un de ses juges. Ses actions, beaucoup plus réfléchies donc lui assurant un périple moins tumultueux que ceux qui ont eu la plume blanche facile, se terminera d’une manière certes convenue mais puissante.
Les Quatre Plumes Blanches vaut surtout pour son traitement de l’histoire donc, mais aussi pour son excellent casting sublimé par une réalisation appliquée. On trouve dans ce film des acteurs « à gueule », chargés de charisme des pieds à la tête, mais aussi des comédiens qui n’ont pas besoin de forcer leur talent pour rendre les sentiments de leurs personnages à la perfection. On pense évidemment à Anthony Steel qui, à la ville, était un homme d’une simplicité à toute épreuve, fuyant le star system au point de peu à peu disparaître des radars. De là à faire un parallèle avec son personnage, il n’y a qu’un pas que l’on franchit aisément. Les Quatre Plumes Blanches est aussi l’occasion de croiser un Christopher Lee encore débutant, certes dans un rôle très secondaire mais sa présence physique déjà plus qu’assurée irradie l’écran à chacune de ses apparitions dans ce film carré en tous points.