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[Critique] L’Étrange Festival 2017 : Housewife

Caractéristiques

  • Titre : Housewife
  • Réalisateur(s) : Can Evreno
  • Avec : Clémentine Poidatz, David Sakurai, Ali Aksöz, Alicia Kapudag
  • Genre : Epouvante-horreur, Thriller
  • Pays : Turquie
  • Durée : 82 minutes
  • Date de sortie : 5 octobre 2018 en e-Cinéma
  • Note du critique : 6/10

Homemade

Lors de l’édition 2015 du festival, Baskin fut l’une des découverte les plus croustillantes. Film d’horreur parfois bien maladroit mais gore et bourré de bonne volonté, ce premier effort de Can Evrenol avait surtout su replacer la Turquie sur l’échiquier cinématographique, loin des nanars (savoureux) comme Tarkan contre les Vikings. L’Étrange Festival 2017 est l’occasion de recroiser ce réalisateur, pour ce qu’on a coutume de qualifier comme « le plus dur à réussir » : le deuxième film.

À sept ans, la jeune Holly a vu sa petite sœur et son père se faire assassiner par sa propre mère. Vingt ans plus tard, Holly porte encore en elle les séquelles de ce traumatisme, et n’arrive pas toujours à discerner la réalité du cauchemar, lorsqu’un psychiatre renommé se présente à elle…

La présentation de L’Étrange Festival nous décrit un film « biberonné au cinéma de Lucio Fulci et Dario Argento ». Il y a effectivement de cela même si, bien évidemment, Can Evrenol n’en reste pas à cette constatation, et met aussi en avant son amour pour les univers horrifiques. Le film se développe comme un cauchemar éveillé, jouant à fond la carte de la cohérence singulière. Certaines images font effectivement penser à Dario Argento, avec un éclairage hyper stylisé, qui sert parfaitement un récit volontairement trouble. L’histoire évolue rapidement, parfois un peu trop, et la structure elle-même semble vouloir jouer des tours au public, ce dernier étant parfois plongé dans le doute de ses perceptions.

Un véritable cauchemar éveillé, qui tourne au gore maîtrisé

image film housewife

Housewife ne perd pas de temps, mais son contenu peut parfois faire penser qu’il fait du surplace. C’est surtout vrai avant que le psychiatre ne pointe le bout de son nez, avec des personnages (pourtant plutôt bien interprétés, dans l’ensemble) que l’on ne nous décrit pas assez, et qui peuvent ralentir la bonne compréhension de l’ensemble. Quelques séquences pâtissent de ce constat, comme l’inconcevable scène de triolisme, tout droit sortie d’un ancien film du dimanche soir (mais si, quand vous regardiez encore M6), et qui ne se justifie pas spécialement. Les enjeux peuvent aussi paraître parfois un peu brouillons, notamment quand s’amorce le climax, réussit mais accompagné de questions qu’on ne devrait plus se poser à cet instant précis. Par exemple, qui sont ces enfants encapuchonnés, qui interviennent lors de la très sanglante cérémonie ?

Par contre, rassurez-vous, Housewife comble certains de ses manques par un gore généreux, et surtout bien maîtrisé. Il ne jaillit pas n’importe quand, mais pile quand il peut être « savouré ». C’est violent, très violent, la peau se retire dans d’atroces souffrance, elle est revêtue, les corps se font terriblement malmenés. Bref, l’attente créée sciemment est bien récompensée. Et tout se termine dans une image finale grandiose (et qu’on ne spoilera pas, rassurez-vous), qui nous fait écrire que l’œuvre de Can Evrenol vaut le coup d’être découverte rien que pour cette scène totalement folle. Dans le sens lovecraftien du terme. Un second film en partie réussit, qu’on espère être assez rassurant pour les producteurs : ce réalisateur turque doit continuer son chemin. Enfin, on se doit de saluer la performance de Clémentine Poidatz, comédienne qui n’a pas froid aux yeux !

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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