Caractéristiques
- Titre : Jurassic World : Fallen Kingdom
- Réalisateur(s) : Juan Antonio Bayona
- Avec : Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Jeff Goldblum, B. D. Wong, James Cromwell, Ted Levine, Rafe Spall
- Distributeur : Universal Pictures International
- Genre : Fantastique, Science-fiction
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 128 minutes
- Date de sortie : 6 juin 2018
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Plus sombre que le précédent, et divertissant
La horde twitterienne a beau s’époumoner, les critiques se joignant dans ce tintamarre informe et convenu : Jurassic World fut un sacré carton public. Bien assez pour relancer la machine dinosauroïde, désormais délestée (ou presque) de la patte embarrassante d’un Steven Spielberg parti jouer au geek un peu plus loin. Non parce-que, ça va bien deux secondes la nostalgie, mais regardez Le Monde Perdu, ou la première heure de Jurassic Park : c’est au mieux barbant, au pire infâme. Bref, ce retour au premier plan bien soigné, il fallait enchainer avec une suite capable non seulement de prolonger le plaisir, mais aussi d’en assurer la pérennité scénaristique. Elle s’intitule Jurassic World : Fallen Kingdom. Effet Disney et Avatar oblige, les blockbusters doivent dorénavant se penser en arcs, comme des comics. Ne nous jetez pas la pierre, on n’est pas plus convaincus que vous, c’est un constat.
Pour ce faire, le responsable du succès de Jurassic World, Colin Trevorrow, rempile… au scénario, et à la production. Derrière la caméra, c’est un réalisateur très en vue qui rejoint la danse : Juan Antonio Bayona. Un choix qui nous a laissé pantois, tant il nous semble qu’Universal a posé ses grosses cornes de Tricératops sur la table.Rendez vous compte : le metteur en scène de L’Orphelinat, de l’excellent Quelques Minutes Après Minuit, allait devoir rencontrer des dinosaures. Une réunion fantasmagorique, incroyablement prometteuse sur le papier. Surtout que les différentes déclarations nous décrivaient un Jurassic World : Fallen Kingdom plus sombre que le précédent opus. Bien aidées, d’ailleurs, par un sous-titre et une affiche qui soulignent cette volonté. Première observation : ce n’était pas qu’un argument marketing.
Juan Antonio Bayona, réalisateur hyper solide
Replaçons rapidement le contexte de Jurassic World : Fallen Kingdom, sans trop de précisions afin de vous laisser le plaisir de la découverte. Quelques temps après les précédents événements , le volcan d’Isla Nublar se réveille, menaçant les dinosaures survivants de l’extinction pure et simple. Une situation invivable pour les écolos en culottes courtes, qui poussent pour un sauvetage en bonne et due forme. C’est aussi la volonté d’un riche anglais, Benjamin Lockwood (James Cromwell), qui fait appel à Claire Dearing (Bryce Dallas Howard), laquelle devra convaincre son ex-petit ami Owen Grady (Chris Pratt) de la rejoindre. Ensemble, et accompagnés d’une équipe scientifique et militaire, ils vont se rendre sur l’île, afin de sauver onze espèces. Seulement, le plan ne va pas se dérouler comme prévu. Et pas spécialement à cause des dinosaures. Précisons ici que les quelques acteurs cités dans ce résumé sont exactement dans le ton du précédent film : le casting n’est pas spécialement bon, mais assure une prestation parfois amusante, peut-être un peu en divergence de l’intrigue.
Jurassic World : Fallen Kingdom ne peut pas cacher qu’il est réalisé par un artiste hyper talentueux. Dès l’ouverture, Juan Antonio Bayona s’amuse comme un petit fou, avec une séquence parmi les meilleures de la franchise, qui joue d’éclairages et d’angles de vue calculés pour nous effrayer. Une introduction très réussie, qui se trouve être à l’image de ce que sera la suite du film, quand l’action s’élève. Mais tout n’est pas rose, on note tout de même quelques regrets. Le premier est le poids des dinosaures. Si le Mosasaure n’est pas atteint par ce souci, ce sont toutes les espèces terrestres qui manquent un peu d’impact. Trop rapides peut-être, pas assez mises en valeur sans doute. Le metteur en scène fait clairement le choix de privilégier les conséquences plutôt que les causes, dans le traitement de ses grosses bestioles : pas de verre d’eau pour définir la brutalité de chaque pas. Pas de hurlement qui vous défonce les tympans. Par contre, une action très bien emballée, remplie de moments assez stressants.
Un deuxième acte en-dessous des deux autres
On prendra l’exemple de la séquence du prélèvement de sang, sur un Tyrannosaure endormi. Rien que de le lire, avouez que ça vous fait frémir. Juan Antonio Bayona y laisse exploser son inventivité, tient compte autant des mouvements du lézard géant que de l’espace très confiné laissé aux protagonistes. Cela accouche d’une scène dont l’impact, sur le scénario, n’est pas des plus fous, mais qui apporte un tel spectacle qu’on ne se pose aucune question quant à sa pertinence. Toute la première partie de Jurassic World : Fallen Kingdom, sur l’île, est un véritable plaisir pour les amateurs de divertissement bien chiadé. On pourra peut-être regretter la multiplication de dinosaures, d’espèces, dans une sorte de mélasse parfois à la limite du raisonnable, mais toujours dans l’unique but de nous offrir des situations si rocambolesques qu’on les accepte volontiers. Cela se termine par une image qui restera dans les mémoires, avant d’entamer un second acte moins plaisant.
Car c’est là le véritable regret que laissera Jurassic World : Fallen Kingdom, tout bonnard qu’il soit autour de ce second acte. On s’ennuie quand même pas mal en plein milieu. Mais l’on restera indulgent, car ce passage, long et assez verbeux, était nécessaire afin qu’on puisse se persuader d’un véritable besoin de nouveaux films, après cette suite. En fait, Juan Antonio Bayona hérite de l’itération la plus difficile de la franchise : celle qui doit faire le lien, tout en se tenant par elle-même. La transition était compliquée, mais le film peut compter sur une arme biologique séduisante, malgré son sourire carnassier : l’Indoraptor. Oui, on compte le retour de ce bon vieux Docteur Henry Wu, plus créatif que jamais, qui s’est vu confier la tâche de mixer l’Indominus et le Raptor, afin de résulter sur une espèce à la fois plus affutée, et plus réceptive aux ordres humains. On ne trahira aucun secret : la vie trouve toujours un chemin, même quand il s’agit de planter des griffes bien aiguisées dans des torses si fragiles. L’objectif de Jurassic World : Fallen Kingdom est à moitié atteint. Sans ce véritable trou noir, en plein milieu, et avec des sensations plus imposantes côté dinos, le film aurait pu concourir pour la place du meilleur opus de la série. Il se contentera d’un rang honnête, et d’une qualité de divertissement indéniable.