Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Développeur : DONTNOD
- Editeur : Focus Home Interactive
- Date de sortie : 5 juin 2018
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- Note : 7/10 par 1 critique
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Quand les conséquences deviennent encore plus sensible que les actes
On peut écrire qu’on l’aura attendu de pieu ferme, ce Vampyr ! Troisième jeu du studio français DONTNOD, après Remember Me et Life Is Strange, ce nouveau titre était accompagné de sentiments paradoxaux. Cela fait maintenant des années qu’on l’apercevait, à l’occasion des What’s Next de Focus Home Interactive (un évènement incontournable, pendant lequel les journalistes découvrent ce que l’éditeur a dans sa besace), sans trop en savoir plus que ce que quelques vidéos pouvaient nous montrer. Pourtant, le titre était entouré d’une aura mystérieusement charmante. La note d’intention était séduisante, mais on ne comprenait pas trop où le gameplay se dirigeait. Dorénavant, tous les doutes sont levés. Qu’en est-il, finalement ?
Si vous connaissez le travail DONTNOD, vous savez que l’accent de leurs jeu est mis sur le rapport du joueur au récit. Si Vampyr ne peut absolument pas se résumer à son histoire, écrivons qu’elle est tout de même très centrale. Il fallait, donc, que l’écriture soit à la hauteur, et c’est clairement le cas. Le joueur incarne le docteur Jonathan Reid. Enfin, ce qu’il en reste, puisqu’on fait sa connaissance alors qu’il n’est qu’un mort de plus, dans un charnier… avant de revenir à la vie. Alors qu’il reprend très difficilement ses esprits, et on ne peut que le comprendre, l’homme déshydraté se jette sur une personne, afin d’étancher une soif devenue insupportable. Le drame est que la victime est une proche de Jonathan (on vous laisse la surprise de son identité). Ces premières minutes, dans la peau d’un suceur de sang, sont déjà cauchemardesques. Elles le deviennent encore plus quand le docteur se rend compte qu’il est la cible d’un groupuscule particulièrement hargneux : Priwen. Mais ce n’est là qu’une partie des antagonistes que notre avatar va devoir combattre, tout en cherchant à faire la lumière sur les origines de son mal.
Une ambiance très travaillée
L’ambiance de Vampyr est un véritable délice. Le Londres de 1918, ses différents quartiers, déploie un caractère hyper entêtant. Le fait que le jeu se déroule en pleine nuit n’y est évidemment pas étranger, mais pas que. Le soft est un Action-RPG, ce qui signifie aussi que les personnages rencontrés seront au moins aptes à nous apporter des informations, voire des missions. Cela, c’est dans les codes du genre, mais DONTNOD va bien plus loin. La capitale anglaise, de nuit, se vide de sa population, qui reste chez elle, effrayée par la violence et la grippe espagnole. Alors, les âmes rencontrées sont plus rares, mais diablement intéressantes, aussi bien pour le joueur que pour Jonathan. Tout le sel du jeu se trouve là : vous faites connaissance avec un protagoniste, celui-ci s’inscrit dans votre carnet, et chacun est véritablement unique dans sa caractérisation. Vous pourrez y vérifier son état physique, mais aussi les secrets le concernant, que vous devrez collecter, souvent lors de discussions. Le but ? Augmenter sa valeur, ce qui aura un impact direct sur l’XP entassée, si vous décidez de lui ponctionner de l’hémoglobine. Seulement, cet acte monstrueux ne tient qu’à vous. Car le soft vous laisse le choix…
Vampyr est, dans l’esprit, aussi un jeu de gestion. Pas de panique, aucun code de ce genre n’est invoqué, côté gameplay, mais vous vous rendrez vite compte que tous ces personnages, rencontrés dans différents quartiers, sont autant d’êtres à votre service. En vous servant d’eux, comme de la matière première, dans le but de débloquer des capacités utiles, vous ne ferez pas que tuer quelqu’un. Vous porterez aussi atteinte à la zone dont il est issu. Vous verrez de vos yeux l’endroit dépérir, et devenir la proie des Skaal, des vampires sous-terrains bien moins accommodants que vous pourrez l’être. Mais ce n’est pas tout, car DONTNOD a aussi travaillé la cohérence des décès. Par exemple, personne (ou presque…) ne vous en voudra si vous faîtes d’une racaille votre repas de minuit. Par contre, si vous décidez d’occire l’infirmière en chef, les conséquences seront désastreuses sur la santé des habitants du quartier. Vous vous rendrez très rapidement compte que vos décisions induisent des réactions autour de vous. Ce pub fermera si vous tuez son gérant, cette personne va se lancer dans une vengeance personnelle si l’un de ses proches meurt. Cette autre potentielle victime attirera la surveillance d’enquêteurs, ce qui ne vous arrangera pas. et si vous restez pacifiques, il sera plus difficile d’évoluer, mais le jeu saura vous rendre la tâche un peu plus aisée. Ce système, assez aboutit pour nous prendre aux tripes, n’a rien d’un gadget : c’est le fond du titre, ce qui apporte un intérêt grandissant à cette expérience.
On préfère le pilier RPG à l’action
Vous vous en doutez, être un suceur de sang va attirer l’œil sur vous. Et puis, dans Action-Rpg, il y a « action ». Dès lors, on ne pouvez que voir venir un système de combat. Écrivons-le clairement, Vampyr n’est jamais meilleur que dans ses phases d’investigations, de dialogues, bref de RPG. Les échauffourées, si elles sont assez soignées pour ne pas choquer, font un peu forcées. Tout d’abord, elles apportent un peu d’invraisemblance, dans un univers qui se tient parfaitement dans son écriture. Se battre avec des milices, en pleine rue, cela ne travaille pas vraiment le besoin de passer inaperçu. Au-delà de cette retenue, DONTNOD a travaillé sur des mécaniques classiques, mais efficaces. On peut locker les ennemis, frapper avec une arme principale, en utiliser une autre secondaire (dont un précepteur de sang, très utile), esquiver, mais aussi utiliser des pouvoirs vampiriques. Ces derniers étant dépendant d’une jauge de Sang. Tout cela afin de se défaire d’adversaires à l’IA satisfaisante, sans qu’elle ne soit très poussée. On retiendra aussi des luttes contre des boss bien pêchue, qui vous demanderont une totale maitrise de vos mouvements. Tout cela est loin d’être le point fort du jeu, mais finalement on s’y fait.
Par contre, difficile de passer sous silence les quelques tares techniques de Vampyr. Les temps de chargement sont interminables et, surtout, se déclenchent parfois sans même passer par un écran de loading, donnant l’impression que l’écran a freezé. La fluidité n’est pas optimale non plus, avec un 30 fps parfois souffreteux. Et les animations, surtout faciales, font très raides. Pourtant, vous vous apercevrez que, globalement, on joue sans trop en tenir rigueur. Tout simplement car la direction artistique est au top, tient un grand rôle dans cette ambiance impeccable. Aussi, il faut souligner l’excellence de la bande originale, signée par le très actif Olivier Derivière, dont vous avez récemment pu savourer le travail sur The Council. Ses morceaux vont parfois dans des tonalités inattendues, et certains thèmes pourront même rester en tête, en-dehors du jeu. Ce qui, actuellement, devient de plus en plus rare.
Note : 15/20
Vampyr est un jeu que nous conseillons à tout amateur de jeux vidéo, tout en le prévenant que le soft n’est pas sans défauts. Des temps de chargement improbables, un système de combat soigné mais un peu contre-productif, cela ne peut qu’être noté à charge. Par contre, l’atmosphère très travaillée, l’histoire aux multiples points d’intérêt, la mécanique du vampirisme, et ses conséquences plus que surprenantes, tout cela fait de ce titre une expérience imparfaite, mais à ne surtout pas louper.