Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Ordinateur/PC
- Xbox One
- Nintendo Switch
- Développeur : Media.Vision
- Editeur : Sega
- Date de sortie : 10 juillet 2018
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
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Existe aussi sur :
La licence Shining brille encore
Sega a, décidément, envie de faire plaisir à sa fanbase. Alors qu’on est, désormais, à quelques jours de la sortie de Shenmue 1 & 2, et que la compilation Sega Mega Drive Classics est désormais dans tous les foyers de retrogamers qui se respectent, on ne peut qu’être pris d’un sentiment nostalgique. Et ce n’est pas avec Shining Resonance Refrain, remaster d’un titre sorti uniquement au Japon en 2014, que le ressenti va se modifier. Shining… Mais oui, comme Shining Force, et toute la flopée d’autres titres dont a accouché la licence (37, en tout et pour tout). Si la série n’a pas l’aura d’autres du même genre, écrivons qu’elle connaît tout de même un succès populaire suffisant pour survivre jusqu’à aujourd’hui. Cet épisode est-il apte à faire perdurer ce constat ?
Shining Resonance Refrain était, donc, jusqu’ici uniquement disponible au Japon, en langue nippone. Cette sortie est l’occasion de deux découvertes : celle du jeu, à moins que vous soyez du genre à ne pas reculer devant des kanjis, mais aussi celle d’un tout nouveau mode, qu’on abordera un peu plus loin. Attardons nous, tout d’abord, sur l’histoire. Que celles et ceux qui découvrent la licence Shining à l’occasion de cet épisode se rassurent : il n’est nullement besoin d’avoir parcouru les 37 jeux pour en comprendre l’univers. Tout comme Final Fantasy, chaque opus est l’occasion d’un nouveau monde, voire même de nouveaux codes, comme nous le verrons quand nous décrirons le gameplay. L’histoire est assez simple et efficace. Elle nous conte les aventures de Yuma, jeune homme qui renferme un immense pouvoir. Il va devoir prendre part à un conflit opposant le Royaumes d’Astoria et l’Empire de Lombardie, ce dernier étant clairement l’antagoniste du jeu.
Un background efficace, contrairement aux dialogues
Une histoire de jeune héros au potentiel caché, et de guerre idéale pour laisser son potentiel exploser, voilà qui n’est que peu original pour un J-RPG. C’est surtout dans son background que Shining Resonance Refrain gagne en force. En effet, le scénario se développe dans un monde au lourd passif, très nordique dans ses icônes. Le Ragnarok a eu lieu voilà mille ans, et les dragons semblaient avoir définitivement disparus. Vous vous en doutez, ce n’est pas réellement le cas, et Yuma en sera l’une des preuves les plus éclatante. On aura aussi droit à des elfes, et d’autres éléments aptes à nous plonger dans un véritable récit de fantasy. Si vous avez peur de vous y perdre, sachez qu’une encyclopédie bien complète figure dans le menu. Avec elle, impossible de se retrouver largué. Enfin, on ne peut que féliciter le studio de développement, Media.Vision (la licence Wild Arms, c’est eux), pour avoir su imprimer un rythme assez haletant dans son récit principal. On va d’une mission à l’autre et, malgré les très nombreux allers et retours, on doit bien signifier qu’on s’y adonne avec plaisir, globalement.
Un gros background certes, mais Shining Resonance Refrain a d’autres spécificités en réserve. Les personnages sont assez importants dans le développement de l’intrigue, et ce malgré leur écriture très prudente, voire carrément cliché. Vos compagnons, féminins ou masculins, ainsi que des protagonistes secondaires mais récurrents, seront au centre de scénettes plus ou moins longues, qui développent leur personnalité. Sur le papier, c’est plutôt bien pensé, cependant l’on trouve l’ensemble trop verbeux. Aussi, les amateurs de mécaniques de drague, lesquelles ont été relancées par Persona 5, seront comblés. Il faudra prendre la direction d’un feu de camp, inviter l’une (ou l’un) des collègues, et s’ensuit une discussion au clair de Lune. Cela n’aura pas que pour conséquence d’égayer les rapports, par le biais de discussions aussi futiles qu’amusantes, puisque cela débloquera une capacité pour le Bond Diagram. Prenez soin de ne pas passer à côté de cet aspect du soft, car les effets seront parfois très, très utiles. Enfin, Media.Vision a tenté de dynamiser un peu les phases d’exploration, avec quelques interventions dialoguées pendant le gameplay. En gros, une équipière peut vous poser une question au cours de vos pérégrinations, et y répondre agréablement pourra faire augmenter votre côte de popularité. Voilà qui plaira aux amateurs de fan service, même s’il est indéniable que l’ensemble nous paraît beaucoup trop bavard pour un J-RPG, proche de ce que peut être un Visual Novel. Enfin, sachez que le jeu est intégralement sous-titré en anglais uniquement, et d’un niveau au moins intermédiaire.
Vous allez aimer combattre
Shining Force était un Tactical-RPG, tandis que Shining In The Darkness tendait vers le Donjon-RPG. Shining Resonance Refrain, lui, va plus du côté de l’Action-RPG. Plus précisément, on a droit à un système de combat très proche de ce qu’on peut trouver dans la série des Tales Of : l’ennemi est visible directement dans l’environnement, et il appartient au joueur de se lancer dans le combat, ou de l’éviter. Seul petit regret, les effets secondaires liés à l’abordage (à revers, on a l’avantage, par exemple) sont parfois très capricieux à se déclencher. Malgré cela, la formule fonctionne du tonnerre, surtout qu’elle est accompagnée d’une partie quêtes annexes qui s’appuie beaucoup sur cette recette. Mais restons, pour le moment, sur les combats. Une fois embarqué dans l’un d’eux, vous aurez plusieurs possibilités : la frappe normal, le coup puissant, de la magie, la défense. Bien entendu, les enchainements sont conseillés, et faire pleuvoir les torgnoles met l’adversaire en position de Break, qui multiplie la force des impacts. Voilà de quoi assurer un socle déjà bien prenant. Bien vite, des subtilités viennent donner une dimension plus profonde à ce bien beau résultat.
Shining Resonance Refrain donne du relief à deux piliers du jeu : les dragons et… la chanson. Yuma peut se transformer en bête légendaire, et pas n’importe laquelle : celle qui fut la plus puissante lors du Ragnarok. On pourra l’invoquer en cours de combat, pour atteindre un niveau d’attaque plus élevé que jamais. Seulement attention, cette forme a un prix. Alors que la jauge de transformation chute, le risque de perdre le contrôle du dragon augmente. Et là en mode berserk, ce n’est plus la même partie de plaisir. Le joueur devra prendre les commandes d’un autre combattant, tandis que l’énorme bestiole détruit tout sur son passage. Oui, même vous. Alors, il ne reste plus qu’à espérer que la baston se termine, avec le moins de dégâts alliés possible. Autre possibilité, celle de se lancer dans une chanson, via le système B.A.N.D. Une jauge, à gauche de l’écran, se remplit au fur et à mesure des coups portés. Le joueur pourra balancer les refrains, non sans avoir choisi avant le morceau adéquat. Les effets diffèrent, à vous d’opter pour ce qui vous convient le mieux. Petite astuce qui pourra grandement vous faciliter la vie : coupler la transformation en dragon et la chansonnette aura pour répercussion de largement éloigner tout danger d’entrée en mode berserk. Le tout forme une mécanique de combat très bien huilée, l’une des grandes qualités de ce titre.
Un RPG japonais attendrissant
Shining Resonance Refrain a plus d’un tour dans son sac, côté contenu. Passer son temps à chasser le monstre n’aura pas que pour effet de vous faire gagner de l’expérience, et donc du level. Il sera aussi question de looter certains objets, lesquels pourront faire partie de recettes alchimiques, que ce soit au feu de camp ou dans l’unique ville du soft : l’agréable bien qu’un peu petite Marga. On pourra concevoir des potions, des objets plus rares, et des gemmes à effets qui se clipsent dans les armes. Celles-ci, par ailleurs, pourront être échangées contre de l’argent chez l’armurier. Mais attention : tout comme dans un Secret Of Mana, elles gagnent elles aussi en niveau. Et si certaines ont un potentiel assez dingues, il va falloir tuer du méchant pour laisser exploser toutes leurs forces. Les quêtes annexes, elles, manquent un peu de folie aussi bien dans leurs objectifs que dans l’aventure qu’elles proposent. On sent clairement que leur écriture n’a pas fait l’objet d’une attention particulière, et c’est bien dommage. Par contre, on a carrément adoré le concept des donjons. ceux-ci contiendront ce que le joueur décidera, grâce à des sphères récoltées ici ou là. Vous imaginez bien que les meilleures sont aussi les plus difficiles à dénicher. Les récompenses valent largement l’effort : plus d’expérience à engranger, des objets rares à emporter. Voilà qui s’avère incroyablement captivant.
Ce remaster est l’occasion, pour Sega, d’ajouter du contenu, et de lifter un peu l’apparence du soft, du moins sur le papier. Shining Resonance Refrain vaut avant tout pour son aventure de base, mais sachez qu’un nouveau mode fait son apparition. Refrain permettra de parcourir le soft avec les deux antagonistes du récit : Excella et Jinas. Une idée pas inintéressante mais tout de même assez saugrenue. Si cela ajoute deux protagonistes à creuser, côté relation, d’ailleurs on remarquera que leur écriture est supérieure à certains coéquipiers de base, c’est dans la cohérence que le bât blesse. Ainsi, on conseille tout de même de se lancer dans cette partie après avoir bouclé le soft initial. Enfin, on regrette que cette sortie n’ait pas été l’occasion d’une refonte technique plus en profondeur. Les textures ont pris un petit coup de vieux, mais le tout reste finalement assez propre, bien aidé par le joli travail de Tony Taka (en place sur la licence Shining depuis l’épisode Tears, en 2004) au design. Par contre, le framerate est assez souvent à la rue, spécialement pendant les combats. Il suffit que les magies, surtout de feu, se succèdent, et l’on tombe à un niveau carrément asthmatique. Quant à la musique, elle délivre quelques bons thèmes, bien en accord avec les environnements traversés.
Note : 14/20
Shining Resonance Refrain est typiquement ce genre de sortie que l’on ne peut que féliciter. Réservé au public japonais, depuis quatre ans, le soft se frotte aux joueurs occidentaux, et c’est une bonne chose. On découvre un RPG de facture très honorable, non sans quelques défauts qui l’empêchent d’atteindre le stade de hit. Quel dommage que ces dialogues soient beaucoup trop longuets… Mais tout de même, si vous êtes du genre à passer beaucoup de temps afin de pousser à fond les mécaniques d’un soft, alors sachez qu’il vous faudra cinquante heures pour tout voir. Et vous les effectuerez le plus souvent avec un plaisir non dissimulé, tant les quelques anicroches ne parviennent pas vraiment à atteindre l’engouement créé.