Caractéristiques
- Titre : L'ombre d'Emily
- Titre original : A Simple Favor
- Réalisateur(s) : Paul Feig
- Avec : Anna Kendrick, Blake Lively, Henry Golding, Rupert Friend, Linda Cardellini, Jean Smart et Eric Johnson.
- Distributeur : Metropolitan FilmExport
- Genre : Policier, Thriller
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 118 minutes
- Date de sortie : 26 Septembre 2018
- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un jeu de poker menteuse
Adaptation du roman Disparue de Darcey Bell, L’Ombre d’Emily est le nouveau long-métrage de Paul Feig, le réalisateur du reboot féminin de SOS Fantômes. Dire que nous sommes surpris de le voir s’aventurer sur le terrain du thriller serait un euphémisme, tant Feig est un grand habitué des comédies. Le long-métrage raconte l’histoire de Stephanie, une jeune veuve sans emploi qui partage son temps entre son fils Miles et la rédaction de son « blog de maman », et Emily, une femme d’affaires sophistiquée et mariée. Elles s’entendent pourtant à merveille et ont noué, dans leur petite ville du Connecticut, une amitié aussi forte que celle qui lie leurs deux fils de cinq ans. Ainsi, lorsque Emily lui demande de récupérer son fils Nicky à la sortie de l’école, Stephanie accepte tout naturellement. Mais Emily ne revient pas, et les masques tombent, les uns après les autres. Alors, ce premier essai dramatique est-il réussi ?
Scénaristiquement parlant L’Ombre d’Emily tient plutôt la route. La scénariste Jessica Sharzer (Dirty Dancing 2017, American Horror Story) nous présente bien les personnages et nous plonge tout autant dans un récit rempli de mystère que de mensonges et faux-semblants. Le fait que chacune des deux protagonistes, Stéphanie et Emily, dissimulent des secrets, et pas des moindres, fait que les retournements de situations sont nombreux, voire un peu trop sur la fin. On regrettera quand même quelques revirements ou révélations qui sont un peu too much, mais on ne s’ennuie pas durant les quasi deux heures que dure le film.
Autre atout, l’humour. Feig venant de la comédie, il en ajoute par petites doses, sans chercher à désamorcer les situations, et cet humour est beaucoup plus sombre et maîtrisé que dans ses précédents films. On regrettera cependant la sous-utilisation du personnage de Sean, qui aurait mérité d’être un peu plus fouillé. On appréciera tout de même l’évolution des deux premiers rôles, qui apprennent l’une de l’autre tout au long de ce jeu de poker menteuse, ce qui rend le final assez sympathique. De ce côté-là, en ce qui concerne le scénario, tout se tient assez bien.
Un petit manque de maîtrise
Côté réalisation, c’est moyen, mais Paul Feig s’en sort mieux que pour ses précédents longs-métrages. Il faut dire que, habituellement, le réalisateur donne beaucoup de liberté d’improvisation à ses acteurs. Sauf qu’ici, on sent clairement que c’est moins le cas et qu’il les cadre un peu plus qu’à l’accoutumée. Un bon point. Mais, techniquement, cela reste très moyen, que ce soit du côté du cadre ou de la lumière. Il parvient néanmoins à capter l’ambiance de cette petite ville. Autre bon point sur lequel il s’est amélioré, le montage. Là aussi il y a du progrès, avec moins de coupes violentes de scènes qui n’ont rien à voir entre elles. On sent clairement que le fait de changer de registre porte ses fruits et qu’il perd certains tics. Une évolution à suivre, donc… Côté musique, en revanche, c’est la déception. La composition de Theodore Shapiro, également compositeur sur SOS Fantômes, est effacée, discrète, et n’appuie aucun moment de tension. Dommage, car une partition plus aboutie aurait appuyé les efforts de Paul Feig. A contrario, les chansons utilisées pour le film, dont la majorité sont françaises, soulignent l’histoire de manière appropriée.
Enfin, côté casting. Anna Kendrick (Les Trolls) continue de se diversifier, hors de ses comédies habituelles. On avait pu la voir dernièrement, entre autres, dans Mr Wolff de Gavin O’Connor. Du coup, son jeu s’améliore. Même si dans quelques scènes elle surjoue légèrement et qu’elle conserve certains de ses gimmicks habituels, la plupart du temps elle apporte de l’énergie à son personnage, ce qui en apporte en retour au film. Etant le personnage principal, elle tient parfaitement le haut de l’affiche. Une bonne surprise. On aimerait la voir un peu plus dans ce genre de films, voire des longs-métrages plus sombres. Blake Lively (Instinct de Survie (The Shallows)) s’avère être aussi un bon atout pour L’ombre d’Emily. Si son personnage peut rappeler, par certains aspects, Serena dans la série Gossip Girl (qu’elle a interprété durant six saisons tout de même), elle parvient à s’extirper de ce rôle grâce à plusieurs retournements de situation qui font que son jeu est complètement différent. Là aussi, une bonne surprise.
De plus, l’alchimie entre Lively et Kendrick est palpable. On sent qu’elles ont pris du plaisir à jouer ensemble. Pour le reste du casting, Henry Golding s’en sort assez moyennement, mais son rôle est moins développé que ce qu’il devrait être. Du coup, on le sent un peu à côté de la plaque. Au final, L’Ombre d’Emily se révèle être une bonne surprise de la part de Paul Feig. Le film se tient. Anna Kendrick et Blake Lively offrent de belles performances. Un bon petit film efficace à voir pour se divertir.