Caractéristiques
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Test effectué sur :
- PlayStation 4
- Développeur : Square Enix
- Editeur : Square Enix
- Date de sortie : 6 décembre 2018
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- Note : 7/10 par 1 critique
Un retour salvateur pour un jeu étrangement boudé
Et s’il était grand temps de revenir sur l’un des RPG japonais les plus sous-estimés de la précédente génération ? En effet, il est assez intéressant que de jeter un coup d’œil sur le traitement dont a été l’objet The Last Remnant, jeu édité par Square Enix, assez vilipendé dans les médias, mais moins rejeté par les fans du genre. Il faut bien écrire qu’en 2009, année de sortie du soft, certains se concentraient peut-être un peu trop sur la technique. Et le titre, le premier de l’éditeur à utiliser le moteur Unreal Engine 3, ne figuraient clairement pas parmi les claques graphiques, loin de là. D’où l’intérêt de la sortie d’une version Remastered.
Revenir sur The Last Remnant, c’est tout d’abord se confronter à ce qui reste sûrement son point le plus sujet à discussions : l’histoire. Si elle n’est pas plus désagréable que celles de beaucoup de RPG japonais post-Final Fantasy 12, on doit tout de même souligner une structure finalement très classique, et surtout un souci avec le personnage principal. Nous faisons connaissance avec Rush Sykes, jeune homme qui vit sur Eulam, une île paisible, avec sa sœur Irina. Seulement, cette dernière se fait enlever, ce qui va pousser notre avatar à sortir de son confort, et se confronter à un monde politiquement agité. Alors qu’il déboule sur un champ de bataille, il croise le destin de David Nassau, puissant duc d’Athlum. Cet homme important va nous apporter de l’aide dans notre quête, laquelle va prendre une dimension insoupçonnée. Les parents de Rush, des scientifiques très doués, sont au travail sur le phénomène des Rémanences, des artefacts qu’on trouve dans chacune des grandes villes. C’est autour de leur pouvoir que vont s’organiser des conflits politiques et, inévitablement de sacrées batailles.
Rush Sykes reste un personnage assez détestable
The Last Remnant Remastered utilise, avec une certaine aise, une structure très classique du RPG japonais. L’avatar jeune donc en volonté de prouver ses ressources, l’événement qui va le pousser au grand voyage épique, la petite histoire qui permettra de vivre la grande au plus près. Tout cela fonctionne bien, provoque une narration certes jamais originale, mais efficace et captivante. Par contre, on ne peut que constater le caractère très antipathique de Rush Sykes. Sa quête personnelle n’est pas à remettre en cause, par contre son attitude pourra facilement faire perdre patience à n’importe quel joueur de plus de dix-huit ans. Sa propension à la bouderie, aux décisions à l’emporte-pièce, ne correspond que peu aux attentes d’un joueur mentalement structuré. On a clairement l’impression d’assister au voyage initiatique d’un adolescent en pleine crise et, s’il évolue tout de même pendant son aventure, il garde cet aura pas très sympathique tout du long. Au contraire des personnages secondaires, par ailleurs, qui surprennent par leur écriture équilibrée, et dont certaines actions réservent quelques surprises à l’occasion de cutscenes à la mise en scène un peu lente. Signalons ici que le soft est entièrement sous-titré en français, c’est un excellent point.
Cette histoire plutôt classique et entraînante nous plonge au cœur de grands conflits. C’est ici qu’on aborde ce qui a créé le vrai débat, en 2009 : les combats. The Last Remnant Remastered nous donne l’occasion de revenir sur des combats mémorables, et ce pour des raisons diverses, pas toujours bonnes mais globalement bien plus agréables que ce qu’on a bien voulu en dire, à l’époque de la sortie. Tout d’abord, sachez que le jeu se divise en zones, que vous rejoindrez par le biais d’une carte. Il ne faut pas s’attendre à des environnements très ouverts, surtout dans les villes, très compartimentées et concentrées sur les points d’intérêt. Quand vous vous dirigez vers, par exemple, une grotte, sur place vous rencontrerez des monstres. Pas de rencontres aléatoires, donc, mais un déclenchement des joutes maitrisé par le joueur. Celui-ci devra appuyer sur une gâchette pour enclencher un cercle. Si vous parvenez à y contenir plusieurs monstres, votre bataille n’en sera que plus récompensante, et la jauge de confiance vous gâtera d’autant plus. Cherchez, donc, à ameuter les adversaires autant que possible. Pour ce faire, il sera possible d’utiliser un pouvoir bien utile : la dyschronie. Le temps se ralentit autour de vous, et vous pouvez marquer les ennemis. Il suffira de lancer le cercle pour que tout ce vilain monde prenne part à la castagne.
Des combats savamment tactiques et contextuels
Les combats de The Last Remnant Remastered se veulent à la fois tactiques et abordables, pour les joueurs habitués à la simplicité des systèmes de Final Fantasy et autres Dragon Quest. On est bien loin de la profondeur, parfois un peu décourageante pour les nouveaux venus, d’un Disgaea, pour prendre l’exemple d’un véritable T-RPG. Vous ne dirigez pas votre simple(t) avatar, mais des Unions (jusqu’à cinq), sorte d’escouades auxquelles vous appliquez un schéma tactique. Vous vous prendrez un peu pour le Guy Roux du J-RPG : il faut à la fois maitriser la forme de ces groupes, mais aussi les points forts des combattants qui vont en faire l’âme. Plus vous évoluerez, plus vous débloquerez des possibilités d’abords défensifs, équilibrés, ou offensifs. Clairement, le choix est assez large pour que chaque gamer puisse trouver et approfondir son propre style. Pour mener ces groupes, après avoir opté pour une formation, il vous faut un leader, puis des soldats, le tout pour mettre en commun leurs capacités. Et celles-ci, vous vous en doutez, gagneront en puissance au fil des victoires.
Une fois le combat enclenché, le joueur habitué aux systèmes en tour par tour sera sûrement surpris. The Last Remnant Remastered ne propose pas d’ordres de base : ils s’adaptent à la situation en cours. Par exemple, si en cours de castagne vous vous faîtes rétamer, il sera possible que la commande « Sauver vos compagnons à tous prix » apparaisse, tout comme « Soigner en priorité ». Par contre, si vous dominez les débats, d’autres ordres pourront intimer une puissance d’attaque plus relâchée. Tout est contextuel, ce qui pourra créer, dans un premier temps, une sorte de frustration. Si l’on a envie de lancer une super attaque, il faudra que les événements soient propices à cette action. Cela évoluera au fil du jeu, quand les mécaniques sont digérées et, surtout maitrisées par le joueur. On prendra bien part à quelques combats de boss qui pourront provoquer quelques crises, mais dans l’ensemble l’expérience se révèle gratifiante. Plus problématique, les informations à l’écran font trop fouillis, et l’on n’est que peu fans du recours aux QTE. Rassurez-vous, Square Enix a pensé aux réfractaires : il est possible de les annuler en passant par le menu des options.
Un remaster tout simplement exemplaire
Une fois le combat terminé, il est temps de quitter le champ de bataille, mais non sans récupérer objets et expérience. Là encore, The Last Remnant Remastered se veut original, et c’est une bonne chose. Ne comptez pas mesurer votre XP : l’évolution se fait automatiquement, et n’est quantifiable que par le biais du Grade, qui traduit votre propension à liquider du monstre à tour de bras. Si l’on veut plus de détails, on doit se reporter à la fiche des personnages, qui comportent toutes les statistiques nécessaires. Aussi, les objets récupérés sont d’une importance capitale. Ils permettent notamment de faire évoluer nos armes, et cette mécanique est importante. Parfois, un vilain laissera sa carcasse derrière lui. Libre à vous de vous en emparer, afin de la revendre à un très bon prix, et d’ouvrir de nouvelles possibilités d’achats dans les magasins. Mais vous serez aussi en capacité de démembrer ces cadavres, afin d’obtenir des éléments plus ou moins rares. Voilà qui ajoute un sacré intérêt, d’ailleurs la récolte se révèle importante. Dans vos péripéties en territoires ennemis, vous remarquerez des points à miner : arbres, roches, plantes etc. C’est l’occasion de faire appel à Joe-la-Fouille, sorte de petit compagnon qui se chargera d’extraire des matières premières. Mais attention, son activité est limitée, il faudra la faire évoluer.
Avec toutes ces mécaniques, The Last Remnant Remastered peut compter sur une très bonne durée de vie. L’histoire principale est longue, comptez au moins soixante heures pour en voir le bout en ligne droite. Mais ce serait un crime que de passer à côté des à-côtés. Si les missions annexes, disponibles dans des guildes, ne brillent pas par leur écriture, elles proposent un challenge vivifiant. Tuer des ennemis spéciaux et plus puissants que la norme, récupérer tel élément, on aura de quoi faire, et l’on pourra dépasser la centaine d’heures de jeu pour tout pousser à bout. Enfin, il fallait que ce Remastered porte bien son titre. Si la direction artistique reste la même, on remarque des textures bien moins baveuses, et une meilleure distance d’affichage. L’Unreal Engine 4 se charge de nous proposer une expérience visuelle beaucoup plus propre qu’auparavant, dans tous les compartiments. Aussi, la fluidité désormais constante est un véritable plaisir pour les yeux. Terminés les combats qui toussotaient de partout ! D’ailleurs, cette version embarque une allure plus rapide pour notre avatar, ce qui ne fait qu’approfondir le plaisir de jeu. Quant à l’ambiance sonore, elle ne bouge pas d’un iota. On retrouve les morceaux énergiques de Tsuyoshi Sekito (Kingdom Hearts : Birth By Sleep) et Yasuhiro Yamanaka (Front Mission 5). Et les doublages anglais pas vraiment de très bon goût, damned.
Note : 15/20
Si The Last Remnant n’était clairement pas le meilleur RPG japonais de la génération PlayStation 3 et Xbox 360, cette édition Remastered permet tout de même de nous rappeler à quel point il fut sous-estimé. Quelques défauts restent indéniables, comme l’écriture Rush Sykes, mais on se sera tout de même pris à revivre une aventure assez épique pour mériter le qualificatif de mémorable. Les combats, contextuels et tactiques, gardent une certaine énergie, et la durée de vie vous embarquera pour une expérience longue et captivante. Certes, ce n’est pas du niveau des grands classiques de Square Enix, mais voilà le genre de soft qui gagne à être redécouvert.