[Critique] Creed 2 : Le retour d’un champion, la fin d’une saga

Caractéristiques

  • Réalisateur(s) : Steven Caple Jr.
  • Avec : Michael B. Jordan, Sylvester Stallone, Tessa Thompson, Phylicia Rashad, Dolph Lundgren...
  • Distributeur : Warner Bros France
  • Genre : Action, Drame
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 2h10
  • Date de sortie : 9 janvier 2019
  • Note du critique : 6/10

Retour aux racines pour le dernier opus

Trois ans après le premier opus, Creed est de retour avec, cette fois-ci, Steven Caple Jr. (The Land) à la réalisation. Après l’accueil public et critique dithyrambique du premier film, le jeune réalisateur avait fort à faire, et il s’en sort ici de manière honorable. Adonis Creed, le jeune champion coaché par Rocky Balboa, a fait du chemin, et se retrouve ainsi sacré Champion du Monde de boxe poids lourds dès les premières minutes de Creed 2. Néanmoins, un défi de taille promet de lui donner du fil à retordre : il doit en effet affronter Viktor Drago, le fils d’Ivan Drago, le boxeur qui avait tué son père à coups de poings sous les yeux de Rocky, qui était déjà son entraîneur. Adonis y voit l’occasion de venger son père mais le vieux champion, qui craint pour sa vie et doute des raisons de son protégé, refuse de l’accompagner. Adonis se tourne alors vers l’entraîneur de son père pour le préparer à ce grand combat…

image sylvester stallone michael b. jordan creed 2
© Warner Bros France

Que les amateurs de Rocky Balboa et Stallone soient rassurés, la star et son personnage-phare sont en réalité bien présents dans cette suite, qui emprunte le schéma classique gloire-chute-renaissance/rédemption. Sans trop spoiler, le grand combat est en réalité celui qui clôturera le film, et non celui qui arrive assez tôt dans l’intrigue, et qui est là pour déstabiliser le héros, le faire douter et l’interroger sur ses motivations profondes. Comme c’est le cas dans l’intégrale de la saga Rocky, les racines sont importantes ici, de même que l’entourage — autant d’éléments qui apportent un ancrage aux boxeurs. Ainsi, dans Creed 2, la relation du jeune champion à Rocky (qu’il appelle « oncle »), mais aussi à sa mère et à sa compagne se révèlent centrales et constituent la majeure partie du film en dehors des combats de boxe et des entraînements. La relation — souvent assez cruelle — de Viktor Drago à son redoutable père est également présente à l’écran, faisant de ce rival autre chose qu’une figure fantomatique en dépit du peu de dialogues donnés à l’acteur, qui est en réalité un véritable boxeur professionnel.

Quelques réserves côté dramatique, mais des combats spectaculaires

image sylvester stallone coache michael b. jordan sur le ring dans creed 2 film
© Warner Bros France

Les combats, parlons-en ! S’il n’y en a que trois au cours du film (le premier étant assez court), tous sont intenses et vous scotcherons à votre siège, en particulier le tout dernier, long, compliqué et spectaculaire comme il est de rigueur. Quand des coups sont portés, on en ressent vraiment la violence — certains uppercuts nous ont fait sauter dans notre siège et grimacer — et Steven Caple Jr. donne pas mal de fil à retordre à ses personnages de ce côté-là. Adonis Creed s’en prendra donc plein la figure mais continuera de se battre, vaillant. L’immersion est telle que lorsque, à la fin du dernier combat, résonneront les premières notes du thème de Rocky, le spectateur ressent de manière viscérale l’euphorie du futur champion. De ce côté-là, Creed 2 est une réussite et la chorégraphie des combats laisse admiratif.

Cependant, on pourra reprocher au film de Steven Caple Jr. une certaine propension à appuyer le pathos par moments, ou du moins à souligner certains éléments dramatiques plus que de raison, sans pour autant tomber dans la guimauve ou le tire-larmes. On a simplement un peu l’impression que, comme une partie du cinéma actuel orienté vers les millenials (qui n’est d’ailleurs pas le seul public de Creed 2), il y a là une petite tendance à orienter les affects du spectateur sans que cela soit toujours nécessaire : les événements et le jeu des acteurs sont en soi suffisamment vecteurs d’émotion pour ne pas en rajouter. De même, on voit un peu trop venir les différents rebondissements… Néanmoins, il s’agit là d’une petite réserve : Creed 2 reste bel et bien un film touchant, avec une mention particulière pour le personnage de Rocky, encore une fois, et celui de la mère d’Adonis, dont l’humour rentré et la dignité donnent lieu à quelques belles scènes. Quant à Michael B. Jordan (Black Panther), il s’en sort encore une fois très bien et apporte une dimension foncièrement humaine à ce jeune champion, entre fougue, arrogance, désespoir et humilité.

Dernier opus dans lequel apparaîtra le personnage de Rocky Balboa et, à priori, dernier film de la licence Creed, Creed 2 boucle joliment la boucle en permettant à Rocky et Adonis de faire la paix avec le passé et de renouer avec leurs racines. Rongé par la volonté de venger son père tout en souhaitant le surpasser, Creed fera face à ses démons le temps de deux matchs de boxe particulièrement mémorables, chorégraphiés avec précision et réalisés de manière immersive. Si nous avons une légère réserve quant au traitement dramatique, Creed 2 a des tripes et du cœur, et c’est là l’essentiel.

Article écrit par

Cécile Desbrun est une auteure spécialisée dans la culture et plus particulièrement le cinéma, la musique, la littérature et les figures féminines au sein des œuvres de fiction. Elle crée Culturellement Vôtre en 2009 et participe à plusieurs publications en ligne au fil des ans. Elle achève actuellement l'écriture d'un livre sur la femme fatale dans l'œuvre de David Lynch. Elle est également la créatrice du site Tori's Maze, dédié à l'artiste américaine Tori Amos, sur laquelle elle mène un travail de recherche approfondi.

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