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article coup de coeur

[Test] Danganronpa Trilogy : Monokuma décidément incontournable

Caractéristiques

    Test effectué sur :
      • PlayStation 4
  • Développeur : Spike Chunsoft
  • Editeur : NIS America
  • Date de sortie : 29 mars 2019
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Les trois épisodes canoniques d’une licence culte

image monokuma danganronpa trilogy
Monokuma, l’ourson psychopathe qui vous fera beaucoup rire.

Si vous suivez attentivement la rubrique Gaming de Culturellement Vôtre, vous savez probablement que l’on y réserve une bonne place au Visual Novel. Et ce pour deux raisons. La première a, justement, à voir avec le fait culturel : il s’agit d’un genre peu commun, surtout apprécié par une minorité agissante et passionnée. Dès lors, il nous fallait faire toute la lumière sur ce mouvement et l’on remarque, notamment grâce à notre récente chronique de Steins;Gate Elite, que l’intérêt frétille, dans nos statistiques de pages vues. La seconde raison est plus propre à votre humble serviteur : sans être un jusqu’au-boutiste, l’on n’a quasiment raté aucune sortie européenne. Parmi les grands classiques de ces véritables romans vidéoludiques, on retrouve une licence très charismatique, intitulée Danganronpa. Et si vous l’aviez loupé jusqu’ici, sachez que l’éditeur NIS America gâte encore les joueurs occidentaux, avec Danganronpa Trilogy.

Rappelons rapidement ce qu’est Danganronpa. Sachez d’abord, pour bien mettre dans l’ambiance, que ce titre est un mot-valise, qui se traduit par « Gagner un débat avec une balle de pistolet ». Cela pose une philosophie, mais pas spécialement un cadre. Celui-ci est encore plus intéressant : le joueur est plongé dans un univers très manga, mais aussi critique de la société nipponne. Dans le premier épisode, sorti en 2014 chez nous (soit quatre ans après le Japon), on découvrait la prestigieuse école Kibougamine, un établissement que seuls les élèves les  plus doués du pays peuvent viser. Ces jeunes gens sont, ainsi, surnommés les Ultimes, suivis de leur spécialisation (Ultime pianiste, Ultime gymnaste etc). Seulement voilà, le joueur y incarne un adolescent qui, apparemment, n’a absolument rien de spécial. Mais notre étonnement sera de courte durée, bientôt remplacé par un suspens d’un tout autre niveau : Monomuka, un ours en peluche mécanique, représentant du proviseur, intervient dans le but d’établir des règles. Celles-ci sont aussi simples que cruelles : pour se sortir de ce traquenard (le lieu est totalement clos, impossible de s’échapper), il va falloir tuer un autre élève, et sans se faire prendre dans le grand procès de classe qui suit l’acte…

Cette situation sera reprise, ajustée et augmentée, dans les deux suites canoniques. Vous l’aurez compris, Danganronpa n’est pas aussi mignon, fondamentalement, que les illustrations et le character design peuvent le faire croire. Au-delà des mécaniques, sur lesquelles nous reviendrons plus bas, il faut s’appesantir sur la qualité d’écriture, absolument vertigineuse. Non, on ne pensait pas prendre une claque de lecteur devant ce qui s’apparente à un jeu vidéo, tout roman graphique qu’il soit au final. Les scénarios des trois opus numérotés sont signés par Kazutaka Kodaka, un nom encore peu prononcé dans le milieu des gamers, mais dont le talent irradie cette série. Sorte de mélange entre Battle Royale pour le ressenti, et Ace Attorney côté formalisation, le tout à la sauce japanime, la licence a le don le capter l’intérêt et de ne plus le lâcher, et ce même si l’on fait face à des jeux textuels aussi denses que bavards. Si votre truc, ce n’est pas la lecture, vous en serez pour vos frais c’est certain, mais ce serait bien dommage. Humour noir, rebondissements délirants (on se souviendra longtemps de certains, dans Danganronpa V3 : Killing Harrmony), mais aussi véritable profondeur du propos : ces Visual Novels vous sortiront de votre zone de confort.

La convergence de grands talents artistiques

image gameplay danganronpa gameplay
La patte artistique des trois jeux est phénoménale.

Danganronpa Trilogy propose, donc, trois jeux passionnants d’un bout à l’autre. Les scénarios en sont les premiers à féliciter, mais on ne peut pas totalement mettre de côté quelques mécaniques de gameplay. Soyons tout de même clairs : vous serez surtout emmenés à appuyer sur une touche pour faire défiler du texte. Chaque épisode reprend le même schéma, une division des phases en trois segments : Daily life, Deadly life et Class trial. La première est, vous vous en doutes, la plus tranquille, du moins dans le principe. Ici, vous pourrez évoluer dans les décors, discuter avec les élèves pour mieux comprendre leur état d’esprit, mais aussi supporter les invectives de l’impatient (et hilarant) Monokuma. Cette phase paisible ne dure qu’un temps car, inlassablement, elle se termine par la découverte de la victime d’un meurtre violent. Il faut alors enquêter sur le terrain, et surtout interroger les gens que l’on pense en rapport avec l’affaire. Pourquoi se contenter de ces probables témoins ? Car ce segment est limité en temps. Enfin, la troisième phase oppose tous les jeunes gens dans un procès très épique, et le joueur va devoir utiliser toutes les preuves précédemment collectés. Le but étant de démasquer le coupable, et de le faire exécuter. Ce schéma fonctionne si bien qu’on le pratique sans aucune trace de redite, grâce aussi à l’inventivité de l’écriture, laquelle n’hésite pas à utiliser ses propres codes pour nous emmener vers des moments inattendus. Du grand art.

Des récits captivants, du gameplay limité mais très fonctionnel, il fallait encore assurer une partie visuelle de haut niveau. Danganronpa Trilogy nous rappelle à quel point le travail de l’illustrateur Rui Komatsuzaki est d’une importance capitale, dans la grande réussite de cette licence. Chez lui, tout élément est propice à distiller du charme, de l’intérêt purement graphique. L’équilibre de traitement, entre les décors et les personnages, nous fascinent toujours autant. Sa manière de se renouveler, évidemment grâce aux scénarios, est une grande force pour l’ensemble. On pense notamment à l’ambiance ensoleillée de l’île Jaberwock, dans Danganronpa 2 : Goodbye Despair, qui ne manquera pas de vous étonner après un premier opus à la limite de la claustrophobie. Quant à ses personnages, ils sont déjà entrés dans la légende, non seulement du Visual Novel mais aussi, plus largement, du domaine vidéoludique. Bien entendu, on a un gros faible pour Monokuma, l’ours fait de ying et de yang, maléfique au plus haut point. Mais chaque protagoniste apporte sa personnalité, dans un style très particulier, qui se joue des conventions de l’esprit manga, tout en les respectant. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si la licence s’est déclinée en manga (retrouvez, au passage, notre critique de Danganronpa : The Animation, paru en France chez Mana Books), en dessin animé, mais aussi en light novel. Précisons ici que le tout est excellemment mis en musique par l’un de nos chouchous de l’exercice : Masafumi Takada, aussi compositeur de Earth Defense 5, Vanquish, Killer7 etc. Ses travaux distillent une atmosphère certes mystérieuse, mais aussi cool dans l’esprit. Un régal.

Enfin, il faut aussi jauger l’apport de Danganronpa Trilogy, par rapport aux précédentes sorties. Et là, c’est un peu plus mesuré. NIS America ne s’en cache pas, la raison d’être de cette sortie est surtout liée à la rareté des versions physiques de Danganronpa 1.2 Reloaded et Danganronpa V3 : Killing Harmony. De ce point de vue, on ne peut qu’acquiescer : les prix sont devenus parfois aberrants sur certains sites, voire carrément indisponibles sur Amazon, et les revendeurs d’occasion n’ont généralement aucun exemplaire sous la main. Du coup, tous les joueurs, passionnés ou en passe de le devenir, vont pouvoir assouvir leur besoin sans se faire escroquer, et c’est une excellente chose. Par contre, on aurait apprécié une édition encore plus définitive. Pourquoi ne pas avoir profité de cette sortie pour traduire, en français, les textes des deux premiers opus (rappelons que le troisième est entièrement localisé, et c’est un luxe divin) ? Et quelle est la raison de l’absence du spin off, orienté action, Danganronpa Another Episode : Ultra Despair Girls ? N’aurait-on pas pu, aussi, tirer avantage d’un bonus comme les deux petits softs à destination des smartphones, Monokuma Strikes Back et Unlimited Battle ? On pourra, tout de même, se ravir d’un mini-artbook d’une vingtaine de pages, plutôt plaisant.

Note : 17/20

image pack danganronpa trilogy
Le mini-artbook est le seul bonus de cette édition.

 

Si vous ne trouviez pas les précédentes sorties sur PlayStation 4, effectivement très rares à la revente, alors Danganronpa Trilogy intervient comme le messie. La compilation rassemble les trois épisodes canoniques, assurant à la fois un plaisir de jeu total, et une durée de vie assez dingue, dépassant très largement les cent heures. Si l’on regrette, tout de même l’absence des épisodes spin-off, et une traduction française cantonnée au troisième opus, on ne peut que vous conseiller fortement la découverte de cette licence, l’une des plus charismatiques du jeu vidéo japonais, toute époque confondue. Oui, carrément.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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