Saint-Priest rouvre les portes de son château
Ville de la banlieue lyonnaise proche de Bron et située à 15mn seulement de la Capitale des Gaules, Saint-Priest n’est pas nécessairement un lieu auquel on penserait pour un restaurant gastronomique. On y trouvait surtout jusque-là quelques établissements de restauration rapide, ainsi que des petites et moyennes surfaces. C’était sans compter sur son château, partie intégrante du patrimoine san-priot, classé partiellement au titre des monuments historiques depuis 1984.
Construite au XIVe siècle par la famille Richard, cette maison forte est passée par de nombreuses restaurations, dont la dernière, à la fin des années 90, lui a donné un style contemporain. Après avoir été géré pendant près de 17 ans par la société GL Events qui y organisait des événements privés, le Château de Saint-Priest est revenu aux mains de la commune en 2017, qui a décidé d’y ouvrir un restaurant semi-gastronomique et un bar chic, tout en conservant l’étage pour des événements privés (séminaires d’entreprise, mariages…).
Le projet a abouti cette année, et l’établissement a ouvert ses portes il y a tout juste 7 mois, avec la chef Léonie Gauthier aux fourneaux. Le Château est ouvert toute la semaine de 12h à 14h, ainsi que les vendredis et samedis soirs de 19h30 à 22h. Le midi, les clients ont le choix entre un menu à la carte (de 28 à 42€) ou un menu du jour (de 15€ pour un plat unique à 19,50€ pour un menu complet entrée-plat-dessert), tandis que seule la carte est disponible en soirée.
La verrière du château, un cadre idéal pour un restaurant
Pour avoir passé la majeure partie de son enfance et de son adolescence à Saint-Priest, votre humble servitrice ne pouvait qu’être intriguée par l’ouverture de ce restaurant à deux pas du Village, quartier historique de la ville. Après tout, dans les années 90, le château était surtout connu pour être le centre des associations de la commune, là où l’on se rendait pour s’inscrire à la danse ou à la natation. Seul le feu d’artifice du 14 juillet, alors tiré au-dessus de son enceinte, le mettait un tant soit peu en valeur. C’est ainsi que, attirée par le concept (une cuisine créative, des produits en circuit court) et une carte prometteuse, la rédaction de Culturellement Vôtre est allée tester deux menus du jour par une journée ensoleillée du mois d’octobre…
En empruntant l’entrée du château, encadrée par deux lions de pierre, nous nous faisons la réflexion que l’édifice, alliant désormais la pierre et le verre, a décidément du charme. Certes, la rénovation intégrale n’avait pas été du goût de tous il y a 20 ans, quand le monument a troqué sa pierre grise pour adopter un look beige « bétonné » à l’allure peu historique, mais la verrière est élégante et laisse désormais deviner la grande salle du restaurant, située juste en-dessous.
Un petit lobby a été aménagé pour la réception avec un comptoir tout simple, afin que le maître d’hôte accueille la clientèle. Quand on pénètre au sein du Château, on est saisis par la lumière qui se dégage des lieux : normal, me direz-vous, à 12h30, sous le soleil san-priot. Il n’empêche que l’idée d’aménager un restaurant à cet endroit précis est brillante : le midi, la lumière crée une ambiance très agréable. Le soir, avec les éclairages et la présence de musiciens, l’ambiance doit également y être magique.
Nous nous asseyons en attendant qu’on prenne nos commandes, et admirons la façade du bâtiment, que nous pouvons observer face à nous : quelques colonnes blanches sont apparentes et, ça et là, des éléments végétaux ont été ajoutés, ce qui, associé au verre et à la pierre, apporte un certain charme.
Un menu automnal créatif et savoureux
Le menu du jour est constitué d’une entrée, d’un plat parmi deux au choix (un de viande et l’autre de poisson) et d’un dessert. Si le prix du menu est éloigné de celui de la carte, nous allons très vite constater que la qualité est bel et bien au rendez-vous, et même au-delà de nos attentes.
Pour commencer, on nous apporte un croustillant de crevettes au curcuma sur une purée de topinambours. Une entrée belle et colorée, parsemée de chou fleur violet et brocoli émietté, et accompagnée d’une lamelle d’oignon rouge et de carotte marinés en pickles.
On a particulièrement apprécié la tonalité automnale chaleureuse et réconfortante qui se dégage de cette assiette, et sa délicate association de saveurs. Le croustillant crée un contraste agréable avec la texture crémeuse des topinambours, qui se marient elles-mêmes très bien au curcuma. L’association crevettes-curcuma surprend agréablement, tandis que les pickles apportent une touche légèrement relevée qui, là encore, apporte un contraste bienvenu, sans pour autant prendre le dessus. Une très belle entrée en matière, qui démontre un vrai savoir-faire et une réelle créativité.
La suite sera à l’avenant. Nous avons donc, d’une part, une épaule de veau confite avec jus au thym et crème de céleri au romarin, et de l’autre un pavé de maigre snacké sur son lit de risotto et champignons.
Que dire à propos de l’épaule de veau, présentée en effiloché, si ce n’est qu’elle était cuite à la perfection ? Tendre à souhait, pour ne pas dire fondante, elle nous a conquis dès la première bouchée. La crème de céleri au romarin apportait quant à elle, là encore, un contraste intéressant et une pointe de fraîcheur.
Quant au pavé de maigre snacké, sa cuisson irréprochable lui conférait une texture fondante qui se confondait avec celle du risotto blanc en bouche grâce au liant de la sauce. La crème aux champignons, excellente, permettait de sublimer les différentes saveurs de l’assiette. Elle était parsemée de différents champignons de la région, notamment des morilles. Pour parfaire ce plat automnal, un petit navet accompagnait l’assiette.
Enfin, l’éclair pommes cannelle (par le chef pâtissier, Vincent Thomassin) a achevé de nous convaincre : voilà une version raffinée et équilibrée, exécutée avec brio. Les lamelles de pomme verte crues apportent une touche croquante et acidulée contrastant avec la crème aérienne à la cannelle, et les pommes confites fondantes, très douces, à l’intérieur de la pâtisserie. Ajoutons à cela une touche de chocolat noir fondu, et l’on obtient un dessert de saison à la saveur réconfortante.
En définitive, nous avons été conquis par la créativité de ce menu du jour (qui change continuellement, donc), proposé à un prix plus que correct au vu de la qualité de l’ensemble. A partir de produits locaux abordables — on ne trouvera bien évidemment pas de foie gras dans cette formule — la chef Léonie Gauthier nous propose une cuisine chaleureuse et raffinée à la fois, où chaque ingrédient est mis en valeur et sublimé, pour un résultat étonnant.
Le tout dans un cadre lumineux ô combien agréable, qui permet de s’accorder une parenthèse de calme et d’harmonie avant de reprendre le chemin du travail. Que demander de plus ?
Le Château de Saint-Priest, 2 rue de l’Egalité, 69800 Saint-Priest. Le restaurant est ouvert 7j/7 de 12h à 14h, ainsi que les vendredis et samedis soirs de 19h30 à 22h. Les formules du jour (plat du jour, entré-plat/plat-dessert ou entrée-plat-dessert) sont disponibles uniquement le midi. Réservations au 04 87 65 06 02.