[Critique] Stillwater : Tout est gris à Marseille

Caractéristiques

  • Titre : Stillwater
  • Réalisateur(s) : Tom McCarthy
  • Avec : Matt Damon, Camille Cottin, Abigail Breslin, Lilou Siauvaud...
  • Distributeur : Universal Pictures France
  • Genre : Thriller, Drame
  • Pays : Américain
  • Durée : 140 minutes
  • Date de sortie : 22 septembre 2021
  • Note du critique : 6/10

Mi-drame, mi-thriller

Auréolé de deux Oscars en 2015 pour Spotlight, nous n’avions plus trop entendu parler de Tom McCarthy depuis, à part quelques épisodes de la série 13 Reasons Why qu’il a réalisée. Il revient cette année avec Stillwater qu’il a aussi co-écrit avec Thomas Bidegain, Noé Debré (deux Français) et Marcus Hinchey. L’histoire raconte celle de Bill Baker, un foreur de pétrole originaire de la ville américaine de Stillwater, en Oklahoma, qui se rend à Marseille pour y retrouver sa fille. Cette dernière, emprisonnée, a été condamnée à neuf années de prison pour un meurtre qu’elle jure ne pas avoir commis. Sur place, l’Américain est seul et ne parle pas un mot de français. Il va pouvoir compter sur l’aide de Virginie…

Côté scénario, c’est un mélange entre drame et thriller que nous avons là. Bill est un Américain assez pauvre. Il travaille dans la construction, n’a jamais été là pour sa fille, sa femme est morte et il détient deux armes à feu et ne peut pas voter car il a un casier judiciaire.

Il va arriver à Marseille alors qu’il ne parle pas un mot de français pour enquêter sur la mort de l’amante maghrébine de sa fille. Aidé par Virginie, une actrice de théâtre, les deux mondes vont s’entrechoquer. Ce qu’il y a d’intéressant dans ce film c’est que rien n’est noir ou blanc. Tout est gris, à l’image du choix de la ville de Marseille. On peut y contempler la beauté avec le port, la Canebière, les calanques ou le stade vélodrome, mais aussi le mauvais avec les grosses cités du nord de la ville. Marseille est aussi compliquée que l’histoire qui nous est racontée.

Bill va se plonger peu à peu dans cette ville qu’il va apprendre à connaître. Si l’avancement de l’histoire se fait par l’enquête qu’il mène, une cassure se produit en milieu de métrage par le biais d’une ellipse de quelques mois.

Un film qui sait éviter le manichéisme

image matt damon stillwater

Bill devra passer par beaucoup de choses pour avoir le fin mot de l’histoire. Mais, au-delà cette dimension suspense enquête,  les scénaristes nous plongent dans la relation entre Bill, Virginie et sa fille Maya. Bill trouve en cette famille cassée l’occasion de se racheter, mais évidement, tout n’est pas rose non plus et c’est ce qu’il y a d’intéressant.

On peut voir aussi des similarités entre les USA et la France au travers d’un personnage ouvertement raciste qui fait un parallèle entre les Mexicains et les maghrébins qui tend à montrer qu’il en faut peu pour que notre pays soit en passe d’avoir un ou une “Trump” au pouvoir. Tout est assez bien géré, si ce n’est que le film est un peu trop long – 2h20 pour une histoire qui aurait pu être racontée avec quinze à vingt minutes de moins. Certaines scènes étaient suffisamment anecdotiques pour être coupées.

Mis à part cette réserve, le développement des thèmes du film et des personnages, ainsi que les parallèles culturels et politiques entre les Etats-Unis et la France fonctionnent parfaitement. On appréciera d’ailleurs la fin à la tonalité grise et sans happy-end classique, à l’image de ce thriller.

Une réalisation minimaliste et des acteurs impliqués

image camille cottin stillwater

Du côté de la réalisation, Tom McCarthy privilégie la caméra à l’épaule er reste toujours au niveau de ses acteurs pour les laisser s’exprimer, le tout en conservant une lumière réaliste. Le résultat est aussi minimaliste qu’ efficace. Le montage est en dents de scie, en revanche. Comme nous le disions plus haut, le long-métrage est trop long et Stillwater aurait bénéficié de la coupe de certaines scènes. Il y a donc quelques longueurs qui se font sentir en milieu de métrage. Dommage ! La musique de Mychael Danna est elle aussi à l’image du film, minimaliste. Elle ne ressort pas trop mais accompagne parfaitement l’intrigue.

Côté casting, Matt Damon (Le Mans 66) s’en sort plutôt pas mal dans le rôle de Bill. Il joue vraiment sur la barrière de la langue et l’alchimie avec Camille Cottin (Deux Moi), excellente, marche assez bien. Abigail Breslin (Retour à Zombieland) surjoue pas mal de fois mais parvient à nous transmettre les émotions de son personnage durant deux scènes où son interprétation se fait plus juste. Elle parle d’ailleurs assez bien français et son personnage symbolise le chaînon manquant entre les deux cultures. Enfin, la très jeune actrice française Lilou Siauvaud est charmante dans le rôle de Maya. Sa relation avec le personnage de Bill en figure paternelle est touchante. Elle aussi surjoue parfois, mais pour son jeune âge, c’est tout de même satisfaisant.

Au final, Stillwater est un drame jouant sur la morosité, que ce soit dans ses personnages, la tonalité de l’histoire ou l’utilisation de la ville de Marseille. Une œuvre imparfaite,  avec quelques défauts évidents, mais aussi suffisamment de qualités pour que le spectateur passe tout de même un assez bon moment.

Article écrit par

Adore le cinéma en général, que ce soit les gros blockbusters ou les plus petits films, les séries TV et les jeux vidéo. Il réalise de nombreux tests de blu-ray et films en UHD 4K et couvre l'actualité cinématographique en salles.

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