Caractéristiques
- Titre : Speak no Evil
- Réalisateur(s) : James Watkins
- Scénariste(s) : James Watkins
- Avec : James McAvoy, Mackenzie Davis, Aisling Franciosi, Alix West Lefler, Dan Hough et Scoot McNairy.
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Epouvante-horreur
- Pays : Etats-Unis, Danemark
- Durée : 110 minutes
- Date de sortie : 18 septembre 2024
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Après une incartade du côté du film d’action avec Bastille Day, James Watkins revient au genre du thriller horrifique qui l’avait fait connaître, avec les films Eden Lake et La Dame en noir. Il s’entoure cette fois-ci de James McAvoy pour réaliser un remake du film danois Ne dis rien, de Christian Tafdrup, sorti en 2022.
Un vicieux jeu de séduction
En vacances en Italie, une famille américaine, les Dalton – Ben (Scoot McNairy), Louise (Mackenzie Davis) et leur fille Agnes (Alix West Lefler) – rencontre un couple de Britanniques, Paddy (James McAvoy), Clara (Aisling Franciosi) et leur fils Ant (Dan Hough). Lorsque ces derniers les invitent à passer un long week-end dans leur propriété reculée, ils acceptent, mais ces quelques jours passés en leur compagnie vont rapidement virer au cauchemar…
Ne vous fiez pas à la bande-annonce : Speak No Evil n’est pas un film d’horreur clinquant. Il sait prendre le temps d’installer une ambiance et d’accompagner ses personnages, notamment au cours de longues discussions à table. Dans les beaux paysages italiens tout d’abord, puis au cœur de la maison isolée de Paddy et Clara. Ce couple en apparence sympathique met tout en œuvre pour séduire et amadouer les Dalton, et une grande partie du long-métrage est lumineuse, et souvent humoristique. James Watkins joue davantage sur les contrastes que sur l’angoisse : Paddy et Clara sont extrêmement désinhibés et détonnent fortement avec la rigueur bourgeoise de leurs invités. Ben semble admirer Paddy et voit en lui l’homme viril qu’il ne parvient pas à être. Codes sociaux et modes de vie plus décomplexés sont donc mis en opposition tout au long du film, distillant une sensation de malaise croissante.
Huis clos anxiogène
Si la mise en scène demeure assez classique, avec bon nombre de champs et contre-champs, le réalisateur parvient à créer un climat anxiogène assez réussi. Le décor ne dénote pas des huis clos traditionnels, avec une vieille ferme au milieu de nulle part, sans réseau, au plancher grinçant. La musique se fait très rare, souvent uniquement intradiégétique, et seules quelques percussions angoissantes accompagnent le climax du film.
La tension naît principalement du malaise créé par l’attitude des personnages et par l’étrangeté des situations. Paddy et Clara se comportent d’une manière de plus en plus surprenante, et cette sensation d’inconfort ressentie par les Dalton se répercute insidieusement sur le spectateur. Après avoir joué le rôle du père et mari idéal, Paddy se révèle également de plus en plus brutal et bestial, et sa violence refoulée provoque régulièrement le trouble et l’appréhension.
Un thriller psychologique réussi
Speak No Evil suit donc un rythme assez lent, très loin des rebondissements et jump scare permanents de certaines productions Blumhouse. Le réalisateur joue davantage sur l’ambiance inquiétante et dérangeante que sur des scènes purement horrifiques. Le déferlement de violence attendu n’arrive d’ailleurs que très tardivement dans le long-métrage, les scènes donnant souvent une impression de temps réel, faisant croître la tension par l’attente fébrile d’une catastrophe imminente. Bien que le scénario ne soit pas des plus originaux, quelques surprises attendent malgré tout le spectateur et le réjouiront à coup sûr. Dommage que le film demeure finalement assez sage dans son dénouement, et n’ose pas aller encore plus loin, à la manière d’un Funny Games totalement décomplexé.
Les acteurs sont pour la plupart très investis, et l’on retiendra surtout la performance de James McAvoy, encore une fois très convaincant dans ce rôle d’antagoniste, comme il avait déjà su le démontrer avec Split. Empreint d’une force animale et d’une férocité retenue, il crève tout simplement l’écran.
Speak No Evil est donc un huis clos anxiogène réussi et bien interprété, offrant à James McAvoy un rôle de composition. S’il ne révolutionne pas le genre et ne convaincra pas les amateurs de gros frissons, il constitue un divertissement assuré et un moment de tension savoureux.