[Critique] Better Man : un biopic musical excessif et généreux

Caractéristiques

  • Titre : Better Man
  • Réalisateur(s) : Michael Gracey
  • Scénariste(s) : Michael Gracey, Oliver Cole
  • Avec : Robbie Williams, Jonno Davies, Steve Pemberton, Damon Herriman, Raechelle Banno, Alison Steadman...
  • Distributeur : Paramount Pictures France
  • Genre : Biopic, Musical
  • Pays : Australie, Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine
  • Durée : 135 minutes
  • Date de sortie : 22 janvier 2025
  • Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
  • Note du critique : 8/10

Alors qu’un documentaire sur sa vie avait déjà vu le jour sur Netflix en 2023, Robbie Williams, l’auteur-compositeur-interprète britannique aux 77 millions d’albums vendus dans le monde, revient sur le devant de la scène en ce mois de janvier grâce au film Better Man. Réalisé par Michael Gracey, notamment connu pour la comédie musicale The Greatest Showman, le long-métrage fait le choix risqué de transformer le protagoniste de son biopic en un singe généré par ordinateur. Pari réussi ?

Biopic simiesque

Better Man suit le parcours du jeune Robert Peter Williams, de son enfance dans le Nord de l’Angleterre aux plus grandes scènes internationales, lorsqu’il devient la star mondiale au bagou légendaire que l’on connait. Épaulé par l’amour inconditionnel de sa grand-mère, mais marqué par l’absence de son père, qui a préféré sa carrière de comédien à la paternité, le jeune Robbie intègre tout d’abord le groupe Take That, avant de lancer sa carrière solo d’auteur-compositeur pop rock. Sa notoriété fulgurante ne se fait pas sans peine, puisqu’aux nombreux défis de la célébrité s’ajoute une progressive descente aux Enfers dans le monde des addictions…

Alors que Michael Gracey aurait pu faire le choix d’un biopic classique, son sujet étant déjà particulièrement dense, il privilégie une forme peu conventionnelle, en substituant au chanteur britannique un singe en images de synthèse – animal choisi par Robbie Williams lui-même, qui se décrit parfois comme un « singe scénique ». Lorsqu’on l’interroge sur cette décision, le réalisateur confie qu’il espère susciter une empathie plus immédiate du public, face à cet animal sans défense soumis à un destin brutal. Et force est de constater que cette idée fonctionne. L’acteur de théâtre Jonno Davies porte un costume de performance capture, transformé par la suite en singe par des effets numériques, tandis que les yeux et la voix de Robbie Williams sont utilisés pour plus de réalisme. Passé le premier moment de surprise, la magie opère et l’on ressent une empathie profonde et sincère pour ce protagoniste atypique, dont on oublie très rapidement qu’il est le seul élément fantastique du scénario.

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Un film musical sincère et émouvant

Better Man est certes un biopic, mais il est avant tout un film musical. Alternant narration classique et tableaux chantés et dansés, le long-métrage met en scène avec brio de nombreux tubes de la star britannique : « Feel », « Angels », « She’s the One », « Come Undone » et tant d’autres… Certains morceaux sont simplement chantés, à l’image de « Feel », qui arrive très tôt dans le film, alors que Robert est encore un enfant plein de rêves, tandis que d’autres donnent lieu à de véritables chorégraphies, comme « Rock DJ », qui propose un tableau remarquable d’inventivité et de dynamisme. Les chansons ne sont pas de simples pauses dans le récit. Au contraire, elles permettent d’illustrer certaines ellipses, de changer brutalement de décors au gré de la fantaisie du réalisateur, ou de raconter un événement avec plus d’éloquence qu’un simple dialogue. Et quel bonheur de se replonger dans la discographie de Robbie Williams !

En plus d’émerveiller et de divertir, « Better Man » nous plonge dans un tourbillon d’émotions. Les grands yeux candides du jeune singe font sortir les mouchoirs dès les premières minutes du long-métrage, tandis que les frasques de la star montante et son caractère bien trempé suscitent le rire et la surprise. Le conflit intérieur de Robbie Williams, luttant sans cesse contre la dépression et ses démons intérieurs – la paranoïa, le besoin de reconnaissance perpétuel et la peur de l’abandon – est brillamment mis en scène, tout comme la difficulté de construire sa nouvelle identité d’icône de la pop. Certes, le film conserve un premier degré total dans sa volonté de susciter une empathie immédiate pour son protagoniste, et déborde souvent de bons sentiments, mais pourquoi bouder son plaisir quand il semble si sincère et touchant ?

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Une mise en scène épileptique et virevoltante

Better Man est à l’image de son protagoniste : excessif. En plus de mettre en scène des personnages excentriques, le réalisateur utilise une caméra très mobile, hyperactive, avec l’intention évidente de nous en mettre plein les yeux. Le rythme s’envole et le montage parfois épileptique, notamment lors des scènes musicales ou des ellipses temporelles en début de long-métrage. Certains passages plus lents détonnent d’ailleurs avec le tout, au risque de perdre par instants le spectateur, mais le film demeure toujours généreux et ingénieux.

Les scènes de concert sont incroyablement immersives, Michael Gracey choisissant tantôt de se mettre à hauteur d’artiste, tantôt de survoler la foule déchainée avec un drone. Les plans sont variés et la caméra virevolte pour sublimer les chorégraphies, s’éloigne pour suggérer l’ampleur du spectacle, surplombe ou accompagne ses personnages, le tout avec un grain assez présent qui nous replonge dans l’atmosphère des années 90-2000. Bien qu’il s’agisse d’un biopic, le réalisateur délaisse souvent le réalisme pour plonger le spectateur dans l’onirisme le plus total, notamment lors des épisodes dépressifs et paranoïaques de Robbie Williams. Mention spéciale à la scène des paparazzi et du combat de singes.

Better Man est donc un long-métrage excessif mais sincère, généreux et résolument original. Biopic peu conventionnel et long-métrage musical, il met en scène un protagoniste atypique et attachant, au son des plus grands tubes de la star britannique. Un film qui donne la banane !

Article écrit par

Lorsqu’elle n’enseigne pas l’italien, Lucie Lesourd aime discuter de sa passion pour le cinéma, le théâtre et les comédies musicales. Spécialisée en littérature young adult et grande amatrice de polars et thrillers, elle rejoint Culturellement Vôtre en février 2020 pour y partager ses avis lecture et sorties culturelles.

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