Caractéristiques
- Titre : Wicked : Partie II
- Titre original : Wicked: For Good
- Réalisateur(s) : Jon M. Chu
- Avec : Cynthia Erivo, Ariana Grande, Michelle Yeoh, Jeff Goldblum, Jonathan Bailey, Ethan Slater, Marissa Bode, Bowen Yang, Bronwyn James et Keala Settle.
- Distributeur : Universal Pictures International France
- Genre : Aventure, Comédie musicale, Fantastique, Romance
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 137 minutes
- Date de sortie : 19 novembre 2025
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- Note du critique : 6/10 par 1 critique
Un an après le premier volet, Wicked : Partie II revient sur grand écran pour conclure l’adaptation en deux parties de l’une des comédies musicales les plus populaires de Broadway. Inspirée du roman Wicked : La Véritable Histoire de la méchante sorcière de l’Ouest de Gregory Maguire et de la comédie musicale culte de Stephen Schwartz et Winnie Holzman (créée en 2003), cette seconde partie est toujours réalisée par Jon M. Chu (D’où l’ont vient, Crazy Rich Asians), avec au scénario, Winnie Holzman et Gregory Maguire eux-mêmes, tandis qu’Ariana Grande et Cynthia Erivo reprennent avec intensité leurs rôles d’amies devenues rivales.
Retour au pays d’Oz : un univers visuel somptueux
Suivant la trame du deuxième acte de la comédie musicale originelle, Wicked : Partie II reprend là où le précédent film s’était interrompu. Désormais considérée comme la Méchante Sorcière de l’Ouest, Elphaba vit recluse dans la forêt, poursuivant sa lutte pour la liberté des animaux réduits au silence et tentant de dévoiler les manipulations du Magicien d’Oz. De son côté, Glinda est devenue l’incarnation du pouvoir et de la perfection, enveloppée d’un prestige presque divin. Mais face à la révolte populaire qui gronde, les deux jeunes femmes doivent ravaler leur rancune et affronter ensemble le destin qui les unit malgré elles…
Dès les premières images, Wicked : Partie II impose un univers visuel fastueux. Les décors foisonnent de détails, les costumes étincellent et les couleurs – le vert profond d’Oz, le rose poudré de Glinda – explosent à l’écran. On retrouve avec plaisir la magie de ce monde familier et Jon M. Chu fait danser sa caméra au même titre que ses acteurs : elle s’élève, tourne, s’envole au-dessus des toits d’émeraude ou le long de la route de briques jaunes. Les effets spéciaux, plutôt convaincants, donnent vie aux singes volants et aux créatures fantastiques, nous immergeant dans un véritable conte de fées aux palais étincelants, aux chevaux fringants et aux robes à crinoline. Si les chorégraphies se révèlent moins nombreuses et moins marquantes que dans le premier volet, la mise en scène compense par une ampleur visuelle impressionnante et une direction artistique soignée.
Glinda et Elphaba, miroirs inversés d’un même destin
Au cœur du film, tout repose sur l’opposition entre deux figures complémentaires : Glinda « the good » toute de rose vêtue, et la « méchante » Elphaba au grand chapeau noir. Glinda, auréolée de douceur, incarne la perfection et la quête de reconnaissance. Dépourvue de véritables pouvoirs, elle entretient malgré tout l’illusion d’une magie rassurante, symbole d’un monde qui préfère les apparences à la vérité. À l’inverse, Elphaba, marginale et incomprise, lutte pour la justice et la liberté des opprimés. Son engagement fait écho à des thématiques très contemporaines : la peur de la différence, les préjugés et l’exclusion. Le scénario joue habilement de ces contrastes. Glinda, prisonnière de son image, se voit contrainte de condamner publiquement Elphaba tout en continuant à la rencontrer secrètement. Cette tension entre loyauté et mensonge confère une belle profondeur à leur relation, où l’amitié se mêle à la culpabilité et au désenchantement.
Le duo formé par Ariana Grande et Cynthia Erivo fonctionne à merveille. La première, avec ses grands yeux candides et son timbre cristallin, apporte à Glinda une fragilité touchante et une candeur presque enfantine. La seconde, plus intense et magnétique, impose une Elphaba puissante, drapée dans sa longue cape noire virevoltante, qui traduit à elle seule toute la détermination et la solitude du personnage. Leur relation, entre complicité et rivalité, culmine dans une scène volontairement parodique où leur affrontement tient davantage du jeu d’enfants que d’une véritable guerre de pouvoir. Autour d’elles, les seconds rôles apportent une touche de fantaisie bienvenue, avec notamment Michelle Yeoh – toujours aussi machiavélique, quoique un peu en retrait – et Jeff Goldblum, en Magicien d’Oz cabotin et faussement nonchalant.
Un second acte émouvant mais moins envoûtant
Malgré toutes ces qualités, et avec ses 2h18 au compteur, Wicked : Partie II souffre parfois d’un léger essoufflement. Le film conserve le souffle épique de certaines séquences, mais la narration se révèle globalement plus lente et moins entraînante que celle du premier volet. Quelques flashbacks bienvenus rappellent les événements du précédent épisode, mais mieux vaut avoir bien en tête l’intrigue du premier film avant de plonger dans cette suite. Musicalement, si l’on retrouve certains motifs emblématiques de Wicked, les nouvelles chansons se font plus mélancoliques et moins mémorables. Aucun véritable « tube » ne vient se détacher, et la dynamique générale paraît moins entraînante.
Ce second acte s’inscrit plus directement dans la mythologie du Magicien d’Oz, tout en s’en démarquant délibérément. En effet, le propos du film n’est pas tant de revisiter le conte original que d’en explorer les coulisses, celles d’Elphaba et de Glinda. Cette imbrication, bien que séduisante sur le papier, donne parfois l’impression d’un récit étiré, où certaines scènes semblent rallongées artificiellement pour mieux raccorder les événements à l’histoire du Magicien d’Oz. Le film tente d’esquisser des liens entre les futurs compagnons de Dorothy — l’épouvantail, le bûcheron en fer blanc ou le lion peureux — et l’intrigue d’Elphaba, mais ces clins d’œil, trop rapides, frustrent plus qu’ils ne comblent. L’idée d’éviter une reprise frontale du conte (comme ne pas montrer le visage de Dorothy) était judicieuse, mais le résultat oscille entre fidélité et esquive, laissant une impression d’entre-deux un peu frustrante.
Wicked : Partie II offre donc une conclusion visuellement somptueuse et émotionnellement sincère au diptyque initié l’an dernier, sans toutefois retrouver l’élan narratif et la magie musicale du premier volet. Malgré quelques longueurs et une ambition parfois trop contenue, le film peut compter sur l’alchimie puissante de son duo central et sur une mise en scène généreuse pour refermer, avec douceur et mélancolie, les portes d’Oz.
