Caractéristiques

- Titre : 13 jours, 13 nuits
- Réalisateur(s) : Martin Bourboulon
- Avec : Roschdy Zem, Lyna Khoudri, Sidse Babett Knudsen et Christophe Montenez.
- Distributeur : Pathé Films
- Genre : Drame, Thriller
- Pays : France
- Durée : 112 minutes
- Date de sortie : 27 juin 2025
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Présenté hors compétition au Festival de Cannes 2025, 13 jours, 13 nuits est le nouveau long-métrage signé Martin Bourboulon (Papa ou Maman, Eiffel), deux ans après le diptyque Les Trois Mousquetaires : D’Artagnan et Milady. Ce dernier film s’inspire cette fois-ci de faits réels et adapte l’ouvrage autobiographique 13 jours, 13 nuits dans l’enfer de Kaboul, de Mohamed Bida, publié en 2022. Le récit revient sur l’évacuation de centaines de personnes par les forces armées françaises, entre le 15 et le 27 août 2021, lors de la chute de Kaboul.
Du réel à la fiction : Kaboul dans le chaos
Martin Bourboulon ouvre 13 jours, 13 nuits en pleine tempête. Alors que Kaboul tombe aux mains des talibans à l’été 2021, le film s’attache au destin du commandant Mohamed Bida (Roschdy Zem), consul et responsable de la sécurité de l’Ambassade de France. Pris au piège avec une poignée de diplomates, de ressortissants et de civils, il tente l’impossible : organiser une exfiltration dans une ville désormais plongée dans la peur et l’incertitude. À ses côtés, Eva (Lyna Khoudri), humanitaire franco-afghane, devient un relais indispensable entre les communautés et les langues.
Le long-métrage revendique un souci de véracité dès les premières images. Des extraits d’archives ouvrent le récit, ancrant la fiction dans le réel. Le film retrace l’opération Apagan, mise en place par la France pour évacuer ses ressortissants et ses alliés afghans. Le mélange de français et d’anglais sous-titré ajoute à cette impression de documentaire mis en scène. À la fin, le générique s’accompagne de photographies des vrais lieux, des vraies personnes, renforçant la volonté de Martin Bourboulon de calquer la réalité des événements.

Huis clos, fuite et tension
Le film adopte rapidement un rythme haletant, proche du temps réel, avec une tension progressive qui colle à la peau. On suit, jour après jour, le compte à rebours de l’évacuation, même si l’indicateur des jours s’interrompt brutalement au Jour 1. Oubli de montage ou choix symbolique ? La chronologie devient plus floue, mais l’urgence demeure. Le récit s’articule alors en trois temps : d’abord un huis clos anxiogène dans l’ambassade, puis une fuite, et enfin un nouvel enfermement, cette fois dans l’aéroport assiégé. L’action reste globalement fluide, bien rythmée, malgré une légère surenchère narrative dans la deuxième partie du film. La tension retombe alors un peu, le récit perdant en crédibilité.
Heureusement, la réalisation très maîtrisée rattrape ces légères faiblesses narratives. La bande-son joue un rôle capital dans la montée de la tension : percussions sourdes et envolées musclées accompagnent la course contre la montre. Le chaos de la guerre est palpable : explosions, tirs en fond, bruits de foule… Martin Bourboulon évite pour notre plus grand plaisir les mouvements de caméra fouillis qui plombaient Les Trois Mousquetaires. Ici, c’est net, précis, tendu. Et ça fonctionne.

Émotion esquissée et souffle épique
Le film fait le choix d’un équilibre délicat entre l’intime et le spectaculaire. D’un côté, la caméra s’attarde sur les visages pour montrer la peur, l’épuisement… De l’autre, elle s’élève pour embrasser les décors de Kaboul, les foules en panique, les rues dévastées. Roschdy Zem campe un Mohamed Bida stoïque et inébranlable, tandis que Lyna Khoudri livre une performance intense et tendue. Sidse Babett Knudsen, enfin, impose une autorité discrète mais réelle dans son rôle de journaliste. Les personnages font preuve de bravoure – on pourra cependant regretter un traitement un peu trop héroïque des personnages – mais ils restent cependant humains, soumis à la peur et aux doutes. Pourtant, les scènes dialoguées peinent à convaincre. Parfois maladroites, elles ne parviennent pas à faire passer une émotion durable.
Là où Martin Bourboulon excelle, en revanche, c’est dans les scènes d’ampleur. Kaboul, filmée en ruine, oppressante, grouillante de monde, devient un personnage à part entière du long-métrage. L’exode de la population est filmé avec une intensité rare : bouchons, foules, tension à son comble. Quelques plans-séquences nous plongent littéralement dans l’action. Les scènes d’émeutes à l’ambassade ou à l’aéroport, filmées de près, créent un sentiment de claustrophobie, tandis que les vues surplombantes révèlent toute l’ampleur du désastre.
13 jours, 13 nuits est donc un thriller politique à la mise en scène musclée et efficace, plus habile dans la tension que dans l’émotion, mais qui réussit malgré tout à faire revivre une évacuation historique avec force, urgence, et un véritable souffle épique et dramatique.