Caractéristiques
- Titre : Venom
- Réalisateur(s) : Ruben Fleischer
- Avec : Tom Hardy, Michelle Williams, Riz Ahmed, Reid Scott et Jenny Slate
- Distributeur : Sony Pictures France
- Genre : Science-fiction, Action
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 112 minutes
- Date de sortie : 10 Octobre 2018
- Note du critique : 4/10 par 1 critique
Un film moyen
Imposé dans le très déséquilibré Spider-Man 3 de Sam Raimi, Eddie Brock, alias Venom, était l’un des points faible de cet épisode, qui n’en manquait pas. Aujourd’hui sort le film consacré à ce personnage, l’un des méchants les plus emblématique de Marvel, et Sony compte sur celui-ci pour lancer son Spider-Verse sans Spider-Man. Venom, réalisé par Ruben Fleischer (à qui l’on doit les sympathiques Bienvenue à Zombieland et Gangster Squad) raconte donc l’histoire d’Eddie Brocke, qui devient Venom après avoir croisé la route d’un symbiote extra-terrestre. Autant vous le signifier tout suite : si vous êtes attachés aux origines ou aux histoires du personnage dans les comics, vous risquez de crier à l’infamie.
Car oui, écrivons le clairement tout de suite, Venom ne respecte pas les origines ou les multiples récits du personnage, et le méchant se retrouve à être un anti-héros. Ça commence mal. Eddie Brock est un journaliste qui fouille un peu trop dans les affaires de Carlton Drake, une sorte de Elon Musk qui veut sauver la Terre et ses habitants. Sauf que ses méthodes sont plus que douteuses. Après avoir été viré, puis ne pouvant rien contre la perte de sa petite amie, Brock va devenir l’hôte d’un symbiote extra-terrestre. Alors oui, le scénario déroule une foule de problèmes. Le premier d’entre eux est que ce long métrage est très long à se lancer. Les quarante premières minutes forment une exposition interminable. On sent clairement que cela n’est pas maîtrisé, et que des éléments auraient pu gagner en qualité d’écriture. Ou, pire, carrément être supprimées pour fluidifier la narration. On peut couper facilement dix minutes de ces quarante premières. Autre souci : quand on pose une règle dans une œuvre, ici qu’un symbiote ne peut pas être en symbiose avec le premier quidam venu, il faut la respecter. Et ce n’est pas le cas. D’où certaines incohérences scénaristiques.
Après quarante minutes d’exposition, sur une heure cinquante deux de durée, générique compris, le film se lance vraiment et devient un blockbuster classique. Comme nous l’écrivions en ouverture de cette critique, Venom n’est pas ici un méchant mais un anti-héros. Du coup, quand la relation entre Eddie Brock et Venom s’installe, cela part dans tout les sens. Plutôt pour notre plaisir, c’est à souligner. Cette relation entre l’humain et le symbiote s’avère des plus amusantes, servie par quelques bonnes punchlines, et d’autres qui tombent à l’eau. Mais le plus important reste que les deux losers que sont Brock et Venom apprennent l’un de l’autre, et évoluent. Autant le dire, cette relation est le point fort du film.
Un blockbuster classique
Concernant la réalisation de Ruben Fleischer, celle-ci s’avère très moyenne par rapport à ce que nous avons déjà vu de lui. Jamais nous sentons que celui-ci pose, et impose, un univers. De plus, malgré une bonne inspiration lors de la scène d’action dans le hall du journal, le peu de scènes d’action du film, trois au total, sont tellement brouillonnes, merci les shaky-cam, que l’on ne comprend pratiquement rien. À l’image du combat final, tout en numérique. On regrette aussi l’absence, très remarquée, de violence graphique à l’écran. Et pourtant, le scénario de Venom réservaient quelques occasions, on pense à ces têtes découpées… hors champ. C’est dommage car si le film avait eu l’audace d’oser, comme Deadpool ou Logan, cela aurait donné de la consistance au personnage, en le rendant aussi dangereux que ce que son apparence suggère. Au lieu de cela, la violence est désamorcée par de l’humour. Comme nous l’écrivions aussi plus haut, l’un des problèmes se situe au niveau du montage. Rythme lent qui entraîne des longueurs et de l’ennui durant les quarante premières minutes, et plutôt bon pour le reste du long-métrage. Il aurait fallu trouver un équilibre à tout ça. Les effets spéciaux sont d’assez bonne facture, malgré quelques petits ratés lorsque les symbiotes sont liquides. La musique de Ludwig Göransson passe aussi au travers. Sa composition est l’une de ses moins inspirées, rappelons que l’artiste a signé les bandes originales de Creed et Black Panther. On sauvera tout de même la photo de Matthew Libatique (Mother!, Black Swan), qui apporte une vraie personnalité aux images.
Concernant les acteurs, Tom Hardy s’amuse comme un petit fou, contrairement à ce qu’il se dit ici ou là. On sent clairement qu’il a pu improviser, et que ça lui plaît, du moins sur le moment. Son interprétation de Eddie Brock vient au secours de ce qui est sauvable, dans ce film. La relation qu’il installe avec Venom, alors que celui-ci lui parle majoritairement dans la tête, est excellente et amusante. Les meilleurs moments du film sont clairement formés par cette relation. Certains trouveront cela peut être too much, mais si vous adhérez au principe cela ne peut que déclencher des rires. Michelle Williams (The Greatest Showman) se révèle très sérieuse dans le rôle d’Anne sans être vraiment impliquée. Elle fait le minimum pour venir toucher son chèque, mais cela suffit. C’est un peu pareil avec Riz Ahmed (Rogue One: A Star Wars Story), qui joue le méchant Carlton Drake. Il se permet même de surjouer par moment.
Au final, Venom est un film plus que moyen. On sent clairement que le long métrage ne sait pas sur quel pied danser. C’est dommage car il y a ici un potentiel gâché. Si vous faites abstraction du fait que le récit ne respecte pas le matériel de base, vous découvrirez certainement un film qui vous divertira pendant un peu moins de deux heures. Mais cela ne peut faire oublier qu’il s’agit d’un mauvais départ pour ce Spider-Verse. S’il y a une suite, on ne sait jamais, il faudra rectifier le tir. En attendant, le prochain opus de cet univers sera Morbius, avec Jared Leto dans le rôle principal…