Caractéristiques
- Titre : Anna
- Réalisateur(s) : Luc Besson
- Avec : Sasha Luss, Cillian Murphy, Luke Evans, Helen Mirren...
- Distributeur : Pathé
- Genre : Action, Thriller
- Pays : France
- Durée : 119 minutes
- Date de sortie : 10 juillet 2019
- Note du critique : 3/10 par 1 critique
Un retour aux origines, mais pas à la qualité
Ah, qu’elles sont loin les années 90 où l’on attendait un film de Luc Besson ! Nikita, Le Grand Bleu, Léon, Le Cinquième Élément, Jeanne d’Arc, que des films cultes qu’on peut encore regarder aujourd’hui sans déplaisir. Puis vinrent les années 2000… Qui se souvient encore de Malavita, Angel-A ou The Lady ? Et après le bide, au box-office, de Valérian et la Cité de Mille Planètes en 2017, que reste-t-il du réalisateur ? Que pouvait il faire? La réponse vient avec Anna. L’histoire est simple, les Matriochka sont des poupées russes qui s’emboîtent les unes dans les autres. Chaque poupée en cache une autre. Anna est une jolie femme de 24 ans, mais qui est-elle vraiment et combien de femmes se cachent en elle ? Est-ce une simple vendeuse de poupées sur le marché de Moscou ? Un top model qui défile à Paris ? Une tueuse qui ensanglante Milan ? Un flic corrompu ? Un agent double ? Ou tout simplement une redoutable joueuse d’échecs ? Il faudra attendre la fin de la partie pour savoir qui est vraiment ANNA et qui est “échec et mat”.
Luc Besson est donc le scénariste et réalisateur du long-métrage. Concentrons-nous tout d’abord sur le script. Anna semble être une jeune femme russe de 24 ans qui vend des poupées Matriochka sur un marché. Elle est repérée par un agent pour faire du mannequinat, mais est-elle vraiment ce qu’elle prétend être ? Evidemment pas ! Luc Besson nous entraîne dans un thriller d’action et d’espionnage assez sympathique sur le papier. Le personnage d’Anna a tout des héroïnes précédentes du réalisateur. Mais le scénario pose plusieurs problème. Le premier étant qu’à chaque fois qu’il y a une révélation, il procède par flash-back, et il y en a beaucoup trop. On ne compte plus les « 3 mois plus tôt » ou « 5 ans auparavant » qui coupent l’intrigue. Avec un scénario un peu plus linéaire, cela serait passé. Alors oui, le concept du personnage à plusieurs facettes est intéressant et Besson étoffe assez son personnage, mais en aucun cas on ne ressent à un seul moment qu’elle sera en danger et c’est bien dommage.
Autre bonne idée, mais mal exécutée, c’est de situer l’aventure à la fin des années 80-début des années 90 (période bénie du réalisateur), en pleine guerre froide. Sauf que, dans certaines scènes, des technologies n’étant apparues que dans les années 2000 (ahhh cette sacrée clé USB !) sont utilisées. Du coup, on se perd un peu, on ne sait plus si le film se déroule bien dans les années 80-90 ou 2000-2010. Un comble.
Enfin, dernier problème, Besson veut tellement étirer son intrigue que la durée de quasiment deux heures paraît de trop pour ce genre de film. Et donc, avec tout ce que nous avons dit au dessus, quand vient le retournement final, on se surprend à dire « encore »… Pourtant, tout n’est pas à jeter dans le scénario : Besson approfondit bien les personnages principaux, que ce soit Anna, Olga, Alex ou Lenny. Chacun à son rôle à jouer dans l’intrigue et ça marche plutôt bien. Les rebondissements sont assez nombreux pour qu’on reste accrochés à l’histoire, bien qu’ils soient hachés par les flash-backs.
Une réalisation décevante
Concernant la réalisation, il y a également du bon et du moins bon. Si, sur certains plans, on retrouve le Luc Besson des années 80-90, la plupart du temps sa réalisation est sans âme. Même dans les scènes d’action, on ne le sent pas investi. Rien que pour la fusillade dans un café, il essaie de faire du John Wick mais on est loin de la mise en scène de Chad Stahelski… Pour dire, parfois on se croirait dans un téléfilm. Un comble quand on connait le talent technique du réalisateur.
La photo de Thierry Arbogast (directeur photo de Besson depuis Nikita) relève légèrement le niveau en tentant d’installer une ambiance espionnage, mais cela ne marche qu’à moitié. Même le compositeur Eric Serra (lui aussi un fidèle de Besson depuis la première heure) semble perdu. Il essaie de revenir à des sons qu’ils utilisaient à ses débuts, on ressent l’influence de Léon, Goldeneye ou Nikita, mais au lieu de s’aventurer complètement dans cette voie, sa composition revient à quelque chose de plus classique. Dommage ! Comme dit plus haut, les deux heures sont assez hachées par les flash-backs, ce qui entraîne des longueurs. Cela est d’autant plus regrettable que sans ça, le rythme du film aurait été bon.
Concernant les acteurs, Sasha Luss, dont c’est ici le premier rôle, s’en sort plutôt bien, même dans les scènes d’action. Elle porte assez bien le film et joue parfaitement les différentes facettes de son personnage. On la sent impliquée et c’est déjà bien. Cillian Murphy (Dunkerque, Free Fire) est toujours bon, même si ici, il est légèrement en deçà de ses prestations habituelles. Luke Evans (La Belle et la Bête, Fast and Furious 8, Message from the King) offre une prestations solide et sérieuse. Et Helen Mirren s’amuse dans le rôle d’Olga.
Anna est donc un long-métrage assez divertissant si on enlève les problèmes de scénario et de réalisation. Ce n’est pas la réussite espérée pour le retour de Luc Besson à ses premiers amours et c’est bien dommage. On retiendra surtout les prestations correctes des acteurs, mais c’est bien peu par rapport au potentiel du film.