Caractéristiques
- Titre : Unicorn Wars
- Réalisateur(s) : Alberto Vázquez
- Scénariste(s) : Alberto Vázquez
- Distributeur : UFO Distribution
- Genre : Animation, Guerre
- Pays : Espagne
- Durée : 1h32
- Date de sortie : 28 décembre 2022
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- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Quand Platoon rencontre les Bisounours
Unicorn Wars est un long-métrage d’animation d’Alberto Vasquez qui, dès son affiche cinéma, ressemble à une plaisanterie de la part de son réalisateur. On peut y voir des petits personnages ressemblant à des Bisounours entourés de magnifiques licornes noires avec une sorte de château en ruine menaçant au fond. Autrement dit, une iconographie digne d’une épopée de fantasy qui semble à quelques détails près (ce ciel mauve) destinée aux enfants.
Grave erreur ! Ce long-métrage d’animation est en réalité, sous couvert de jolies couleurs chatoyantes et de représentations visuelles plutôt poétiques, un pamphlet certainement anti-militariste, mais également un voyage extrêmement noir dans l’esprit humain, dont les références avouées ne sont rien de moins que des grands films de guerre comme Apocalypse Now, Platoon et surtout le Full Metal Jacket de Stanley Kubrick.
Après une gestation difficile, en particulier dûe au financement, Alberto Vasquez nous présente son dernier métrage après un passage à l’Étrange Festival, qui s’avère aussi inventif visuellement que scénaristiquement. Dans un monde fantasmé (voire fantasmagorique), de petits oursons mignons ayant pour devise « Honneur, douleur et bisous » ne cessent de s’entraîner dans un camp militaire pour affronter leurs voisins vivant dans la forêt – de magnifiques licornes noires dont la légende prétend que lorsque le sang de la dernière d’entre elles sera versé celui qui s’en abreuve deviendra un être parfait.
Le métrage ne cesse de prendre le spectateur à contre-pied grâce à son univers coloré et la représentation animalière de ses personnages qui laisse d’abord à penser que nous allons avoir affaire à un film tout public, mais qui va vite aboutir à un déluge de violence dont l’aspect dessin animé permet toutes les outrances visuelles.
La beauté de l’horreur
Esthétiquement le film est littéralement sublime. Il possède en outre cette qualité de changer de style selon les lieux et situations, parfois en mode trip esthétique, pour montrer l’égarement des personnages en alternant les décors extrêmement colorés et saturés, au contraire parfois dans un style plus viscéral voire moyenâgeux pour justifier des actes de violence atroces. Pour la forêt tropicale, au contraire, le style vire vers l’aquarelle ou, bien entendu, le cartoonesque pour le monde des ours. Nous alternons les différents cadres avec une aisance qui nous permet à chaque fois de repérer les lieux dans lequel nous nous trouvons.
A chaque décor appartient également sa musique, avec des envolées lyriques ésotériques voire rétro qui collent parfaitement à l’image. Malgré certaines scènes dans lesquelles on constate qu’en raison d’un manque de budget l’animation est un peu moins léchée et quelques raccords pas totalement propres, on ne peut s’empêcher néanmoins d’admirer un résultat final extrêmement convaincant à l’écran.
En outre, l’impression de vivre une histoire de fantasy avec des licornes, des ours et autres animaux de la forêt ne fait qu’accentuer l’horreur des situations lorsque la violence intervient.
Une histoire très référencée
Comme nous le disions précédemment, le métrage possède de nombreuses références et thématiques, comme bien sûr le rejet de la guerre de par sa violence et ses conséquences, mais également un message écologique lorsqu’on constate que la haine des deux camps n’a finalement engendré que la destruction aveugle.
Impossible également de passer outre les références religieuses martelées à plusieurs reprises durant le métrage par un prêtre fanatique convoquant sans cesse le ciel et entraînant ses troupes aussi brillamment que le ferait un sergent instructeur à continuer leur vendetta contre les licornes car, finalement, c’est le ciel qui veut qu’il en soit ainsi. Autre référence biblique : l’affrontement entre deux frères que tout oppose, Célestin et Dodu, l’un obsédé par le pouvoir tandis que l’autre, de nature plus douce, préférerait au contraire éviter le combat. Difficile de ne pas faire le rapprochement entre les frères Abel et Caïn de la Bible, en particulier lorsque nous assistons à l’émergence du mal par le biais de la jalousie grandissante de Célestin.
L’un des points forts d’Unicorn Wars est donc de parvenir à déployer une intrigue en un mythe intemporel et universaliste brassant de nombreuses thématiques qui, malheureusement, ne parviennent pas à être toutes traitées de manière équilibrées, ce qui engendrent de gros problèmes de rythme.
Cependant, ses références religieuses et son pessimisme misanthropique marquent durablement les esprits, au point que nous suivons toujours l’histoire avec intérêt jusqu’à une conclusion glaçante à laquelle on pourra reprocher sa brièveté, mais qui finalement nous apporte presque toutes les réponses.
Des moments de pure rêverie alternant avec des scènes de barbarie, le tout saupoudré de références tant sociales que religieuses jusqu’à réinventer la Genèse, voilà la recette originale d’Unicorn Wars, métrage d’animation comme on en voit fort peu.