Une excellente adaptation du classique de Felix Salten
Bambi. Deux syllabes, un classique de chez Disney, des images que tout le monde ne peut qu’avoir bien ancrées en tête. Malheureusement, on oublie trop souvent que cette histoire n’est pas née dans des studios américains, à l’occasion du dessin animé de 1942, mais en Autriche, sous la plus de Felix Salten. Une histoire inspirée à l’écrivain par un voyage dans les Alpes, et dont le fondamental a quelque peu gêné les ignobles nazis. En effet, le roman fut interdit dans l’Allemagne du troisième reich, car considéré comme une « allégorie politique sur le traitement des juifs en Europe ». C’est cette base littéraire, que l’on comprend précieuse à plus d’un titre, qui sert de socle à la version de Bambi qui nous intéresse dans cet article, et nous allons voir que ce choix est judicieux.
Bambi est un faon, et il apprend avec sa mère ce qu’il doit mettre en œuvre pour devenir un sage et puissant chevreuil. Le but est de survivre dans cette immense forêt, éviter le plus possible les différents pièges tendus par la nature… mais surtout par l’Homme, et le chasseur tout particulièrement. Devenu ami avec Gobo et sa sœur Faline, Bambi coule des jours paisibles, et doit apprendre à se débrouiller seul, sans sa mère qui doit pouvoir s’éloigner. Un jour, un coup de feu retentit, provoque la panique, et le faon perd sa mère ainsi que son ami Gobo. L’hiver arrive alors, et le désormais solitaire Bambi devra être fort pour survivre à cette épreuve, sous l’œil bienveillant du Prince de la forêt…
Tout le monde connaît l’histoire de Bambi, au moins dans les grandes lignes. Cette adaptation du livre de Felix Salten réussit à en délivrer tout le message sans ne rien occulter, tout en trouvant le moyen d’être concis et très clair. Un tour de force qui s’explique de plusieurs manières. Tout d’abord, Kochka a bien compris qu’il ne s’agissait pas de rajouter une flopée de personnages dans un format de livre jeunesse pour lui ajouter de l’intérêt. L’auteur a donc tout intérêt de ne pas se perdre avec les Pan-Pan et compères, et tout à gagner en laissant l’histoire se développer avec simplicité. La place des personnages secondaires n’est pas la même, donc, même si leur utilité dans l’évolution du faon est primordiale. Bambi rend très bien la progression de son personnage, la rend intelligible à l’enfant. Le style de Kochka est aussi très satisfaisant, l’auteure ose utiliser des mots qui provoqueront une réaction chez l’enfant, lui feront poser des questions, et ce point est important. Voilà un livre que son petit vit du début à la fin.
Aux illustrations de Bambi, on retrouve Sophie Lebot, dessinatrice qui a déjà très bien su mettre en images d’autres grands classiques : Blanche Neige Et Les Sept Nains, Raiponce, ou encore Hansel et Gretel. Son style très poétique, bien souligné par des couleurs dans des tons pastels du plus bel effet, est un véritable bonheur pour les yeux. Il règne dans cet ouvrage une ambiance très forte, et l’expérience de lecture accompagnée s’en voit bonifiée. L’enfant est happé par l’histoire, mais dévore aussi les pages de ses yeux curieux, éveillés par une véritable personnalité au crayon. De ce fait, Bambi est un gros coup de cœur de cette rentrée côté littérature jeunesse, tant on aime cette volonté de présenter au bambin ce grand classique sous un jour resplendissant. Du très bel ouvrage, doublé d’une édition tout à fait exemplaire signée Flammarion Jeunesse, qui offre une « jaquette poster » pour les premiers tirages…
Bambi, écrit par Kochka, illustré par Sophie Lebot. Aux éditions Flammarion Jeunesse, collection Père Castor, 32 pages, 14 euros. Dès 5 ans. Sortie le 14 septembre 2016.