Un album intelligent aux illustrations inspirées
Les parents le savent mieux que personne : les enfants ont un intérêt naturel pour l’automobile, cet engin roulant et vrombissant qu’ils savent utiles sans pour autant en comprendre réellement le fonctionnement. Nul doute que l’album L’auto de Roberto part de ce constat, et en extirpe la matière dont sont fait les rêves : l’imagination.
L’auto de Roberto s’intéresse au petit personnage qui s’illustre dans le titre, alors que l’enfant décide d’aller acheter une voiture, belle et qui avance pour de vrai. Armé de sa carte de crédit magique, Roberto se rend dans le premier magasin et achète une automobile, décapotable et d’un beau bleu, avec laquelle il part en balade sur les routes. Après avoir pris plaisir à la conduite, mis de l’essence dans le moteur, l’enfant passe chercher ses parents à la sortie du travail. La journée se termine et Roberto se met à rêver de ce qu’il pourrait bien faire demain. Et s’il allait s’acheter un avion, qui vole pour de vrai ?
L’auto de Roberto déploie une histoire toute gaie et pleine d’énergie, dont le sujet peut surprendre de par son fondamental plutôt sérieux. Roberto et sa carte de crédit magique, sorte de Mastercard Gold pour enfants espiègles et curieux, exaucent le souhait de beaucoup d’enfants : s’acheter une voiture. Et, mine de rien, ce rêve éveillé démontre aux enfants que l’automobile n’est pas qu’un utilitaire pour aller d’un point A à un point B, mais rappelle aussi qu’elle est une source à responsabilité. Il ne faut pas oublier de mettre de l’essence, et surtout en profiter pour aider celles et ceux qui en ont besoin, ici les parents qui revêtissent les besoins des enfants, comme pour mieux faire comprendre à ces derniers leur quotidien et ce qu’implique le fait que les parents viennent les chercher à la sortie de l’école. Cette vérité est traitée avec une finesse qui donne à l’ensemble une tonalité joyeuse palpable, qui fonctionne très bien sur le public ciblé.
On n’est pas étonné de cette belle intelligence de traitement. En effet, le belge Zidrou est à l’écriture de L’auto de Roberto, lui qui a notamment donné une série jeunesse connue de tous, notamment depuis son passage au cinéma : L’élève Ducobu. Le phrasé vise avant tout la clarté, à l’aide de constructions courtes et facilement compréhensibles. Il fallait, pour bien accompagner cette construction littéraire, un dessin plein de personnalité, et l’illustrateur Sébastien Chebret réussit sans conteste à atteindre ce but. Son style délicieusement naïf accompagne bien la rêverie que renferme cet album. On adore ce rendu géométrique et aux couleurs très classieuses, qui va chercher son inspiration dans les années 1960-1970. Un véritable plaisir, une sucrerie à savourer qui régalera les yeux des petits comme des plus grands, et un album que nous conseillons chaleureusement.
L’auto de Roberto, écrit par Zidrou et illustré par Sébastien Chebret. Aux éditions Casterman Jeunesse, 32 pages, 13.90 euros. Dès 2 ans. Sortie le 7 septembre 2016.