Fais comme l’oiseau
La littérature jeunesse se doit de souvent se baser sur un récit initiatique, afin de bien coller à ce qu’un enfant peut y percevoir comme sentiment d’évolution. Le but de proposer le cheminement d’un personnage à travers diverses épreuves afin qu’il en sorte grandi et, surtout, que l’on ressente un véritable progrès, est une figure de style à la fois rassurante et captivante. Nous allons voir que L’envol d’Osvaldo l’utilise avec bonheur, tout en proposant un univers qui nous pousse carrément au coup de cœur.
L’envol d’Osvoldo, vous l’aurez compris, s’intéresse à ce dernier. Pour lui, la vie se résume à la monotonie de son travail et à la compagnie d’un oiseau qui, piaffant de bon cœur, remonte le moral du protagoniste principal. Seulement, un matin, le fidèle ami ne gazouille plus, ni même le soir. Inquiet, Osvaldo s’en va parcourir immédiatement les magasins en recherche d’un remède, et tombe sur un boui-boui jusqu’ici passé inaperçu, plein d’objets mystérieux. L’homme est de suite attiré par une petite plante, que la vendeuse lui décrit comme étant capable de faire le bonheur à qui elle sera offerte. La voilà la solution ! Osvaldo court offrir le végétal à son ami l’oiseau… mais aucune réaction de sa part. Le lendemain matin, la chambre de l’homme est sens dessus dessous : la jungle y a pris ses aises, et la cage de l’animal est désormais vide. Ni une ni deux, Osvaldo part à l’aventure pour retrouver son ami, en se frayant un chemin bien plus loin qu’il n’a jamais été.
L’envol d’Osvaldo est, donc, un récit initiatique clairement défini. Le personnage principal n’est pas spécialement décrit comme une personne en échec, mais plutôt en attente d’un avenir un peu moins terne que celui proposé par la vie citadine. Osvaldo est un homme simple, travailleur, solitaire, mais son amitié avec cet oiseau est un espoir, une lueur qui rappelle à quel point n’importe qui peut prendre son envol. Une espérance en cage certes, réduite à piailler quand le personnage a besoin de compagnie, mais une espérance quand même. Le sens est évident : le protagoniste, tout comme cet oiseau, va devoir se libérer de sa cage, et pour cela il va falloir que Mère Nature le pousse à prendre la route. Ainsi, L’envol d’Osvaldo raconte avec finesse la route vers la liberté, avec un recours au symbolisme à la fois évident et bien vu. Parfait pour être digéré par de jeunes lecteurs, donc.
Un récit initiatique intelligemment symbolique, une splendeur visuelle
L’envol d’Osvaldo est une belle histoire qui aborde aussi bien la fraternité que le besoin d’affranchissement d’un quotidien aussi harassant que peu séduisant. Et cette aventure onirique mènera le personnage à sortir de son train-train réducteur, à partir aussi bien à la rencontre du monde que de ses congénères. L’évolution d’Osvaldo est telle que l’enfant trouvera dans ce somptueux ouvrage la matière nécessaire à une réflexion sur son environnement, et même sur le sens de sa vie. La nature y joue un rôle important, et tant mieux : cela permet aussi de mettre en avant les bienfaits d’une existence en harmonie avec elle.
Et si L’envol d’Osvaldo fonctionne à merveille, c’est aussi grâce à ses illustrations tout simplement grandioses. Il faut d’abord préciser que l’ouvrage profite d’une superbe édition signée Flammarion Jeunesse, dans un format imposant (265 x 375 mm), mais qui s’avère vite nécessaire. Thomas Baas, qui écrit et dessine ce merveilleux album, rend un travail visuel remarquable. Le style naïf, onirique, jouant sur les contrastes verts et rouges, est un pur ravissement pour les yeux. On apprécie certains effets de superpositions, le rendu crayonné de certains éléments, et vous verrez que la double page en rabats dépliants, en plein milieu, provoquera l’émerveillement des petits lecteurs (et même des adultes !).
Au final, L’envol d’Osvaldo est l’un des albums jeunesse de cette fin d’année, qui peut parfaitement se retrouver sous le sapin de Noël, et ce pour un enfant à partir de 5 ans. L’objet en lui-même est un pur délice pour qui aime apprécier la qualité d’une finition aux petits oignons. Un ouvrage d’un bel intérêt, et un objet d’une grande qualité, que demander de plus ?
L’envol d’Osvaldo, un album jeunesse écrit et illustré par Thomas Baas. Aux éditions Flammarion Jeunesse, collection Père Castor, 32 pages, 17 euros. Dès 5 ans. Sortie le 12 octobre 2016.