Un mélange très habile d’Histoire et de science-fiction
La science-fiction est décidément un genre privilégié pour la bande dessinée, elle offre aux auteurs une infinité d’univers à créer, à explorer, à développer. Alors certes, les fins connaisseurs nous avancent qu’il est de plus en plus difficile de déceler un récit « SF » véritablement original, les thèmes ayant du mal à se renouveler. Un petit souci qui, nous allons le voir, ne semble pas devoir atteindre Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze.
Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze met en place un univers pour le moins attrayant. Nous suivons Bloch, un homme calé en Histoire qui ne rêve que de rejoindre les troupes de la Chronosquad. et son rêve devient enfin une réalité : il reçoit un appel du Professeur Koreis, un scientifique gradé qui a sous ses ordres ces policiers des lignes temporelles. Bloch est engagé, et il va devoir vite faire ses preuves au sein d’une petite escouade. Direction l’Égypte antique, période qu’a choisi un couple de jeunes amoureux pour fuguer loin de leurs parents. Bien évidemment, il va falloir les récupérer tout en essayant de ne pas interagir avec les autochtones. Une mission qui va s’avérer plus mouvementée que prévu…
La qualité du récit de Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze tient sur différents éléments, et tous atteignent un très bon niveau. Tout d’abord, nous tenons là l’exemple typique d’un univers riche, au potentiel sidérant. Les cinéphiles de bon goût penseront immédiatement à Timecop (ah, Jean-Claude !), mais même si l’on fait parti des amateurs de ce film on se doit de le signaler de suite : la bande dessinée va beaucoup plus loin. Et on dénombre moins de grands écart, cela va sans dire. Bref, le milanais Giorgio Albertini, éminent archéologue et auteur d’essais historiques, signe ici sa première BD, et force est constater que son contrôle du sujet donne à Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze une tonalité à la fois pointue et fun. Conscient de la bonne tenue de son récit, l’auteur ne tombe jamais dans un déséquilibre entre l’action et la véracité des situations qu’il invoque. C’est aussi cela, la maîtrise.
Une bande dessinée maîtrisée d’un bout à l’autre
Ainsi, Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze reste tout du long un excellent divertissement, au rythme prodigieux, sans ne jamais vouloir trop en faire avec un background historique pourtant hyper carré. On insiste sur ce point : cette bande dessinée arrive à la fois à installer ses personnages, son univers, ses problématiques, en l’espace de quelques pages seulement, et c’est brillant. Attention, cela ne signifie surtout pas que Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze serait une BD légère. Les thèmes abordés ne le sont pas, et l’on sent dès les premières pages que l’auteur a en tête assez de matière pour une série fleuve non pas en terme de tomes (la série en comptera quatre), mais plutôt de pages (240 dans l’œuvre ici traitée). Aborder un monde qui a réussi à mettre en place un business de voyages spatio-temporels, il y a effectivement de quoi faire. Surtout quand on ajoute à la science-fiction un petit côté humain non négligeable, notamment avec une histoire d’amour impossible qui, on en est certain, prendra une certaine ampleur par la suite.
Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze provoque un véritable allant, on le dévore à grande vitesse, et on se surprend à y retourner de suite afin de bien s’imprégner de l’univers. Cette réussite est aussi due à l’illustrateur Grégory Panaccione, qui donne à voir des séquences parmi les plus belles croisées dans la bande dessinée européenne en cette année. On retiendra tous ces passages muets, au cours desquels on peut réellement parler de mise en scène. On sent une véritable personnalité à l’œuvre, qui rejaillit non seulement sur les personnages, dont les mouvements sont toujours très convaincants, mais aussi sur les différents décors. Si parmi vous se cachent des historiens, en herbe ou pas, on vous conseille d’être attentif à chaque détails : tout est bien fignolé. On termine Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze avec une envie débordante : celle de découvrir le tome au plus vite.
Chronosquad Tome 1 : Lune de miel à l’âge de bronze, écrit par Giorgio Albertini, illustré par Grégory Panaccione. Aux éditions Delcourt, 240 pages, 25.50 euros. Sortie le 5 octobre 2016.