Un très bon récit de fantasy dans une situation de siège
Paul Beorn, voilà un nom qui s’est fait une certaine réputation dans le milieu de la fantasy française. Auteur courageux (on vous conseille fortement Le jour où), celui que l’on aborde aujourd’hui à l’occasion de la sortie, en poche chez Milady (Servir froid, Renégat Tome 1 : le chevalier rouge) de Le septième mage-guerrier est en effet considéré comme une plume à suivre. D’ailleurs, il est titulaire du Prix Imaginales des Lycéens 2016 pour le roman que nous abordons aujourd’hui, une récompense qui nous a tout naturellement poussé à nous plonger dans ce livre de fantasy pure.
Le septième mage-guerrier s’intéresse au destin de Jal, un nom que le personnage s’est lui-même choisi et qui signifie « Celui-qui-ose ». Cela vous place un caractère. Il est un soldat à la botte d’une armée plus que violente, et les actes auxquels il participe le laissent sur les rotules. Lassé de massacrer tout le monde sur son sillage, de piller à en perdre la raison, il déserte avec d’autres qui, comme lui, ont envie de se reprendre en mains. Leur cheminement les mène jusqu’à un village qui, jusqu’ici, ne s’est pas encore trouvé sur le passage de l’armée immonde. Mais cela ne saurait tarder. Pris à parti par des habitants apeurés, Jal leur promet de faire ce qu’il peut pour repousser l’ennemi. Une tâche qu’il pense perdue d’avance, mais pour laquelle il va se donner corps et âme, notamment car ce jeune homme amnésique sent que les événements à venir lui apporteront certaines réponses…
Le septième mage-guerrier mêle habilement le récit de siège à la Fort Alamon, et la fantasy assez classique. Roman à la fois accessible et très bien écrit, ce livre est conseillé à la fois à celles et ceux qui voudraient débuter dans le genre de la fantasy, mais aussi aux amateurs de trames hyper cadrées, divertissantes et facile à lire. L’univers est à la fois développé et aisé à bien digérer. Ostérie est un royaume dramatiquement plongé en plein conflit, deux camps s’affrontent au Nord et au Sud, et en toile de fond un thème abordant la xénophobie. C’est efficace bien entendu, et comme souvent on plonge dedans rapidement.
Simple d’accès mais jamais simpliste
D’autant plus que Paul Beorn maîtrise totalement son sujet. Le septième mage-guerrier rappellera énormément d’oeuvres évoquant la figure de l’assaut, et le potentiel humain pour résister à un envahisseur bien plus puissant. Ainsi, la structure en elle-même épouse les passages « obligés » : recrutement, entraînement et autres joyeusetés, qui s’enchaînent à un rythme carrément trépidant. On ne s’ennuie jamais dans Le septième mage-guerrier, et c’est peut-être bien là l’un de ses plus gros atouts. Mis à part quelques passages sexys peut-être un peu capillotractés, mais jamais désagréables, l’auteur joue de ses problématiques avec un brio certain. Clairement, on se sent entre de bonnes mains, et l’écriture fluide, ronde même et bien aidée par une narration à la première personne très efficace, nous pousse toujours à tourner « une dernière page » (le fléau de nos nuits).
Clairement lumineuse et positive, la fantasy qui s’étale dans Le septième mage-guerrier offre tout de même quelques éléments troubles. On pense surtout, et bien évidemment, à l’antagoniste, un peu basique dans son traitement mais hyper efficient dans le rôle de la menace qui plane. Mais aussi, et surtout, au caractère parfois étrange de Jal, bien moins lisse que ce que l’on pouvait craindre. Son rapport aux femmes, sa voix intérieure qui figure être celle de son maître, les cauchemars dont il est fréquemment victime et bien évidemment sa mystérieuse amnésie : tout nous donne envie de le découvrir petit à petit. Et, sans ne rien vous spoiler, on peut vous dire que certains rebondissements fonctionnent au-delà des espérances.
Le septième mage-guerrier est, pour tout cela, un roman de fantasy que l’on conseille fortement à un public en recherche d’une porte d’entrée de qualité. D’une longueur pas du tout décourageante, distillant un background poussé juste ce qu’il faut pour rester digérable par tout le monde, le roman est aussi une lecture savoureuse pour qui aime les récits de siège. Un bien bel ouvrage donc, que l’on peut découvrir sans hésiter.
Le septième mage-guerrier, un roman écrit par Paul Beorn. Aux éditions Milady, 663 pages, 7.90 euros. Sortie le 20 janvier 2017.