Après un premier tome prometteur, rythmé et riche en rebondissements, il est temps de nous pencher sur le deuxième volume du comics Lady Mechanika de Joe Benitez, édité chez Glénat, qui vient de publier le 3e tome des aventures de la Femme Mécanique.
Une suite classique mais efficace
Nous retrouvons l’héroïne exactement là où nous l’avions laissée à la fin du tome 1 : à la cérémonie d’ouverture de la convention Mechani-Con, où son ennemi juré, Blackpool, présente devant la foule ébahie un aéronef ultra-perfectionné, l’Hélio-Krak, véritable cité aérienne. Pressentant que ce vaisseau abrite la réponse à la mystérieuse disparition de la jeune fille mécanique aux griffes d’aciers aperçue dans le premier tome, Mechanika et son acolyte Lewis décident de s’introduire à son bord à l’occasion d’un bal masqué. Ils seront rejoints par la famille de la disparue, artistes d’un cirque roumain.
Lady Mechanika tome 2 commence de manière relativement tranquille, avec un certain nombre de scènes de dialogues entre les différents personnages visant à développer leurs relations et apporter quelques pistes sur les raisons qui rendent la jeune Seraphina aussi précieuse pour les expériences auxquelles Blackpool est lié. Pourtant, le scénario est ultra-serré, de sorte que ce deuxième volume se lit tout aussi vite — voire encore plus rapidement — que le précédent. Dès lors que Mechanika et sa petite équipe parviennent à se faufiler dans les pièces secrètes de l’Hélio-Krak, les rebondissements s’enchaînent jusqu’à la fin, aboutissant à une conclusion assez forte, quoi que l’épilogue en lui-même soit assez abrupt dans la forme. L’intérêt ne réside pas nécessairement dans l’originalité de l’intrigue, qui comporte finalement des éléments assez classiques déjà vus dans des films de monstres, par exemple, mais bien dans cette forme fluide et très accrocheuse, parfaitement maîtrisée et qui ne laisse pas le temps au lecteur de souffler.
Un style gothico-steampunk expressif, plus coloré qu’à l’accoutumée
Alors, bien évidemment, pour adhérer à Lady Mechanika, il faut goûter au style gothico-steampunk très marqué de Joe Benitez, le terme gothique étant ici à entendre dans le sens moderne de cette esthétique, plutôt qu’à ses racines XIXe. Donc, si la vision anachronique d’une adolescente roumaine arborant une robe et une perruque rose fluo dans un Londres victorien alternatif vous fait hausser les sourcils, vous préférerez sans doute passer votre chemin. Le style de Benitez reste assez similaire à celui du premier volume, si ce n’est que le coloriste Peter Steigerwald profite ici du prétexte du bal masqué à bord de l’aéronef pour adopter une charte graphique moins froide et plus colorée, allant donc du rose fluo au violet plus flamboyant qu’à l’accoutumée de la robe de Lady Mechanika. Cependant, ces couleurs renforcent également les teintes charbonneuses et les dessins toujours assez sombres du dessinateur. Ses personnages féminins présentent une silhouette toujours aussi sculpturale et des traits très expressifs.
L’ensemble est divertissant et attachant, bien que cela ne suffise pas à masquer tout à fait certaines ficelles scénaristiques qui peuvent donner un aspect arbitraire à certaines décisions des personnages, notamment vers la fin. Quoi qu’il en soit, l’histoire continue d’avancer et l’on commence à entrevoir, à l’issue de ce second tome, ce qui est probablement arrivé à Lady Mechanika, héroïne amnésique en quête de ses origines De nouveau, la conclusion ne joue pas sur un cliffhanger trompeur pour convaincre le lecteur de continuer à suivre le comics, mais cette édition collector en tirage limité contient néanmoins, en plus de quelques croquis et illustrations des fascicules américains, les premières pages du tome 3, qui nous amènera vers d’autres contrées… On vous reparle donc de la suite très vite.
Lady Mechanika, tome 2 – édition collector de Joe Benitez, couleurs par Peter Steigerwald, Glénat Comics, sortie le 25 octobre 2016, 112 pages. 14,95€