Le tome de la confirmation : il faudra compter avec Lockdown
Après vous avoir fait découvrir le premier tome de Lockdown, on se demandait ce qu’allait donner la suite de cette œuvre bourrée de potentiel. Couronné de succès au Japon, où il s’est déjà vendu à plus d’un million d’exemplaires, ce manga se démarque par une tonalité grave, issue d’une situation écolière qui ne fait qu’ajouter une saveur pernicieuse. Nous avions quitté le tome initial avec une certitude : les intrus, véritables terroristes preneurs d’otages, n’étaient pas intervenus au lycée Kaishin les mains vides. La menace biologique désormais connue, et crainte, le lecteur croulait sous les questions. Notamment, qui est cette Hozuki, chef des terroristes, et dont la soudaine guérison cache évidemment une partie du mystère ?
Lockdown T2 débute par un petit retour en arrière, qui nous explique très succinctement où se situait Jun avant son retour remarqué, en toute fin du premier tome. Une bonne manière de combler, avec une certaine énergie, quelques vides scénaristiques sciemment distillés. Après s’être concentré sur la mise en place des forces en présence, cette suite exploite toute la richesse dramatique que l’on sentait poindre. La redoutable Hozuki tient plus que jamais les rênes, et le récit s’amuse à multiplier les problématiques pour le moins vicieuses, on y reviendra un peu plus bas. Concernant le scénario en lui-même, il progresse petit à petit, et significativement sur la fin. Ce tome confirme plus qu’il ne creuse : confirmation de la cruauté absolue des terroristes, confirmation de l’état de siège, confirmation que tous les personnages sont en grand danger.
Un récit de plus en plus redoutable
On évoquait des situations amorales, et Lockdown T2 en propose l’une des plus redoutables qu’on ait pu lire dans un manga. Nous ne vous la spoilerons pas, afin d’en laisser la totale découverte à nos chers lecteurs, mais sachez qu’on en a eu le frisson. Le but de cette manœuvre si particulière, manigancée par une Hozuki encore plus imaginative qu’incendiaire, ouvre là encore certaines perspectives, qui font de Lockdown un manga certes plein de suspens, un divertissement rondement mené, mais aussi une œuvre pleine de sens. L’humanité, ses réactions parfois troublantes quand son instinct de survie se réveille, est dore et déjà passée à la loupe, d’une manière certes grandiloquente mais plutôt juste fondamentalement. D’ailleurs, le scénariste Michio Yazu refuse toute lecture unilatérale des événements relatés, ce qui est habilement emmené par la problématique liée à Jun, obligé de se faire passer pour l’un des terroristes.
Lockdown T2 met certes un peu de côté la menace biologique, du moins pendant un temps, mais cela ne signifie pas pour autant que le récit est plus centré sur la cruauté de la situation. Non, cette suite se savoure comme la conclusion d’une introduction, ce qui se vérifie dans une toute fin qui annonce la couleur pour la suite de la série. Impossible de ne pas toucher quelques mots concernant l’excellent travail de Nykken, le dessinateur de cette série, toujours aussi savoureux aussi bien dans la mise en scène que la représentation de la violence. Et ses quelques légers recours au fan service nous ont même séduit. Une bien belle confirmation, donc : il va falloir compter avec Lockdown.
Lockdown T2, un manga scénarisé par Michiu Yazu, dessiné par Nykken. Traduit par Anne-Sophie Thévenon. Aux éditions Ki-oon, 192 pages, 7.65 euros. Paru le 9 février 2017.