Caractéristiques
- Auteur : Olivier Milhiet
- Editeur : Delcourt
- Collection : Terres de légendes
- Date de sortie en librairies : 26 avril 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 48
- Prix : 14,50€
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- Note : 8/10 par 1 critique
Une série de fantasy décalée qui réussit son introduction
Le fantasy et la bande dessinée, c’est une histoire d’amour qui semble durer depuis toujours, une tonne d’oeuvres peuvent en témoigner. Aujourd’hui, nous abordons un caillou dans cet océan, mais qui risque bien de faire assez de bruit pour tirer son épingle du jeu. En effet, Venosa Tome 1, sous-titré Cinq cadavres sur le pavé, débarque avec l’intention d’utiliser les codes du genre, pour mieux le dynamiter. Est-ce suffisant pour réellement nous marquer ?
Venosa Tome 1 prend place dans la ville qui donne son nom au titre. Cette cité n’a jamais été accueillante pour les humains alors, quand ceux-ci se décide à passer à l’attaque pour la conquérir, pas sûr que le roi Jaranis se refasse une cote de popularité. Devant la désastreuse incapacité de ses troupes pour mener à bien cette offensive frontale, le souverain décide de se lancer dans un siège long et éprovant. Malgré cette épreuve, les habitants de Venosa continuent de vivre, mais pas du mieux possible. En effet, le lieu devient un véritable coupe-gorge, où la drogue opalum fait des ravages et les meurtres violents se multiplient, comme celui de cinq convoyeurs massacrés pour un butin bien étrange. Le Maître de la police du coin, l’impitoyable Gargarine, se met alors sur l’enquête. Pendant ce temps, le groupe de voleurs coupables de ce méfaits se rendent compte qu’ils ont hérité d’un objet magique, si puissant qu’il transforme le bras d’un des leurs en jambe. Et ils ne sont pas au bout de leur peine, car bientôt le mage victime du larcin va manifester son ressenti…
Venosa Tome 1 sort un peu de nulle part (pour nous, en tout cas), et pourtant la série est d’ores et déjà l’une de celles que nous vous conseillons de suivre au plus près. Olivier Milhiet (Spoogue, Caravane), scénariste et illustrateur, accompagné d’Albertine Ralenti (Holorogium) à la couleur, distille une histoire à la convergence de plusieurs courants. Tout d’abord, on pense évidemment à la fantasy, puisque l’univers dans lequel se déroule l’intrigue invoque des créatures fantastiques dans un décorum ancien. Pas de trolls à l’horizon, ni de gobelins, mais une galerie composée de différents monstres (poissons gigantesques, limaces imposantes servant de monture), d’êtres anthropomorphiques et autres humanoïdes tout à fait classiques. Au sein de ce monde, Venosa fait image d’arche, les humains n’y ont pas accès, et ce qui s’y passe n’est pas spécialement enviable. Beaucoup de drogues, de complots, de violence, en bref un équilibre primaire mais que les habitants semblent cultiver.
Venosa Tome 1 débute aussi une intrigue policière. En effet, si tout se déroule sous la menace du siège, c’est bien ce qui se trame à l’intérieur de la ville qui nous intéresse dans ce premier tome. Un meurtre brutal a lieu, et différentes forces en présence vont se mettre en marche. On apprécie beaucoup le personnage du Maître Gargarine, aussi intraitable qu’alerte, et qui doit composer avec les messes basses de ses supérieurs. En parallèle, la magie fait son entrée dans la danse, avec des éléments carrément flippants (et très référentiels, on pense notamment à Alien), qu’on vous laisse découvrir par vous-même. Tout ces éléments, fondamentalement sérieux, sont contrebalancés par un humour assez noirs pour ne pas dénaturer la substantifique moelle de ce début de série. Les dialogues sont fichtrement bien écrits, les personnages aussi d’ailleurs, et les situations s’enchaînent avec un peps rafraîchissant. La toute fin fait rentrer le récit dans une sorte de fantastique flyé bien appétissant, qui nous pousse à écrire ces quelques mots : vivement la suite !