[Critique] L’homme invisible T1 – Dobbs, Chris Regnault

Caractéristiques

  • Auteur : Dobbs, Chris Regnault, Arancia Studio
  • Editeur : Glénat
  • Collection : H. G. Wells Collection
  • Date de sortie en librairies : 29 mars 2017
  • Format numérique disponible : Oui
  • Nombre de pages : 56
  • Prix : 14,50€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 7/10

Un homme invisible qui ne passe pas inaperçu

Avec La machine à explorer le temps, nous vous avions déjà touché quelques mots au sujet d’une des plus belles séries en cours chez Glénat (Croquemitaines, Lady Mechanika) , celle consacrée aux œuvres de H. G. Wells. Comme vous le savez, la carrière de l’écrivain britannique est pavée d’ouvrages parmi les plus lus de la littérature fantastique, et le choix est large quand on veut prendre un exemple pour illustrer cet état de fait. Aujourd’hui, c’est L’homme invisible qui est invoqué, et là encore il est impossible que vous n’en connaissiez pas au moins le concept, notamment grâce aux multiples adaptations au cinéma, de James Whale (L’homme invisible, 1933) à Paul Verhoeven (Hollow Man, 2000), en passant par John Carpenter (Les aventures d’un homme invisible, 1992). Précisons qu’il s’agit d’un premier tome, et qu’un autre est d’ores et déjà disponible.

Comme toujours, il est intéressant de se rendre compte que l’histoire de l’œuvre originale est respectée dans les grandes lignes, sans pour autant que le cheminement ne prenne quelques libertés. L’homme invisible Tome 1 n’échappe pas à ce constat : il passe sur toute l’évolution de son personnage principal pour mieux l’introduire sur les lieux de ses premiers de ses premiers vrais méfaits : le village d’Iping. C’est par une nuit enneigée de février qu’il prend place dans une auberge dont l’accueil est proportionnel à sa fréquentation. Là, l’homme aux bandelette va étaler son laboratoire afin d’essayer de trouver un remède à son sinistre état. Malheureusement, sa nature très irascible va prendre le dessus…

Comme le signale le macaron rouge sur la couverture, que l’on s’empresse de retirer afin de pleinement rendre hommage à la sublime couverture, L’homme invisible Tome 1 se destine aux « juniors ». Plus précisément, l’histoire sait clairement se faire apprécier d’un public qui découvrirait l’œuvre de H. G. Wells, cependant il serait erroné de penser que cette cible impose une retenue de traitement. Si l’on regrette un peu le manque de contexte propre au personnage, à son background, le choix d’en faire un mystérieux scientifique est aussi une option recevable, qui fonctionne grâce à un récit se délectant de cette étrange intervention dans l’apparemment paisible village d’Iping. On compte même de véritables poussées de tension, notamment dans une seconde moitié très mouvementée.

Un récit modifié, qui garde la substantifique moelle

Dobbs (Ted Bundy, Alamo), l’auteur de L’homme invisible Tome 1, a bien compris l’intérêt de placer son personnage comme maillon dégénéré d’une chaîne ancrée dans un calme que l’on sent bien installé. On découvre des habitants d’Iping de manière intime, du moins le scénariste aime à nous en présenter certaines pensées, comme cette employée de chambre qui, en réalité, ne supporte pas sa patronne. Le physique avantageux de cette jeune femme sera d’ailleurs remarquée par l’homme invisible qui, sans atteindre la folie de Hollow Man, est tout de même du genre à vite perdre les pédales. Instable psychologiquement, on remarque aussi un refus de renseigner son identité, ce qui prouve bien que, s’il cherche à retrouver son humanité, il est aussi tiraillé par les avantages que son état lui accorde. Un dilemme qui explose dans la seconde moitié de ce tome, alors que le scientifique ne jure plus que par une vengeance sans limites.

L’homme invisible Tome 1 capte bien l’essence de ce personnage devenu mythique. Psychotique, misanthrope au possible, constamment sur le fil du rasoir, il hante le village, le pourrit de l’intérieur. En cela, l’album est clairement une réussite, et peut absolument être conseillé à un « junior » désireux de découvrir H. G. Wells, avant de se lancer dans le roman tout du moins. Quant au dessin, signé Chris Regnault (Une bulle en plus), on lui trouve bien des qualités : réalisme qui ne pousse pas le bouchon trop loin, expressions des personnages bien dans le ton, mise en scène toujours lisible, couleurs éclatantes (assurée par Arancia Studio) qui ne forcent jamais l’impression. Du bien bel ouvrage.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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