Caractéristiques
- Auteur : M. M. Chen (scénario), Joe Benitez & Martin Montiel (dessin), Mike Garcia (couleur)
- Editeur : Glénat
- Collection : Glénat Comics
- Date de sortie en librairies : 8 mars 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 160 pages
- Prix : 14,95€
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- Note : 5/10 par 1 critique
Après un tome 2 classique tout en étant de bonne tenue, Lady Mechanika change de décor pour son 3e volume, qui rompt avec la continuité narrative et s’écarte de la quête des origines de la justicière mécanique le temps d’une histoire indépendante où l’héroïne jouera les aventurières à la Indiana Jones. Société secrète ésotérique, parchemins codés, site archéologique africain, jungle et désert font partie des éléments du cocktail de cette Table des ancêtres qui tire parti de ces décors épiques revisités par l’imaginaire steampunk pour embarquer le lecteur dans une grande aventure ne ménageant que peu de temps mort.
Des décors dignes d’Indiana Jones
Une fois n’est pas coutume, Joe Benitez a délégué le scénario à Marcia M. Chen, qui avait déjà signé Wraithborn avec lui, tandis qu’il s’est adjoint les services de Martin Montiel pour réaliser les dessins à ses côtés. Visuellement, le résultat, superbe et riche d’une multitude de détails, est sans doute ce que l’on a pu voir de mieux depuis le début de la série. Tout en restant dans la gamme chromatique propre à l’oeuvre de Benitez (et en faisant cette fois-ci l’impasse sur les couleurs plus vives du tome 2), La Table des ancêtres vient dynamiser un peu l’univers visuel du comics, dont l’imagerie victorienne urbaine revue à la sensibilité gothique moderne menaçait quand même de s’essouffler à terme. Sans être véritablement novateurs, ces décors de littérature d’aventure s’accommodent très bien du style Lady Mechanika, qu’ils viennent complexifier, lui évitant de tomber dans la monotonie.
Les réserves viennent davantage du scénario, classique, mené de manière plutôt efficace, mais qui ne tient pas véritablement le lecteur en haleine. L’héroïne y joue encore une fois les justicières au grand coeur, s’élançant à la poursuite de l’organisation qui a fait kidnapper Winifred, la nièce d’Archie, afin de faire pression sur son grand-père, lui aussi enlevé pour l’obliger à retrouver le site d’une cité perdue évoquée dans des textes de la mythologie sumérienne, et qui abriterait la fameuse Table des ancêtres. Pour compliquer le tout, le professeur Thomsen ferait partie de l’ordre de la Rose Croix, une société secrète ésotérique réputée pour être initiée aux secrets de l’alchimie. Lady Mechanika va donc remonter ces différentes pistes pour retrouver Winifred et son grand-père avant que le pire n’arrive.
Un récit d’aventures classique manquant de souffle
Si nous avons là les ingrédients d’un récit d’aventures saupoudré de fantastique (là encore, Indiana Jones semble être la référence de Marcia Chen et Joe Benitez) classique et plaisant, la mise en oeuvre reste trop peu haletante et, surtout, trop conventionnelle. L’ordre de la Rose Croix alimente de nombreuses légendes depuis des siècles et fait partie de l’imaginaire ésotérique, mais les références à son histoire et sa philosophie restent assez simplistes et n’ont pas de réelle importance au sein du récit, malgré les différentes citations de textes anciens de différentes sources. Alors certes, les dialogues nous apprennent des informations pertinentes sur l’ordre, comme le fait que les Rosicruciens ne s’intéressaient pas vraiment à l’alchimie pour pouvoir changer le plomb en or, mais davantage en raison de l’idée de transmutation se trouvant au centre de cette philosophie, qui comporte des enjeux tant spirituels que moraux.
Mais, là encore, tout cela est pur prétexte et l’on a parfois un peu du mal à voir quels sont les enjeux véritables, au-delà du sauvetage de Winifred et du professeur Thomsen. Certains méchants étant de retour, il reste néanmoins crédible que l’ordre de la Rose-Croix ne réapparaisse dans la série par la suite et que l’on en apprenne alors davantage. Pris de manière indépendante, Lady Mechanika, tome 3 se révèle être un volume plaisant et plutôt divertissant, mais aux ressorts trop attendus pour nous entraîner autant que nous l’aurions souhaité, d’autant plus que l’histoire de l’héroïne est momentanément laissée de côté. Ce comics devrait obtenir les faveurs des inconditionnels des deux premiers tomes, mais pourra confirmer les réserves de ceux craignant que l’univers de Joe Benitez ne montre assez vite ses limites.