Caractéristiques
- Titre original : The LEGO Ninjago Movie
- Réalisateur(s) : Charlie Bean, Paul Fisher & Bob Logan
- Avec : Jackie Chan, la voix France de Teddy Riner et les voix originales de Dave Franco, Jackie Chan, Justin Theroux, Olivia Munn, Michael Pena...
- Distributeur : Warner Bros France
- Genre : Animation, Comédie
- Pays : Etats-Unis
- Durée : 1h41
- Date de sortie : 11 octobre 2017
- Note du critique : 5/10 par 1 critique
Alors que le jeu vidéo LEGO Ninjago vient de sortir sur consoles, le film (distinct de la série animée éponyme) débarque sur nos écrans le 11 octobre, soutenu par une solide campagne de promotion et le marketing qui va avec. Après un premier opus, La grande aventure LEGO, qui avait été très bien reçu grâce à son inventivité et sa capacité à exploiter le concept du célèbre jeu de construction au sein d’un long-métrage, la franchise accusait l’an dernier quelques signes de faiblesse, avec un LEGO Batman, le film en-deçà du haut niveau d’exigence établi en 2014 par cette réussite initiale. Du coup, l’inévitable question ici était de savoir si les réalisateurs Charlie Bean, Paul Fisher et Bob Logan parviendraient à gommer les défauts du précédent volet tout en allant plus loin dans la technique, comme cela était vanté…
Entre montage hystérique et trouvailles visuelles
Pour ce qui est de l’atténuation des défauts, le résultat est en demi-teintes : ainsi, le premier acte peine à éveiller l’intérêt en raison d’une introduction hystérique et bavarde. Le montage, effréné, intercale action, présentation des personnages et humour bas du front autour des réseaux sociaux et leurs aléas sur la réputation des lycéens, et le rendu est tellement plat malgré la volonté d’imposer un rythme survolté que la réaction chez le spectateur adulte moyen est l’ennui. Ce problème de rythme se manifeste le plus lourdement durant la première demi-heure : on a l’impression que l’équipe du film avait tellement peur que les jeunes spectateurs s’ennuient qu’ils ont cherché à leur en mettre plein la vue, sans même réaliser qu’un film a aussi besoin de contrastes et qu’un enchaînement de séquences au montage saccadé avec de la musique et des cris à pleins tubes ne suffit pas à créer une oeuvre dynamique pour autant. Cet ennui latent n’est pas arrangé par des dialogues manquant de finesse pour la VF : ils ne sont certes pas vulgaires, mais apparaissent très plats et enfantins.
Cependant, malgré ces reproches qui font que LEGO Ninjago, le film ne part pas vraiment du bon pied, la suite réserve quelques bonnes surprises, à commencer par l’intégration d’éléments du monde réel au sein de cet univers LEGO animé. Qu’il s’agisse de l’eau ou de la forêt de bambou, les réalisateurs et l’équipe d’animateurs chevronnés d’Animal Logic ont tenu à fusionner ces deux dimensions pour un réalisme accru, qui nous renvoie bien entendu à la manière dont nous nous servons d’objets de notre quotidien et d’éléments de notre environnement lorsque nous jouons.
L’arrivée du chat géant — très réaliste, mais entièrement numérique — qui se met à détruire toutes les constructions façon King-Kong et Godzilla réunis sous l’effet d’un laser pointé par l’un des personnages est ainsi une excellente trouvaille, aussi drôle qu’attachante et efficace. Qui ne se souvient pas, en effet, avoir surpris son cher matou en train de dormir en plein milieu de ses LEGO et Playmobil, ou même jouer avec les petites briques comme avec une balle ? Dans ces scènes, enfin, le film de la Warner parvient à retrouver le plaisir que l’on a, enfant, à construire un monde à part entière dans sa chambre ou son jardin. Jeune public et spectateurs adultes se voient ainsi réunis de manière assez probante et notre attention est enfin mobilisée.
Une intrigue familiale classique véhiculant un message positif
Du coup, on peut enfin (un peu) s’intéresser à l’histoire en elle-même, classique et jouant sur des ressorts de conflit père-fils à la Star Wars, mais qui se suit sans déplaisir dans l’ensemble. Sans atteindre des sommets, les dialogues sont un peu mieux gérés et une certaine structure se dégage de la narration. On saluera également des combats de LEGO ninjas joliment chorégraphiés par Jackie Chan, et quelques très beaux plans durant les scènes d’action qui montre que l’équipe a malgré tout conservé un certain niveau d’exigence en la matière. Cela n’est pas entièrement suffisant pour faire oublier une certaine surenchère puisqu’on a un peu l’impression que les réalisateurs ne savent pas toujours quand s’arrêter, mais le résultat se tient et se laisse regarder, d’autant plus que les différentes dimensions LEGO sont bien utilisées. Côté technique, le travail accru sur la lumière donne une esthétique réaliste au film qui permet à la franchise d’aller plus loin.
Au final, LEGO Ninjago, le film n’est ni la catastrophe redoutée, ni vraiment le digne successeur de La grande aventure LEGO espéré. Si l’on regrette un montage souvent hystérique (surtout au début), la dimension trop simpliste des dialogues et le manque de surprises de l’intrigue, on saluera néanmoins l’utilisation jubilatoire du chat géant so cute en terrible monstre destructeur, des scènes de combat joliment chorégraphiées et des améliorations techniques très convaincantes du point de vue de l’animation.
Il faut cependant avoir conscience que, contrairement au premier film, ce nouvel opus s’adresse davantage aux enfants qu’aux ados (et même pré-ados) ou adultes. Un changement de cap que l’on pourra trouver frustrant, et qui s’explique sans doute par des raisons purement marketing. Une fois cela posé, LEGO Ninjago, le film peut se laisser apprécier comme un sympathique blockbuster véhiculant un message positif autour des valeurs familiales et de l’amitié, et mettant aussi en garde les enfants contre les aléas de la technologie, qui peut nous faire défaut. L’imagination que chacun possède et qui ne demande qu’à être développée demeure alors le plus grand des super pouvoirs.