Caractéristiques
- Auteur : Xavier Chimits
- Editeur : Solar
- Date de sortie en librairies : 19 octobre 2017
- Format numérique disponible : Non
- Nombre de pages : 173
- Prix : 36,90€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
Un regard passionné dans le rétroviseur
« De mon temps, si tu freinais dans un virage tu faisais une Alesi« . Ce genre de phrase, tout automobiliste trentenaire l’a déjà entendu au moins une fois dans sa vie, en n’y prêtant guère trop d’attention. Pourtant, il est vrai que la bagnole a tracé son chemin, depuis sa démocratisation, au début des années 1950. Le beau livre que nous abordons aujourd’hui, intitulé La France au volant, propose au lecteur de se poser au bord du chemin, et de regarder dans le rétroviseur (puis d’embrayer sur le temps présent, et l’avenir, sur la fin). On avait un peu peur de la tonalité de l’ouvrage, que l’on redoutait simplement nostalgique, mais nous allons voir que l’auteur, Xavier Chimits (Tous les Championnats du Monde de F1, Schumacher, la légende) a su soigneusement éviter ce piège.
Pour tout vous dire, on a même eu l’impression que l’auteur avait lu dans nos pensées. Dès l’introduction de La France au volant, Xavier Chimits prévient : non, la voiture ce n’était pas mieux avant. C’était sans doute beaucoup plus sportif, moins assisté, plus «roots» pour ainsi dire, mais certainement pas mieux. Les soixante-dix années d’évolution de la mécanique si bien huilée ont accouché d’une utilisation de la voiture plus sécurisée, de meilleurs rapports avec les professionnels de la vente et de l’entretien, et plein d’autres progrès indéniables. Mais il est aussi irréfutable que cette marche en avant constitue une Histoire dans l’Histoire de France, et c’est celle-ci que l’auteur nous conte.
Sans grande nostalgie, l’auteur capte l’évolution de notre rapport à l’automobile
La fusion entre Peugeot et Citroën, la courbe alarmante de la mortalité sur les routes avant que des règles et mesures de sécurité ne viennent encadrer tout ça, le moteur qui devient intelligent, bien des sujets sont abordés, tout au long de ces 173 pages. La France au volant se lit comme une bonne balade sur une belle nationale. On admire le paysage, tout en étayant notre culture générale. En effet, l’auteur prend le temps de bien aborder chacun des points d’intérêt, sans pour autant forcer vers le contenu encyclopédique. On apprécie, et c’est un exemple parmi tant d’autres, tout le passage sur l’auto-stop. Il rappelle que, si les automobilistes s’arrêtaient plus fréquemment auparavant, ce n’était pas non plus systématique, comme on a tendance à nous le faire croire. Et il y avait des raisons à cela, que vous découvrirez dans l’extrait de journal utilisé, afin d’étayer le propos. En effet, Xavier Chimits invoque des contenus issus de L’Auto-Journal, feuille de référence et destinée au conducteur moyen. Cela apporte un cachet authentique assez savoureux.
La France au volant, c’est aussi pas mal d’images d’archives. Une petite poignée d’entre elles pourront paraître un peu trop petites, mais il a fallu faire des choix, afin de privilégier le contenu. Des photos éminemment précieuses, d’un point de vue esthétique certes, mais aussi culturel. car, à travers cette route empruntée, ce sont aussi les français qui sont abordés. On pourrait même penser que, au sein de l’Histoire qui nous est contée, il existe deux France : celle d’avant 1974, année charnière qui apporte la contrainte et le début d’une vraie régulation, et celle d’après. L’insouciance, parfois dangereuse, fait place à la gravité, puis, actuellement, la morosité, même si l’auteur refuse de penser que la voiture dépassionnée n’existe pas. Cela traverse les dernières pages : les automobilistes vont devoir faire face à de nouvelles habitudes de conduites, que l’on va nous imposer. Il y aura moins de rapport à la route, par exemple. On va certainement perdre en charme ce que l’on gagnera en sécurité, et en respect de la Nature. Un mal pour un bien, et une intéressante manière de boucler un beau livre que les passionnés devraient s’arracher.