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[Critique] Kickboxer : un film culte et séminal

Caractéristiques

  • Titre : Kickboxer
  • Réalisateur(s) : Mark DiSalle
  • Avec : Jean-Claude Van Damme, Michel Qissi, Dennis Alexio, Dennis Chan, Haskell Anderson
  • Distributeur : 20th Century Fox
  • Genre : Action
  • Pays : Etats-Unis
  • Durée : 97 minutes
  • Date de sortie : 2 août 1989
  • Note du critique : 9/10

Un sommet du cinéma d’action

image film kickboxer
Une histoire d’apprentissage, et de revanche.

 

Deuxième grande réussite pour Jean-Claude Van Damme ! Première (et unique) réalisation de Mark DiSalle, lui qui est le producteur heureux d’un certain Bloodsport, et de Coups Pour Coups, Kickboxer est un véritable monument du cinéma d’action. Et la confirmation définitive que le plus bondissant des belges avait, à ce moment précis, toutes les portes ouvertes pour se faire une sacrée place aux États-Unis. Œuvre qui aura lancé le film d’entrainement (en Occident tout du moins, le cinéma HK avait déjà creusé ce sillon depuis bien longtemps), un sous-genre que l’on retrouvera tout au long de la première moitié des années 1990, le log métrage a durablement marqué les esprits. Et autant vous le signifier de suite : c’est bien normal.

Kickboxer réunit tout pour nous embarquer dans un film d’action de haut niveau. Tout d’abord, le scénario sait se faire simple mais diaboliquement efficace. Le champion Eric Sloane (Dennis Alexio), accompagné de son frère Kurt (Jean-Claude Van Damme), enchaîne les victoires. Et, avec le succès, il gagne en orgueil, jusqu’à ne plus toucher terre. Afin de prouver sa supériorité au monde entier, le duo s’envole pour la Thaïlande, où le plus grand combattant du pays les attend : le très impressionnant Tong Po (Michel Qissi). Eric ne voit pas le danger qui se profile, mais Kurt aperçoit le thaïlandais à l’entrainement. Et le jeune homme n’a jamais vu une telle puissance. Alors qu’il tente de convaincre son frère d’abandonner ce duel, le combat a tout de même lieu. C’est une boucherie, qui résulte sur la paralysie définitive de l’américain trop sûr de lui. Son frangin va tout faire pour le venger sur le ring, mais pour cela il va devoir passer par la case entraînement…

Tout, dans Kickboxer, tient du miracle filmique. Et non, cette phrase d’accroche n’est pas exagérée. Bien entendu, il n’est pas question de rapprocher le film de DiSalle des chefs-d’œuvre du cinéma. Pourquoi un tel constat ? Car toutes les planètes s’alignent, tout au long de l’œuvre. On a droit à une problématique terrible, liée à un sentiment humain que tout le monde peut comprendre. L’orgueil est un vilain défaut, et le destin va se charger de le rappeler, avec tout l’excès de zèle nécessaire afin de construire un récit grandiloquent, et marquant. Une fois son frère définitivement plié, Kurt fonce errer dans les rues de la Bangkok, et tombe sur Winston (Haskell Anderson, très bon, mais qu’on ne verra plus trop au cinéma par la suite), un ancien soldat qui a échoué sur l’île et s’y offre du bon temps. Par chance, il connaît la personne parfaite, afin d’aider Kurt à progresser, martialement : le légendaire Xian Chow (Dennis Chan). Bon, on fermera les yeux sur le fait que ce coach pratique apparemment tout sauf la boxe Thaï, et qu’il tient plus du chinois continental que de l’autochtone.

Tong Po, l’antagoniste idéal

Kickboxer devient, dès lors, autre chose qu’un simple film d’action. On aura bien droit à quelques rappels du genre, faisant du Kurt le héros de ces dames, ou plus précisément de Mylee (Rochelle Ashana), la nièce de Xian Chow. En effet, autour du refuge du maître, l’emprise d’un certain Freddy Li (Ka Ting Li), dont Tong Po est le poulain, est terrifiante : lui et sa bande terrorisent les honnêtes gens. Ce qui ne fait qu’ajouter du ressenti à la phase d’entrainement vécue. La souffrance physique envahit l’écran, dans la démonstration d’une courbe de progression très excitante. On constate les progrès de Kurt, et l’on ne peut s’empêcher de souhaiter, au plus profond, assister au combat final, qui s’annonce dantesque. Avant cela, le scénario ajoute encore de la perfidie au personnage de Tang Po, véritable antagoniste diabolique, qui fonctionne d’un bout à l’autre. Dans une séquence, on comprend qu’il agresse, sexuellement, Mylee. Un paralysé, une violée, une population terrifiée, il va falloir que l’immonde personnage se prenne une gigantesque rouste, car le spectateur bouillonne comme rarement !

On en vient, donc, au final de Kickboxer. Le duel tant attendu, le courageux Kurt, contre l’infâme Tong Po. Mais, aussi, Jean-Claude Van Damme faisant face à son  ami, le très sympathique Michel Quissi (aussi vu dans Bloodsport et Full Contact), tout sauf Thaïlandais mais dont la prestation a rendu l’antagoniste éternel. À la revoyure, on a tout de même un petit regret, dans ce combat très bien chorégraphié par le belge lui-même : la dramaturgie est trop liée à ce qu’il se passe en-dehors du ring. En effet, une petite problématique secondaire vient s’immiscer dans le dernier quart du film, histoire de donner à Xian Chow l’occasion de démontrer ses talents martiaux. Cela fonctionne, mais on peut aussi regretter que le montage hache la joute entre les personnages principaux. Surtout, cela justifie le fait que Kurt laisse son opposant lui éclater la tronche. Avant que la situation se règle, et que le héros puisse libérer toute sa rage. Le changement de domination est trop brutale et, finalement, on n’aura pas pu assister à un duel véritablement loyal. Dommage même si, entendons-nous bien, ce point culminant, qui débute par l’image culte des poings plongés dans la colle puis le ver pillé, est délicieux d’un bout à l’autre. C’est juste qu’il lui manque, peut-être, un surplus viscéral.

Enfin, Kickboxer serait un peu moins marquant sans la musique qui baigne ses différentes séquences. On n’ira pas jusqu’à assurer que la bande originale est toujours de bon goût, par contre il est indéniable qu’elle apporte aux combats une sacrée patate. Et l’auteur de ces partitions endiablées, typiquement eighties, c’est un certain Paul Hertzog, aussi au travail sur l’excellente soundtrack de Bloodsport. Cela joue aussi un rôle dans l’ambiance si captivante du long métrage, en ne faisant qu’ajouter à l’héroïsme qui en découle. Au final, Kickboxer est ce genre de petite pépite vers laquelle on aime revenir, de temps en temps. Histoire de se rappeler, entre deux productions actuelles parfois très bidons, habitées de débiles en collants et de protagonistes uniquement pensés pour porter une idéologie (on pense fortement à Evangeline Lilly, dans Ant-Man et la Guêpe, qui devrait jouer dans un bon divertissement, avant de hurler « Time’s up »), qu’il fut un temps où les films d’action atteignaient un sacré sommet de qualité.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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