Cette année pour Halloween, nous vous proposons de découvrir quelques-uns des films d’horreur préférés des membres de la rédaction cinéma de Culturellement Vôtre à travers un angle plus personnel : comment les a-t-on découverts, qu’est-ce qui nous a fait le plus frissonner, pourquoi nous continuons de les revoir ?
Enfin, pour terminer, pour les amateurs de Blu-ray et 4k, nous vous suggérons quelques belles éditions/rééditions sorties récemment .
Guillaume Creis
La mouche de David Cronenberg (1986)
Un film qui m’a marqué et que je m’étais empressé d’enregistrer sur VHS à la fin des années 90 quand il était passé sur Canal + (avec sa suite). La transformation de Seth Brundle (excellent Jeff Goldblum) en mélange d’humain/mouche géante de deux mètres est un classique du body horror. Tout se fait progressivement, tel un cancer qui ronge le personnage, jusqu’aux ultimes minutes où le monstre enlève sa peau. Les scènes traumatiques restent celles de la téléportation du premier singe, quand Seth fait fondre la main et le pied de Stathis et, évidemment, la transformation finale. Une magnifique histoire d’amour sur fond d’horreur.
The Thing de John Carpenter (1982)
Vous l’aurez compris, le thème des trois films est le body horror. Ici, Carpenter étire, déchire et transforme les corps qui ont été assimilés par une entité extra-terrestre. Chaque monstre est différents et pourraiet sortir de nos cauchemars les plus sombres. Le sentiment de paranoïa qui s’étend sur le film nous prend aux tripes grâce à la mise en scène, mais aussi à la musique d’Ennio Morricone. La scène du test du sang est un summum de tension.
Hellraiser : Le pacte de Clive Barker (1987)
Premier film de Clive Barker adapté de sa nouvelle, Hellraiser est une montée en puissance dans l’univers sadomasochiste de Cénobites. Sur fond de drame familial et de trahisons, le film bascule progressivement dans l’horreur. La scène de résurrection de Frank est un modèle du genre. Entre horreur et beauté, le tout magnifié par la musique de Christopher Young, tout aussi étrange et belle que le film. Les trois premières suites seront de qualités variables (le 4 ayant été charcuté au montage). Celles d’après seront très mauvaises.
Lucia Piciullina
Scream de Wes Craven (1996)
Scream est l’un des premiers films d’horreur que j’ai vus, à la prime adolescence. Bien évidemment à la télévision. Adepte de romans de Stephen King, je dévorais ses adaptations cinématographiques, mais n’avais jamais découvert d’autres films de ce genre. Assise sur le canapé du salon aux côtés de mon père, je me rappelle la joie profonde de ces premiers frissons, et l’impression que rien ne pouvait plus me satisfaire que ce mélange d’angoisse et de second degré hilarant. A cet âge, je détournais encore les yeux des scènes les plus sanglantes, mais les mésaventures de ce groupe d’adolescents victimes d’un tueur masqué ont tellement radicalement impacté mes goûts, qu’aujourd’hui encore, l’annonce d’un casting de teenagers ou l’étiquette du slasher suffisent à me faire me ruer dans une salle obscure.
The Conjuring, les dossiers Warren de James Wan (2013)
Quelques années plus tard, en 2013, j’ai vu, au cinéma cette fois, le premier volet de la saga Conjuring, et j’ai découvert ce qui me faisait vraiment vibrer dans le cinéma d’horreur : un film prenant place dans une sphère familiale, des personnages attachants, un climat d’angoisse, et une bonne dose de paranormal. Je n’étais, à l’époque, pas encore aguerrie aux jump scares, devenus par la suite bien trop récurrents dans ce genre de longs-métrages, et certains passages du film m’ont totalement terrifiée. Par la suite, je n’ai quasiment raté aucun des films des studios Blumhouse – à la qualité, certes, très fluctuante – et ma première rencontre avec ce cinéma de possession, efficace et riche en rebondissements, a laissé une empreinte indélébile dans ma cinéphilie naissante.
Midsommar d’Ari Aster (2019)
Après la grosse surprise qu’a constitué Hérédité en 2018, Ari Aster s’est classé rapidement assez haut dans le panthéon de mes réalisateurs préférés. A la lisière entre drame familial et horreur, il parvenait à allier frissons du thriller, protagonistes charismatiques et terreur pure. Il était donc évident que mes attentes pour Midsommar, sorti à peine un an plus tard, étaient très élevées. Je me rappelle pourtant être sortie dubitative de la séance. Les deux heures trente de ce long-métrage ambitieux et fascinant m’avaient profondément impactée, mais je demeurais interloquée par son crescendo et sa fin jusqu’au-boutiste. En le revoyant quelques jours plus tard, j’ai compris qu’il serait désormais l’un de mes films d’horreur préférés de tous les temps. Avec son rythme lent, son travail du paradoxe – les couleurs pastel et le soleil n’auront jamais été aussi angoissants à l’écran – et sa brutalité, je découvrais désormais un autre aspect du cinéma d’horreur que je n’aurais de cesse de rechercher depuis lors : une horreur plus raffinée, plus brute, plus dérangeante et radicale.
Mark Wayne
Vampire, vous avez dit vampire ? de Tom Holland (1985)
Vampire, vous avez dit vampire ? (Fright Night) est un film américain réalisé par Tom Holland et sorti en 1985 avec les acteurs Chris Sarandon, William Ragsdale et Roddy McDowall. Un adolescent sans histoire va bientôt découvrir qu’un dangereux et séduisant vampire vient d’emménager dans la maison en face de chez lui. Aidés de ses amis, il va tout faire pour l’empêcher de nuire.
Certainement le film qui fait le plus vibrer ma nostalgie dans le trio qui est proposé, tout simplement parce que, s’il n’est pas intégralement un film d’horreur, il en mélange brillamment la thématique avec celles du fantastique et de la comédie, dans un équilibre que seules les productions américaines des années 80 et 90 parvenaient à accomplir (aujourd’hui, c’est plutôt du côté de l’Asie qu’il faut chercher).
Ici, ça relève de la potion magique tant les acteurs, l’ambiance, la B.O, le rythme, le maquillage (qui n’a absolument pas vieilli) concordent à faire de Vampire, vous avez dit vampire ? un film exceptionnel à voir (presque) en famille. Pour ma part, je le revois environ une fois par an.
Ring de Hideo Nakata (1998)
Ring, film d’horreur japonais de 1998, est le métrage qui a initié la grande vague de suites et remakes (américains entre autres) sur un nouveau type de revenant : la jeune fille aux cheveux longs.
Néanmoins, aucun de ces métrages n’a jamais su retrouver l’ambiance extrêmement oppressante de l’original. Avec pourtant un petit budget, Hideo Nakata réussit l’exploit de nous faire frissonner avec presque uniquement des sons et en jouant sur le hors champ.
Appuyé par de solides interprétations, le métrage nous convie à une plongée dans l’angoisse via de nombreux éléments, comme la fameuse cassette maudite, ou la séquence finale du fantôme Sadako, dont les apparitions resteront gravées dans les mémoires.
Un must du genre, qui a marqué durablement l’auteur de ces lignes, au prix de quelques nuits blanches, compte tenu du fait qu’à l’époque j’ai été le voir seul en séance de minuit alors que je logeais dans une petite chambre de bonne sur Paris. Ne commettez pas la même erreur que moi et restez solidaires avant de voir ce film !
House of Wax de Jaume Collet-Serra (2005)
En 2005, le réalisateur Jaume Collet-Serra a proposé un remake de L’Homme au masque de cire réalisé en 1953 avec Vincent Price, bien que les deux métrages, hormis la fameuse maison du titre, ne partagent que très peu de points communs (l’original, également doté de très grandes qualités, aurait très bien pu se retrouver dans ces trois propositions).
La grande époque du slasher touchant à sa fin et les Scream relevant presque de l’hommage parodique, je désespérais de retrouver un cru à l’ancienne.
Si, de prime abord, le métrage ressemble à un slasher classique qui en reprend tous les codes, que ce soit les personnages majoritairement très plats ou un scénario de prime abord extrêmement banal, c’est au bout d’une demi-heure que la machine s’emballe lorsqu’on fait connaissance avec la ville dans laquelle se trouve le fameux musée de cire.
À partir de là, on prend plaisir à suivre l’affrontement entre un duo héros/héroïne très équilibré et beaucoup plus intelligent et combatif que d’habitude face à un binôme de tueurs jumeaux particulièrement inventif et agressif.
La tension monte et les événements s’enchaînent, jusqu’à un final apocalyptique dont les effets visuels n’ont pas pris une ride. La maison de cire (House of Wax) est un slasher en apparence basique certes, mais sans doute l’un des meilleurs qui fut tourné.
Cécile Desbrun
Scream 2 de Wes Craven (1999)
Scream 2 est loin d’être le meilleur film de Wes Craven et cette suite reste légèrement inférieure au premier opus. Il n’empêche qu’il a bien vieilli et reste à la fois fun et prenant. Pour moi, il s’agit également clairement d’une madeleine de Proust puisqu’il s’agit du tout premier film d’horreur que j’ai vu en salles à 12 ans, et l’un des premiers vrais films d’horreur que j’ai vus tout court (si l’on excepte le téléfilm Ca, regardé en douce avec des cousins à 8 ans), et qui m’a donné une véritable appétence pour ce genre et l’envie de l’explorer davantage. Je me souviens encore me rendre au cinéma avec ma meilleure amie le jour de sa sortie, mes sursauts et réactions à certaines des scènes les plus angoissantes ou les plus chocs (je n’avais jamais ressenti à ce point l’importance du son qu’à ce moment-là, sauf peut-être en découvrant Jurassic Park au cinéma), l’humour sarcastique, mais aussi la délicieuse impression d’assister à un Cluedo sanglant tout en faisant un tour de grand 8.
Mon impression a été si grande que, au-delà du premier Scream, peu de slashers de cette période de revival m’ont autant emportée par la suite, car ceux construits autour du même modèle avaient du mal à surprendre ou effrayer véritablement, à part peut-être un Souviens-toi lété dernier mésestimé qui vaut le détour pour sa réalisation élégante et son atmosphère, malgré d’évidentes faiblesses scénaristiques. Le film livre aussi une réflexion intéressante sur le pouvoir des images et l’influence (réelle ou fantasmée ?) des films d’horreur sur les esprits fragiles.
Si je regarde le film avec plus de distance aujourd’hui, j’y reviens encore souvent et, au-delà de la nostalgie, le plaisir est toujours là.
Sleepy Hollow de Tim Burton (1999)
L’un des plus beaux films de Tim Burton à tous points de vue (scénario, réalisation, photo, direction artistique, casting), et clairement l’un des films gothiques les plus beaux qui soient, où l’humour décalé n’empêche jamais une véritable montée d’angoisse à plus d’une reprise. Sleepy Hollow, c’est évidemment une atmosphère brumeuse à souhait, avec des décors de campagne américaine et de forêt maléfique absolument somptueux. Et puis il y a bien sûr le duo Johnny Depp-Christina Ricci et le terrible cavalier sans tête. La nouvelle de Washington Irving est ici développée de manière très convaincante.
Là encore, la découverte du film reste un souvenir fondateur. Si je ne suis plus sûre qu’il s’agisse du premier Tim Burton que j’ai découvert, il s’agit en tout cas du premier que j’ai vu au cinéma et sa découverte reste pour moi au panthéon des projections les plus mémorables auxquelles j’ai assistées (et pas uniquement parce-que je devais cacher les yeux de ma mère effrayée), malgré le fait que la salle et l’écran étaient loiu d’être les meilleurs de la ville. Si vous avez un lecteur 4K, nous ne pouvons que vous encourager à le regarder dans cette version tant l’édition sortie l’année dernière rend justice au film et à son esthétique.
Lost Highway de David Lynch (1997)
Le plus horrifique des films de David Lynch est un ruban de Möbius aussi vénéneux qu’envoûtant où l’obsession et les problèmes d’un homme avec les femmes donnent naissance à un pur espace mental où la frontière entre le rêve et la réalité et les identités de chacun semble avoir été abdiquée. Histoire d’une impossible fuite en avant où le anti-héros est inlassablement ramené au point de départ, Lost Highway est aussi un moment de pur cinéma à la dimension clairement meta, dominé par la double performance d’une Patricia Arquette ambivalente à souhait dans le rôle d’Alice et Renee. Surtout, au-delà de la dimension film noir, la présence du personnage de l’homme mystère, inquiétant et vampirique à souhait, mais aussi, évidemment, la découverte de la VHS maudite et son inquiétant found footage en début de métrage, inscrivent clairement l’oeuvre de Lynch comme un film d’horreur néo-noir, où l’étrangeté n’est jamais révélée comme tenant de la folie du personnage puisque, de facto, nous sommes ici dans la tête de Fred Madison (impressionnant Bill Pullman) du début à la fin, sans possibilité d’en réchapper.
Ce n’est pas le film de David Lynch que j’ai découvert en premier et je ne l’ai vu qu’après avoir vu Mulholland Drive, son pendant féminin plus foisonnant et « émotionnel », en salles à sa sortie. Mais, depuis, je n’ai cessé d’y revenir et, au-delà d’avoir nourri ma réflexion sur la figure de la femme fatale du film noir américain (qui est avant tout fatale pour les hommes en raison de ce qu’ils projettent sur elle et attendent d’elle), il s’agit également de l’un des films qui, pour moi, dégage le plus une angoisse sourde – surtout dans sa première partie, d’une très grande cruauté, où l’on a sans cesse l’impression que le couple est observé, tout en comprenant que Fred Madison aura bien du mal à lutter contre le mal qu’il a « invité » chez lui et en lui.
A découvrir dans sa très belle version 4K, avec si possible de bonnes enceintes pour profiter pleinement du travail sur le son de David Lynch, qui est l’un des principaux vecteurs d’angoisse du film, sculptant l’espace et notre appréhension de ce qui restera tapi dans le noir, hors champ tandis que, lors de la seconde partie à l’esthétique 50’s, seuls les fantasmes lumineux et visions cauchemardesques du personnage principal sont représentées à l’écran.
Théo Porez
Le projet Blair Witch de Daniel Myrick et Eduardo Sanchez (1999)
Le projet Blair Witch sorti en 1999 est le premier film d’horreur que j’ai vu étant adolescent. C’était un immense choc pour moi. Ce qui m’a surpris, c’est le parti pris du found footage ( film avec une image à la première personne, nous plaçant du point de vue de la caméra). Pendant toute la durée du film, nous sommes au coeur de l’action, avec les personnages. Nous sommes face à des peurs primaires : peur du noir, d’être perdu, du surnaturel. Le film ne donnera jamais la réponse à son mystère principal, le rendant encore plus terrifiant. À défaut de montrer l’horreur, l’imagination du spectateur fait mieux le travail qu’aucun effet spécial.
Evil Dead 2 de Sam Raimi (1987)
Evil Dead 2 est la suite du premier film éponyme réalisé par Sam Raimi. Il m’a profondément marqué par son mélange des genres, tantôt comique, tantôt terrifiant. Le film m’a montré qu’on pouvait mélanger chaque genre avec l’horreur sans en perdre la peur originelle. C’est aussi mélanger les techniques pour faire ressortir la peur, avec, par exemple, le recours au stop motion, au maquillage et effets d’hémoglobine. J’ai découvert la technicité et le travail d’orfèvre qu’on pouvait trouver dans l’horreur.
Inland Empire de David Lynch (2006)
Bien que n’étant pas forcément mon David Lynch préféré, c’est néanmoins celui qui m’a le plus fait peur. Ce film est angoissant à cause de ce que l’on ne comprend pas. Il possède un aspect surréaliste que j’adore, son scénario étant difficilement compréhensible. On perd rapidement nos repères, comme dans un cauchemar ou un labyrinthe dont on peine à trouver la sortie. C’est la force de ce film nous racontant, au début, une simple histoire de tournage maudit, pour faire évoluer son scénario de telle manière qu’on soit perdu entre fiction et réalité. J’apprécie beaucoup que David Lynch, comme à son habitude, ne donne aucune réponse à ces mystères, rendant le film d’autant plus intéressant et invitant le spectateur à revenir les décrypter.
Notre sélection de nouveautés horreur en Blu-ray
Premier volet des aventures de Freddy Krueger, Les Griffes de la Nuit (A Nightmare on Elm Street) de Wes Craven arrive le 6 novembre en version restaurée par Warner Bros. Dans le coffret vous trouverez :
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Existenz de David Cronenberg est un mélange de science-fiction et d’horreur. Dans la vague des Matrix et Dark City, on ne sait pas si nous sommes dans un jeu vidéo ou dans la réalité. Le film a été restauré et sort le 5 novembre chez L’Atelier d’Images, avec plus de 2h30 de bonus.
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Enfin, un mélange entre science-fiction, thriller et horreur datant de 1992, avec pas mal d’images de synthèses pour l’époque (qui ont évidemment assez vieilli) avec Pierce Brosnan, Jeff Fahey ou Dean Norris (Breaking Bad), Le Cobaye est une oeuvre a (re)découvrir, dont voici la bande-annonce. Une oeuvre qui arrive pour la première fois en Blu-ray le 6 novembre chez ESC Editions, avec plus de 1h30 de bonus.
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