Caractéristiques

- Titre : 5 Septembre
- Titre original : September 5
- Réalisateur(s) : Tim Fehlbaum
- Avec : Peter Sarsgaard, John Magaro, Ben Chaplin, Leonie Benesch, Zinedine Soualem, Georgina Rich, Corey Johnson...
- Distributeur : Paramount Pictures France
- Genre : Drame
- Pays : Allemagne, Etats-Unis
- Durée : 95 minutes
- Date de sortie : 5 février 2025
- Acheter ou réserver des places : Cliquez ici
- Note du critique : 8/10 par 1 critique
Nouveau long-métrage réalisé par Tim Fehlbaum (La Colonie, Hell), 5 Septembre se déroule lors des Jeux Olympiques de Munich de 1972 où l’équipe de télévision américaine se voit contrainte d’interrompre subitement la diffusion des compétitions pour couvrir la prise d’otage en direct d’athlètes israéliens. Un évènement suivi à l’époque par environ un milliard de personnes dans le monde entier. Au cœur de l’histoire, l’ambitieux jeune producteur Geoff veut faire ses preuves auprès de Roone Arledge, son patron et légendaire directeur de télévision. Avec sa collègue et interprète allemande Marianne, son mentor Marvin Bader, Geoff va se retrouver confronté aux dilemmes de l’information en continu et de la moralité.
Un huit clos prenant
5 Septembre revient donc sur un évènement important de l’Histoire et de l’histoire de la télévision. Remettons les événements dans leur contexte. Les Jeux Olympiques de 1972 se déroulent à Munich. Les Allemands, après la Seconde Guerre Mondiale, veulent en faire un symbole de paix, apaisement et réconciliation. Ce sont surtout les premiers Jeux Olympiques a être retransmis en direct dans le monde. Une prouesse à l’époque. Pour les Etats-Unis, une équipe de la chaîne ABC est envoyée à Munich. Elle partage le satellite (via des horaires) avec la chaîne CBS (ce détail aura son importance). L’histoire se déroule donc toute la journée du 5 septembre 1972, de la nuit où l’on commence à entendre les coups de feu jusqu’à la résolution.
Nous retrouvons donc une équipe réduite la nuit, menée par Geoffrey Mason (John Magaro, qui fait un excellent lead), un jeune producteur qui devra gérer la situation. Son supérieur, Roone Arledge (Peter Sarsgaard, toujours excellent), un vétéran, sera là pour l’aider, mais aussi pour lui imposer certaines décisions. Il en est de même pour Marvin Bader (Ben Chaplin, parfait). Ces deux derniers seront aussi les éléments moraux de l’histoire, Roone voulant que ce soit son équipe sur place à Munich qui gère tout au lieu de l’équipe aux USA. Il fonce dans l’histoire et ne se préoccupe pas forcément du côté éthique. Il négociera aussi avec CBS pour garder le satellite et l’antenne en direct, tandis que Marvin est celui qui essayera de faire réfléchir Geoffrey sur ce qu’il faut montrer ou non à l’antenne, tandis que quasiment un milliard de personnes regardent ce qu’il se passe.

Un parti pris payant dans la réalisation
Chaque décision qui se fera en régie (le bâtiment où se déroule toute l’action du film) aura des conséquences. On découvre donc comment une régie fonctionne (ou plutôt fonctionnait) à l’époque. Comment, même limitée techniquement à l’époque, l’équipe a réussi à faire diffuser des images en direct. Ce fonctionnement se fera par l’envoi de journalistes à des endroits interdits au public ou encore l’envoi d’aide, en se faisant passer pour des athlètes, pour récupérer les bobines 16MM tournées par les équipes qui ne peuvent pas être en direct. Mais c’est surtout la présence de Marianne (Leonie Benesch, émouvante), une interprète allemande, qui va être fondamentale. Celle-ci traduisant ce qui se dit en allemand, elle sera là aussi pour le spectateur pour expliquer ce qui, parfois se déroule.
Comme nous le disions, nous ne sortons pas du bâtiment. Tout ce que nous voyons de l’extérieur passe sur les écrans de contrôle de la régie : un parti pris des plus intéressants, surtout que l’équipe du film a récupéré énormément d’images d’archives et du coup, quasiment tout ce que l’on voit dans les moniteurs est vrai. Cela nous plonge complètement dans l’histoire et, paradoxalement, cela donne un excellent rythme à 5 Septembre. On ne s’ennuie pas une seconde durant une bonne heure et demie. On notera aussi la superbe reconstitution des années 70 au travers d’une direction artistique réussie. La musique, composée par Lorenz Dangel, est très peu présente. Elle appuie quelques moments, mais on est souvent sans musique. Cela contribue au côté immersif de 5 Septembre.

Une histoire toujours pertinente
Enfin, quand on visionne le long-métrage, on ne peut que faire le rapprochement avec les chaînes en continu actuelles. 5 Septembre est clairement une critique de celles-ci (qu’importe la nationalité). On est sur la course à l’info et beaucoup feraient tout pour être les premiers à balancer une information, qu’elle soit confirmée ou non. Il y a clairement un exemple frappant dans le film où, vers la fin, deux sources confirment que les otages sont sains et saufs alors que ça ne sera pas le cas du tout. Ou encore, alors qu’une équipe de police allemande est sur le point de tenter quelques chose et que les caméras les filment en direct, les policiers se rendent compte que les terroristes regardent la télévision et voient ce qu’ils font. On pourra donc clairement faire le parallèle avec un évènement bien français : la prise d’otages du magasin Hyper Cacher de la porte de Vincennes dont on vient de commémorer les 10 ans, où les terroristes regardaient BFM TV.
Au delà de ses qualités formelles, d’un casting qui fait clairement le travail et d’une réalisation avec un parti pris immersif qui fonctionne, 5 Septembre est prenant, pertinent et, surtout, toujours d’actualité par le sujet qu’il traite. Un film à recommander, donc.