Oscar s’en va-t’en mer
La littérature jeunesse a cela de très intéressant qu’elle provoque des sentiments prétendus embryonnaires mais, à bien y regarder, avec parfois une force d’évocation qui n’a rien à envier à des œuvres plus développées. C’est une véritable erreur que de penser qu’un ouvrage destiné aux enfants ne renferme pas des trésors de fondamentaux (pour vous en convaincre, on vous conseille fortement Psychanalyse des Contes de Fée par Bruno Bettelheim), qui savent parler non seulement aux enfants, mais aussi aux parents en cas de la très conseillée lecture partagée. Le Bateau Rouge d’Oscar est d’ailleurs un exemple de ces histoires qui délivrent un message à chérir…
Oscar et son petit bateau rouge forment un duo inséparable. Le petit garçon, qui rêve de partir avec son jouet dans une aventure maritime faite de baleines, de sirènes et de pirates, emmène sa mini embarcation avec lui en vacances à la plage. Là, il va devoir faire face à un dilemme : Oscar se rend compte qu’il grandit et que son bateau, lui, perd de ses belles couleurs. Que faire pour permettre à son jouet de vivre sa liberté ?
Le Bateau Rouge d’Oscar est une belle histoire qui aborde des thèmes à la fois touchants et nécessaires. On y parle de la croissance d’un enfant qui, de plus, est en âge de se rendre compte de sa propre évolution. Concomitamment à cela, Oscar se sensibilise au destin de son jouet pas vraiment atteint de la même progression. Ce parallèle entre le bateau et l’enfant est très pertinent, fait passer de l’émotion de par l’attachement, que l’auteure décrit comme commun, en rentrant habilement dans la psyché du bambin. De ce fait, et l’on s’en rend compte d’autant plus lors d’une lecture partagée, Le Bateau Rouge d’Oscar retient l’attention de sorte que le public (et le lecteur) sente monter une moralité perspicace : si nous pouvons nous attacher à bien des choses, chacune a sa place, ses rêves, et sa destinée.
De la qualité à tous les étages
C’est avec intelligence que le récit du Bateau Rouge d’Oscar prend fin, et avec une belle sensibilité. On sent tout du long une plume très précise, qui maîtrise son sujet. C’est celle de Jo Hoestlandt qui est à l’écriture, et il est clair que son talent, déjà reconnu notamment par le Grand Prix de Bologne pour La grande peur sous les étoiles, irradie tout du long. Celle qui a signé plus d’une centaine d’ouvrages pour la jeunesse, un chiffre impressionnant, fait preuve d’un style épuré mais très impactant, parfait pour une lecture orale que, nous insistons encore une fois, nous conseillons vivement.
Aux illustrations du Bateau Rouge d’Oscar, on retrouve Amandine Piu, qui signe là son premier ouvrage chez Flammarion. Des débuts prometteurs chez cet éditeur pour celle qui s’était déjà fait remarquer avec ses dessins rondouillards ultra-mignons, notamment dans Qui veut jouer au ballon ? Dans l’ouvrage qui nous intéresse, l’illustratrice trouve constamment le ton juste, notamment sur cette magnifique double-page présentant Oscar dans une série d’actions adorables. Les émotions sont bien là, tout en douceur.
Le Bateau Rouge d’Oscar est un très bon livre jeunesse, qui parle à l’enfant, provoque en lui des réactions pertinente grâce à un récit finement construit. Il plaira aussi, à coup sûr, pour ses dessins envoûtants, aux couleurs douces, et pour le design des personnages qui provoquent une sympathie immédiate. Le genre d’ouvrage pour bambin à posséder dans une bibliothèque dédiée.
Le Bateau Rouge d’Oscar, écrit par Jo Hoestlandt et illustré par Amandine Piu. Aux éditions Flammarion Jeunesse, collection Père Castor, 32 pages, 13.50 euros. Dès 4 ans. Sortie le 18 mai 2016.