[Critique] Resident Evil : Zero Hour – S.D. Perry

image couverture resident evil zero hourUne préquelle dans l’air du temps

C’est fou comme certaines sorties, voire des ressorties pour le cas présents, se calent bien avec une actualité connexe. Pas sûr que les éditions Milady l’ait calculé, mais nous proposer la novélisation de Resident Evil Zéro en même temps que sa “remasterisation” sur consoles, c’est un joli coup que nous ne pouvions pas ignorer. En effet, pour les fanatiques de la licence Resident Evil, cet épisode est un peu à part. Outre que son scénario propose une préquelle au tout premier soft sorti sur Playstation (ah, que de souvenirs, ndlr), son gameplay a autant décontenancé qu’innové. Nous ne rentrerons pas plus dans les détails ici, mais avançons que la grosse “feature” du jeu, le “partner zapping”, s’adapte très bien à la forme littéraire.

Comme écrit plus haut, Resident Evil : Zero Hour s’attache à suivre un récit existant. Ici, nous revenons une nouvelle fois vers Rebecca Chambers, l’infirmière de l’équipe Bravo, qui va connaître bien des tourments. Tout commence dans un train, l’Ecliptic Express, alors qu’un certain Bill Nyberg est perdu dans des pensées dramatiques. Alors que sa conscience semble bien loin d’être clean, le train est attaqué par une horde de sangsues géantes, qui déciment totalement les passagers du bolide sur rails. La team Bravo est alors appelée à la rescousse, afin d’enquêter sur le lieu du massacre. Comme souvent dans la licence, l’hélicoptère transportant l’équipe est victime d’une soudaine et étrange avarie, le forçant à atterrir en urgence. Perdue dans les montagnes Arkley, l’équipe ne tarde pas à découvrir l’Ecliptic Express, mais aussi que ce dernier transportait un prisonnier dorénavant en fuite : Billy Coen, un ancien des U.S Marines condamné à mort. Alors que les événements inexpliqués s’enchaînent, Rebecca et Billy vont devoir se faire confiance pour se tirer de situations bien critiques…

Les novélisations de Resident Evil signées S.D. Perry figurent sans aucun doute parmi les meilleures œuvres de ce genre à part entière, du moins pour une grosse partie. Si quelques livres sont un peu moins aboutis, tout en restant suffisamment agréables pour ne pas être vécus comme des trahisons par les fans, nous verrons dans un futur dossier consacré à ces adaptations que Perry a réussi l’exploit de contenter les lecteurs et les joueurs. Notamment grâce à un style qui n’en fait pas des tonnes, qui privilégie l’image à la description alambiquée. Mais surtout, l’auteure de ce Resident Evil : Zero Hour est assez sûre d’elle pour, parfois, proposer du neuf, de l’original, dans un univers pourtant scruté de près par des fans très attentifs. Les raisons sont nombreuses, et la première est dévoilée par S.D. Perry elle-même dans la “note de l’auteure” : la timeline de la licence Resident Evil est clairement bordélique, dû à des adaptation en films, en BD, à des “remasterisations” de jeux apportant de nouveaux détails. D’ailleurs, et c’est bien connu par les fans, même les épisodes canoniques des softs ont bien du mal à être cohérents l’un envers l’autre, d’où une vraie difficulté à tenir véritablement une direction.

Pourtant, forcé de constater que S.D. Perry s’en tire très bien dans ce méli-mélo. Sa maîtrise de l’univers est incontestable, ce qui lui permet de retomber sur ses pieds en permanence. Alors certes, ceux qui ont lu “La Conspiration d’Umbrella” verront quelques petites incohérences, mais au fond on s’en fiche pas mal tant le style de l’auteure nous plonge dans le récit. Facile à lire, et tout autant à ressentir, les images n’ont aucun mal à s’imprimer dans les tréfonds du lecteur, et ce dès une ouverture réussie, véritable constante chez Perry. La fluidité qui s’en dégage est très agréable, et permet autant aux habitués qu’aux nouveaux venus de prendre le train en marche, si l’on peut s’exprimer ainsi. C’est aussi dû au fait que Resident Evil : Zero Hour est une préquelle, bien entendu, mais l’on sent que l’auteure prend un malin plaisir à parler aux différents publics, ce qui n’est pas un mal.

Des frissons… agréables à lire

Mais tout de même, Resident Evil : Zero Hour rentre vite dans le vif du sujet, et pose bien des questions qui font saliver tous les fans de la licence. Quel esprit démoniaquement dérangé a bien pu concevoir l’horrible Virus-T, par exemple ? Attention cependant, car si certaines des interrogations trouveront une réponse dans le récit, il faut signaler que Resident Evil : Zero Hour laisse un petit goût amer quant à la mythologie instaurée par S.D. Perry. On pense bien sûr à l’identité de M. Trent, personnage de l’ombre brillamment mis en scène par l’auteure, qui en fait l’un des personnages les plus mystérieux de ses livres. Comme celui qui est traité dans cet article est aussi le dernier écrit par Perry, et qu’il est évident qu’il n’y aura jamais de suites quelques 12 ans après la sortie du dernier tome, le lecteur assidu en est pour ses frais quant à ce personnage, et c’est bien dommage.

Un regret certes, qui prouve bien à quel point S.D. Perry a réussit à fédérer autour de son travail. Notamment dans son recours à l’épouvante, plutôt grand public (encore que certaines descriptions de transformations sont bien carabinées) mais surtout très bien “enrobé”. L’auteure de Resident Evil : Zero Hour maîtrise très bien les séquences d’action, disons même que les quelques petites rechutes sont dues à un style moins fluide dans les passages plus posés, notamment vers le milieu du livre. Rien de grave cependant, tant ce qui entoure cette petite baisse de régime est captivant. On a une préférence pour le final, et le combat que les fans du jeu connaissent bien pour être l’un des plus mémorables instants “boss”. On peut aussi citer tous ces passages qui feront plaisir à tous les joueurs de la licence, qui dérivent la découverte d’armes ou d’objets permettant aux personnages de résoudre certaines énigmes ou situations compliquées. Un petit effet “jeu d’aventure” bien agréable.

Au final, Resident Evil : Zero Hour donne aux lecteurs ce qu’ils sont venus chercher : une novélisation assez fidèle pour rappeler le jeu dont il est tiré, qui prend parfois des libertés avec la trame du jeu, tout en proposant un style assez fluide pour délivrer une bonne dose d’action bien savoureuse. Ce n’est pas parfait, le rythme connaissant une baisse de régime notamment lors de la rencontre entre Rebecca et Billy, mais rien qui puisse faire sortir du bouquin. De ce fait, Resident Evil : Zero Hour est un livre parfait pour accompagner dans les transports en commun, histoire de vraiment vous faire voyager…

Resident Evil : Zero Hour, écrit par S.D. Perry. Aux éditions Milady, 288 pages, 7.60€. Paru le 22 Janvier 2016.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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