Quand un compte-rendu tourne au coup de cœur
Il est rare que nous ayons un coup de cœur aussi fort. Notre découverte de l’édition Ofelbe avait pourtant tout de l’évidence. Notre volonté de partager avec vous un prisme culturel éclectique nous emmène inévitablement vers l’Asie (nous travaillons sur comment aborder d’autres continents, patience) et ses multiples singularités. Alors que l’année 2016 est celle du Matin Calme (retrouvez notamment nos articles Asiathèque, et d’autres vont suivre), l’on ne peut que se tourner vers l’incroyable diversité qu’offre la culture japonaise, bien loin des idées reçues qui ont eu, en ont encore, la peau dure sur notre sol. Au sein de cette offre gigantesque, qui brasse autant des auteurs éminents que l’aspect le plus pop que l’on puisse imaginer, il est parfois difficile de s’y retrouver et le vertige guette à chaque nouvelle sortie ; on l’a vu avec le manga, qui a souffert de parutions parfois plus que discutables pour accoucher sur un sentiment de lassitude. Si aujourd’hui les rayons mangas ont fondu comme neige au soleil, par exemple dans les Fnac, ce n’est pas pour rien.
Mais il faut toujours compter sur les passionnés pour remettre un peu d’ordre. Toujours habités par la volonté de faire découvrir l’objet de leur culte, ils sont la clés d’une culture pérenne, de sa transmission. Nul doute que l’exemple des éditions Ofelbe est l’un des meilleurs que nous ayons pu découvrir depuis que Culturellement Vôtre existe. Le light novel, tout comme nous vous ne connaissez peut-être pas encore le concept, alors il faut tout d’abord le définir. Destinées aux jeunes adultes, ces œuvres littéraires se basent soit sur des licences déjà bien installées de la pop culture japonaise, soit cherchent justement à créer des univers assez vastes pour être déclinés dans une offre trans-média. On pense à Sword Art Online, qui fait d’ailleurs partie du catalogue Obelbe, et qui se décline en animé, en jeux vidéo… et en light novel. Il faut être conscient de l’immense succès, sur les terres japonaises, que peuvent provoquer les œuvres les plus populaires. D’ailleurs, en 2007 il fut démontré par un site subventionné par l’État Japonais qu’environ 30 millions de tomes sont imprimés chaque année. Un chiffre ahurissant.
Ofelbe, passionné mais pas aveuglé
Si l’offre manga a pu écœuré un certain public, il ne faut pas croire que ce soit le cas de la culture Japonaise dans son ensemble. On a pu le vérifier au dernier Étrange Festival, la passion autour de l’île est toujours aussi forte mais, fait nouveau, rassemble dorénavant de vrais connaisseurs, et pas simplement des fans qui pensent qu’être otaku ou s’habiller en lolicon dans un salon spécialisé (et l’on adore cette possibilité, longue vie à elle) représente toute cette culture. Les salles de l’Étrange étaient pleines pour les films de Sono Sion, de Takashi Miike ou d’Hideo Nakata, mais les critiques se sont abattues sur les mauvais films présentés (n’est-ce pas Ghost Theatre et Yakuza Apocalypse) avec une liberté de ton qui témoigne que l’heure est à la passion raisonnée. Ça tombe bien, les éditions Ofelbe sont clairement dirigées par celle-ci aussi. Très attentif sur la qualité des histoires proposées, ce jeune éditeur (qui appartient à Ototo) reprend une situation catastrophique laissée notamment par Pika qui, s’ils assurent sur leurs éditions de mangas, ont visiblement foiré dans les grandes lignes l’édition de la licence Haruhi. Un mauvais démarrage qui a provoqué bien des dégâts et qui fait que le grand public est resté à l’écart du phénomène.
Ofelbe a donc fort à faire pour sortir le light novel du ghetto des connaisseurs, des passionnés raisonnés, afin de laisser exprimer son fort potentiel côté ventes. Mais le pari est en passe d’être gagné, avec des ventes Françaises qui s’élèvent à plus de 10 000 exemplaires pour les licences les plus populaires. Un, chiffre très intéressant, qui témoigne d’une ouverture pour cette offre sous nos latitudes. Pour arriver à un tel résultat, il a fallu faire preuve d’audace, notamment en proposant un format occidentalisé, plus imposant et plus épais, clairement fait pour s’adapter aux rayons des librairies. La fenêtre s’est ouverte notamment grâce à cet aspect, mais aussi à la fidélité de la traduction assurée par Ofelbe qui, tout en fluidifiant l’écriture Japonaise brute de pomme (ndlr : soif de mordre), en a gardé tout le sens. Aujourd’hui, l’éditeur vise encore plus haut en lançant Light Novel, une collection aux nouvelles caractéristiques :
- Un nouveau logo.
- Un format qui évolue avec des tomes simples
- Un prix fixé à 12.99€.
- Une ligne éditoriale qui se diversifie, avec des titres plus singuliers
Le lancement de cette collection Light Novel par Ofelbe aura lieu le 9 juin 2016 avec un titre effectivement courageux : Danmachi, la légende des Familias. Sachez que le titre d’origine (Dungeon ni deai o motomeru no wa machigatteiru darō ka, rien que ça), une fois traduit en français donnerait : « Est-ce mal de se perdre dans un labyrinthe pour y trouver l’amour« . Tout un programme dans un récit dont le concept, la conquête d’un donjon labyrinthique, nous rappelle fortement le genre dungeon-RPG côté jeu-vidéo. On ne le cache pas : on a hâte de découvrir tout ça…
La rentrée littéraire 2016, c’est aussi pour Ofelbe
Nous pouvons donc vous annoncer quelques petites choses. Tout d’abord, Culturellement Vôtre sera dès à présent très attentif au parcours d’Ofelbe, et nous allons vous proposer des critiques signées par des passionnés raisonnés. Mais surtout, nous avons deux annonces en provenance de l’éditeur qui risquent bien de faire plaisir à bon nombre de lecteurs :
The Irregular at Magic High-School sortira le 27 Octobre 2016 mais pas dans la collection Light Novel, ce qui veut dire que l’édition sera de plus de 500 pages. Sorte de Harry Potter dont la magie serai traité avec un aspect technologique, l’œuvre est un gros succès au Japon, se hissant à la quatrième place des ventes annuelles.
Autre annonce : Durarara !!, lauréat du Grand Prix Light Novel au Japon et vendue au Japon à plus de 5 millions d’exemplaires, débarque en France le 8 septembre 2016 et sera le deuxième titre de collection Light Novel. Là, on est en plein univers pop, très « tarantinien » par ailleurs, qui fait vivre le quotidien d’un jeune adolescent dans un Tokyo underground habité par des légendes urbaines effrayantes, mais aussi des personnages hauts en couleurs. Une œuvre qui, par ailleurs, promet d’être assez critique avec la société japonaise et que les fan de l’animé, diffusé sur Wakanim, devraient ne pas louper.
Il ne reste plus qu’à se lancer dans la découverte de ce qu’Ofelbe nous réserve, et à bientôt pour nos comptes-rendus. En attendant, n’hésitez pas à consulter le site : http://ofelbe.com/.