Une novélisation qui fait le lien entre les deux Dishonored
Pour celles et ceux qui connaissent bien la licence vidéoludique Dishonored (certainement une des plus intéressantes nées sur la précédente génération de consoles), il était évident que cet univers ultra-riche, à la direction artistique très poussée, allait s’imposer en-dehors du jeu vidéo. Si le cinéma n’est plus réellement un fantasme pour les gamers adeptes d’univers étendus, la littérature et le phénomène des novélisations apportent des possibilités peut-être plus profondes, plus permissives aussi, donc plus intéressantes. Alors que nous avons déjà abordé la saga des romans Resident Evil, ou encore Assassin’s Creed, voici venu le temps de Dishonored : L’Homme Corrodé.
Dishonored : L’Homme Corrodé débute quelques dix ans après qu’Emily Kaldwin ait repris son trône. Alors que la jeune femme suit avec une grande application l’entraînement de son père Corvo, une menace se déclare. en effet, un inconnu énigmatique, et doté de pouvoirs qui rappellent ceux de Daud, fait son apparition afin de prendre les commandes de la fameuse Guilde des Assassins. Emily et Corvo se mettent sur la trace de cet être insaisissable, afin d’éviter qu’un conflit terrible ne mettent à mal l’équilibre de Dunwall.
Avec Dishonored : L’Homme Corrodé, on est clairement dans un récit destiné à faire la liaison entre les deux jeux, profitant ainsi d’une ellipse laissée sciemment par les artistes d’Arkane Studios. Sans non plus dévoiler un style flamboyant, Adam Christopher s’attache surtout à garder intacte l’ambiance si caractéristique de la licence Dishonored, et l’auteur réussit son coup grâce à plusieurs artifices finement utilisés. On pensera surtout aux différents points de vue : le lecteur est autant dans la peau d’Emily que de Corvo, ce qui préfigure ce que les joueurs découvrent avec Dishonored 2 en terme de gameplay. C’est plutôt bien pensé, et la personnalité de ce duo très charismatique est respectée tout du long.
Un bad guy inquiétant, qui fait peser une vraie menace
L’histoire de Dishonored : L’Homme Corrodé n’apporte pas d’éléments indispensables à la bonne compréhension de Dishonored 2, un choix plutôt bien vu car il permet aussi d’accueillir un public qui n’aurait pas forcément joué à l’un des jeux. Bien évidemment, l’intérêt est largement supérieur si vous connaissez le premier jeu, mais la grande qualité de l’univers permet aussi à ce premier tome d’une trilogie (les deux autres livres débarqueront en 2017) d’être « digérable ». On apprécie notamment le bad guy, dont l’aura pleine de mystère emmène une certaine force qui se propage sur tout le récit. Il provoque une certaine dose de suspens, tant Corvo et Emily semblent un bon moment comme démunis par l’intelligence et les pouvoirs redoutables de cet antagoniste.
Dishonored : L’Homme Corrodé est, ainsi, une novélisation d’une qualité tout à fait encourageante. La cohésion avec les jeux est en tous points parfaite, et même si Adam Christopher est parfois un peu dissipé dans son style, s’attardant parfois sur des passages et personnages un peu trop secondaires (on pense surtout à Wyman, dont les quelques apparitions nous ont paru alourdir le récit) . L’action, elle, est prenante, et on a apprécié ce final qui provoque un épilogue plein de promesse. Au final, Dishonored : L’Homme Corrodé est un premier tome encourageant, qui vaut surtout pour son duo de personnages principaux attachants et son bad guy qui représente une véritable menace. Du coup, on attend la suite avec une certaine impatience, histoire de vérifier si Adam Christopher pourra transcender les fondations posées avec ce roman.
Dishonored : L’Homme Corrodé, un roman écrit par Adam Christopher. Aux éditions Milady, 480 pages, 8.20 euros. Sortie le 21 octobre 2016.