Caractéristiques
- Auteur : David Brin
- Editeur : Bragelonne
- Date de sortie en librairies : 19 octobre 2016
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 739
- Prix : 25€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 8/10 par 1 critique
David Brin revient plus en forme que jamais
Même si ses romans ne sont pas les plus faciles d’accès, c’est toujours avec un grand plaisir qu’on retrouve l’écrivain David Brin, dont nous vous parlions déjà à l’occasion de la sortie de son Terre. Adepte d’une science-fiction lumineuse, que l’on pourra aussi qualifier de positive voire d’humaniste, cet ancien consultant de la NASA se démarque par une approche plus réaliste qu’axée sur l’imaginaire. Cette fois-ci, l’auteur a même droit à une sortie en grand format, preuve que cet Existence, paru aux éditions Bragelonne (Carbone Modifié, Principes Mortels) se doit d’attirer votre attention.
Existence prend place dans un univers évidemment futuriste, et assez terrifiant de par un système de surveillance accrue : la Téléprésence. Cette dernière attire les regards de millions d’êtres humains dès qu’un événement se produit, provoquant une vigilance très poussée, trop poussée. C’est dans cette ambiance tendue qu’on fait connaissance avec Livingstone, un éboueur de l’espace dont le travail consiste à vider l’infini de déchets centenaires. Un jour, alors que le train-train de son quotidien l’épuise, il découvre un étrange cristal, que certains vont bien vite qualifier d’artefact extraterrestre…
A la lecture de ce résumé, les amateurs de David Brin savent déjà que tout est soigneusement mis en place pour que l’auteur développe sa tonalité si personnelle. Existence lui donne l’occasion non seulement d’aborder des thématiques réalistes, comme le problème véritable de la pollution spatiale, mais aussi des sujets en apparences moins terre-à-terre… mais terriblement humains. Comme toujours chez l’écrivain, la mise en place est peut-être un peu longue, mais on remarque que le roman fourmille d’idées. Il faut savoir qu’Existence intervient après que David Brin ait pris une dizaine d’années de « congés littéraires », et l’on sent bien que cette décennie a été l’occasion pour lui de se triturer les méninges. On aborde un univers certes futuriste, mais fondamentalement assez proche du nôtre, car un élément ne changera (malheureusement ?) jamais : le comportement humain.
De la science-fiction riche et lumineuse
Après avoir bien installé les différents contextes (politiques, financiers, sociaux), l’auteur peut faire passer la seconde vitesse à Existence, dont les différentes problématiques se rapportent à l’humain, son rapport à la technologie et aux questions fondamentales. Car, une fois que la Téléprésence est bien intégrée dans le récit, David Brin s’amuse avec son concept pour faire éclater tout son côté malveillant, dressant un tableau alarmant non seulement dans le roman… mais aussi pour nous autres lecteurs. On reconnaît que trop bien le schéma de propagation d’une rumeur, mais aussi les sentiments qu’elle provoque. Mais l’ouvrage ne s’assoupit pas sur cet élément, et enchaîne bien vite avec d’autres, donnant à la trame une richesse vertigineuse qui pourra, par ailleurs, peut-être faire un peu peur aux nouveaux-venus. Livingstone n’est qu’un moyen pour l’auteur de parvenir à toute une somme d’études, qu’elles soient technologiques ou sociales, qu’il est parfois difficile de bien capter tant elles s’enchaînent. Existence aborde la réalité augmentée, le nationalisme, le terrorisme, l’évolution d’Internet (certainement notre gros coup de cœur), et un myriade d’autres thèmes « secondaires » qui construisent un univers extrêmement cohérent. Les amateurs d’une science-fiction non seulement pointue mais surtout généreuse en auront clairement pour leur argent.
Existence vaut d’ailleurs plus pour cette incroyable vision du futur que pour sa trame principale. Entendons-nous bien, on apprécie à la fois son rythme (peut-être un peu lent au deuxième tiers), ses rebondissements incessants mais totalement maîtrisés, les différents personnages qu’elle nous présente et sa structure. Seul petit regret, la fin qu’on aurait aimé plus grandiose, pas du tout balancée mais qui souffre un peu du phénomène « tout ça pour ça ». On lui pardonne aisément quand vient le moment de refermer Existence, tant on a pris un pied monstrueux avec ce roman hard-SF brillant et emballant. Si vous appréciez la science-fiction autre que celle des blockbusters, alors foncez sans hésiter !