Caractéristiques
- Auteur : Mats Strandberg
- Editeur : Bragelonne
- Collection : L'Ombre de Bragelonne
- Date de sortie en librairies : 14 juin 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 504 pages
- Prix : 20€
- Acheter : Cliquez ici
- Note : 7/10 par 1 critique
Un Stephen King suédois ?
C’est incroyable comme certains auteurs réussissent à marquer des générations entières. Indéniablement, Stephen King fait partie de ces rares écrivains dont les romans semblent devoir s’installer, hors du temps, devenant des classiques de la littérature bien évidemment, mais surtout marquant l’imaginaire collectif. Qui ne connaît pas Ça, ne l’a jamais parcouru, en connaît pourtant les grandes lignes, et c’est le même constat avec Shining, Misery et d’autres. Mats Strandberg, l’auteur de l’ouvrage intitulé Le ferry, que nous abordons dans cet article, ne cache pas cette référence : adolescent, il fut terrorisé par les écrits du King de la terreur, tout comme votre dévoué serviteur. Après de premiers écrits destinés aux adolescents (le cycle d’Engelfors), très grand succès populaire, voilà qu’il s’attaque à une histoire que l’on espère plus en adéquation avec sa passion pour son maître américain.
Vous l’aurez compris grâce à son titre qui a le mérite d’être clair, Le ferry prend place sur les flots. Sur la mer Baltique, plus précisément, et dans un bateau luxueux, chargé de quelques mille deux cents passagers, lesquels effectuent la traversée entre la Suède et la Finlande. Une escapade de vingt-quatre heures, au cours desquelles les voyageurs cherchent surtout à oublier leur quotidien pas toujours rose. Seulement, au milieu de cette gigantesque étendue d’eau, il n’y a aucune possibilité de s’échapper. Et c’est une donnée qui va rapidement faire réfléchir. Car, à bord, la mort rôde, emportant des passagers dans des conditions extrêmement violentes. Qui, ou quoi, est derrière ces odieux crimes ?
Le ferry installe un huis clos somme toute assez classique dans son objectif : éviter toute occasion d’évasion. On ne peut s’empêcher de se dire, en tout début d’ouvrage, que le récit semble cousu de fil blanc, et pourtant Mats Strandberg réussit à nous prendre à revers. Le Baltic Charisma, le nom de baptême du ferry en question, va tout d’abord offrir une situation assez classique, et traitée de manière plutôt jeune dans l’esprit. Les passagers ont accès à bien des douceurs gratuites, et l’alcool coule à flot. Après cette mise en situation un brin irritante, avec des personnages introduits un peu à la truelle, le roman gagne en subtilité. Plus exactement, on perd pieds de fil en aiguille, notamment grâce à une véritable envie de terroriser le lecteur. Les protagonistes, d’abord un peu lourds, deviennent de plus en plus attachants, car l’auteur profite de l’horreur en cours pour en montrer les différentes facettes, et c’est réussit.
Le ferry est plus un roman d’ambiance qu’un ouvrage « grand huit ». Mats Strandberg maîtrise son rythme, et si le premier quart de l’ouvrage est un peu lent, le reste ne fait que monter crescendo. L’épouvante est bel et bien au rendez-vous, et il faut vous attendre à des poussées gores du meilleur effet. Certains pourront les ressentir comme légèrement gratuites, on préfère les qualifier d’horriblement divertissantes, et craintes. Car on a réellement peur pour les personnages, leur avenir, et l’on est assez longtemps tenu en haleine quant à la résolution de l’affaire. On devine, on esquisse des possibilités, sans trop avoir de coups d’avance sur le cheminement. Au final, on ne retient que les bons moments passés avec ce livre qui, après une introduction longuette, se dévore à grande vitesse.