Caractéristiques
- Auteur : Jean-Pierre Pécau, Benoit Dellac, Scarlett Smulkowski
- Editeur : Delcourt
- Collection : Néopolis
- Date de sortie en librairies : 7 juin 2017
- Format numérique disponible : Oui
- Nombre de pages : 56 pages
- Prix : 14,95€
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- Note : 6/10 par 1 critique
Un scénario classique baigné d’ une atmosphère intrigante
Ah, le western ! Ce style typiquement cinématographique, qui a su développer une imagerie si puissante qu’une seule image peut vous signifier l’appartenance à ce genre. Dès lors, quoi de moins surprenant que de voir la bande dessinée s’emparer de ce type d’univers, lui rendre hommage et le sublimer, et ce depuis un bon bout de temps ? Cette fois-ci, on aborde une série, parue chez Delcourt (Yennega, la femme lion), prévue en trois tomes, intitulée Sonora, et dont le premier volume est sous-titré sobrement La vengeance. Rassurez-vous, rien à voir avec le film avec Morsay et Zehef, mais un récit qui aborde très clairement le concept brutal des représailles …
Le scénario de Sonora Tome 1 : la vengeance débute en 1851. Maximilien Bonnot débarque, avec d’autres aventuriers attirés par la fièvre du métal jaune, à San Juan del Sur, port de la côte pacifique, dernière étape avant San Francisco. Voilà 3 ans que la ruée vers les champs aurifères a commencé, mais Max lui ne cherche pas d’or. Héros torturé par son passé, et notamment par ce qu’il a vécu pendant la Révolution de 1848, il n’a plus qu’un seul but : se venger.
L’histoire de Sonora Tome 1 prend appui sur un contexte, et le creuse afin d’en extirper le destin d’un des contemporains. On suit Maximilien, dont la caractérisation a été plutôt soignée. Pas un héros comme on peut se l’imaginer, il n’est pas non plus un anti-héros. Son background, que l’auteur Jean-Pierre Pécau (L’Histoire secrète, Lignes de front) prend soin de dévoiler petit à petit, forme un véritable fardeau englobé de mystère, et les actes du protagoniste principal ne peuvent se juger sans s’y référer. C’est là une ficelle bien connue, qui a longtemps été utilisée dans le western à l’italienne, par exemple dans le culte Django de Sergio Corbucci. Mais ce serait une erreur que d’enfermer cette bande dessinée dans ce glorieux sous-genre.
Un western qui ne peut se limiter à un sous-genre
Car Sonora Tome 1 brasse tout autant les codes du western classique que de celui qu’on a un peu éhontément surnommé « spaghetti », lequel avait parfois tendance à s’éloigner d’une volonté de véracité. L’ambiance sombre n’est pas un prétexte pour oublier une sorte de pragmatisme, on le voit dans les costumes ou l’architecture des différents lieux. Les dessinateur, Benoit Dellac (Les princes d’Ambre, Marie Kingsley : la montagne des dieux) rend un travail très efficace à ce propos, dans des traits réalistes, et dont l’arrière-goût de classicisme un peu prudent est contrebalancé par une gestion du mouvement intéressante. Notamment dans les cases où l’action se fait… pétaradante. Quant aux couleurs, elles sont assurées par Scarlett Smulkowski, et l’on remarque une envie de s’inscrire dans des teintes sépias, froides, afin de bien signaler que l’on se situe dans un passé troublé, qui pèse sur les différentes âmes. L’intention est bonne, et l’effet réussit.
On regrettera tout de même que la structure du scénario se fasse un peu trop traditionnelle. Sonora Tome 1 s’assure de ne rater aucun des instants attendus, et c’est peut-être ce qui fait qu’on est rarement surpris. Mais, tout de même, on ne peut que souligner l’effort sur l’ambiance, qui déploie une imagerie sale, crasseuse, voire carrément morbide. C’est pour cette atmosphère bien maîtrisée, et le destin des personnages principaux (ainsi que la sublime couverture de Nicolas Siner), notamment une très troublante Lola Montez, que notre intérêt s’avère finalement piqué au vif…