article coup de coeur

[Critique] Dark Souls I & II : Design Works – Collectif

Caractéristiques

  • Auteur : Collectif
  • Editeur : Mana Books
  • Date de sortie en librairies : 26 avril 2018
  • Format numérique disponible : Non
  • Nombre de pages : 368
  • Prix : 39,90€
  • Acheter : Cliquez ici
  • Note : 8/10

Prepare to die (d’admiration)

Enfin, pourrait-on s’exclamer ! Après le superbe artbook consacré à Bloodborne, voilà que les très précieuses éditions Mana Books font le boulot, et nous sortent en France Dark Souls I et II : Design Works. Vous l’aurez compris grâce à son sous-titre, on fait face à un ouvrage consacré à l’imagerie de ces jeux à la personnalité très appuyée, qui a su charmer bien des gamers. Voilà une sortie qui se justifie dès sa conceptualisation : l’impact de cet univers très dark fantasy est tel que l’on peut se lécher les babines d’avance, certain de retrouver dans ces pages cette matière inoubliable qui a formé bien des fantasmes. Un appétit rassasié grâce à ce beau livre, qu’on se le dise.

Dark Souls I et II : Design Works ne s’embarrasse pas d’une mise en contexte, en dehors d’un « Prepare to die » très à-propos. Tout comme dans les œuvres vidéoludiques, c’est au lecteur de se perdre dans la matière, de se laisser envahir par celle-ci, afin de mieux la comprendre. La comparaison des sentiments, ressentis dans le jeu et à l’occasion de la lecture de cet artbook, est fondée. L’une des grandes qualités de ces deux softs est le level design particulièrement sensé. Tous les lieux que l’on traverse possèdent une âme, une histoire à raconter par le biais du cheminement, de l’architecture. Tout ce ressenti explose dans ces pages, l’occasion ou jamais de prendre conscience de la force d’évocation de la licence.

La structure de Dark Souls I et II : Design Works est un peu moins travaillée que celle de Bloodborne : Artbook Officiel. On ressent moins l’impression d’itinéraire à parcourir, c’est évident. Cependant, la forme est aussi claire de du cristal. C’est, d’ailleurs, une satisfaction : on comprend très vite ce qu’on a sous les yeux, sans avoir à se reporter trop souvent vers la table des matières. Celle-ci s’agence avec simplicité : trois chapitres (Illustrations conceptuelles, Travaux préparatoires et Interview), tous approfondis par des catégories précises. Classique et efficace, cette structure s’attache à mettre en avant les vraies stars de l’ouvrage : les nombreux travaux.

Quand l’artbook se fait évidence

Les différents dessins et croquis, présents dans Dark Souls I et II : Design Works, forment donc un véritable trésor jusqu’ici impossible à admirer dans sa totalité. Rendez-vous compte : plus d’un millier d’oeuvres sont couchées sur papier. Parfois accompagnées d’annotations, et d’un titre, le tout localisé en français, elles sont un véritable régal pour les esthètes. Tout le travail sur l’architecture, notamment, nous fascine. La précision des artistes explique bien des choses, manettes en mains : on sent bien que rien n’est laissé au hasard. Les monstres ne sont évidemment pas sous-traités, très loin de là. On pourra les apprécier sous bien des facettes différentes, les jusqu’au-boutistes pourront d’ailleurs remarquer quelques détails très parlants, qui prouvent là encore que les modélisateurs ont effectué un travail monstrueux. Bien entendu, les croquis sont plus précis, mais le parallèle avec les équivalents vidéoludiques est assez bluffant.

La poésie macabre qui règne dans Dark Souls I et II : Design Works n’aurait su être tout à fait passionnante sans l’intervention d’artistes ayant travaillé sur les jeux. Le troisième chapitre est dédié à un véritable morceau de choix, un luxe à chérir : l’interview des designers. Un peu de name dropping est ici nécessaire : Yui Tamimura, Daisuke Satake, Masanao Katayama, Hiroaki Tomari, Kota Tonaki et Shin Ou interviennent dans cet exercice absolument indispensable. C’est d’autant plus intéressant que Satake et Katayama ont travaillé sur les deux jeux, ce qui permet des mises en perspectives passionnantes. Les sujets abordés sont nombreux, comme le design par terrain (la fameuse logique visuelle du cheminement est au centre de tout), ou celui des ennemis. On connaît la retenue de certains artistes japonais, pas toujours enclins à se laisser aller à de la précision et de l’anecdote. Pourtant, ici, ils se laissent aller, et l’on en ressort avec les précisions qu’on était en droit d’attendre.

On ne pouvait décemment pas terminer ce tour d’horizon sans évoquer le très bon travail éditorial de Mana Books (Fallout 4 : imaginer l’apocalypse) Outre les bienfaits d’une telle sortie, pour la culture du jeu vidéo en France, la qualité du travail fait de Dark Souls I et II : Design Works un beau livre imposant. Pas que par son contenu et sa forme (368 pages, 210 x 297 mm, un beau bébé !), mais aussi le soin mis en œuvre dans le but de placer le lecteur dans les meilleures conditions. La couverture terriblement attirante, le papier solide juste ce qu’il faut, aucune coquille ou imprécision à l’horizon : c’est du bien bel ouvrage. Lequel se trouvera, sans aucun mal, dans toute bibliothèque de bon goût.

Article écrit par

Mickaël Barbato est un journaliste culturel spécialisé dans le cinéma (cursus de scénariste au CLCF) et plus particulièrement le cinéma de genre, jeux vidéos, littérature. Il rejoint Culturellement Vôtre en décembre 2015 et quitte la rédaction en 2021. Il lance Jeux Vidéo Plus. Manque clairement de sommeil.

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