Une destination de charme méconnue
Du 5 au 21 juillet 2018, le festival L’Estival de la Bâtie battra son plein et proposera de nombreux spectacles de musique, théâtre et danse dans l’enceinte du château de la Bâtie d’Urfé, à tout juste 45 minutes de Saint-Étienne et 1h de Lyon. A cette occasion, nous vous proposons de partir à la découverte de Saint-Étienne et ses environs, dans les gorges de la Loire. On le sait peu, mais Saint-Etienne est entouré de communes et villages médiévaux de toute beauté, en faisant une destination de charme pour des week-ends en famille, des randonnées pédestres, ou d’authentiques moments de douceur et de tranquilité.
A travers ce dossier, nous vous donnerons un aperçu de la région, ses richesses historiques, touristiques et culinaires. Un voyage qui nous mènera de Saint-Victor-sur-Loire à Montbrison en passant par Saint-Galmier, avant de terminer par le château de la Bâtie d’Urfé et le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne, qui a fêté cette année ses 30 ans.
Saint-Victor-sur-Loire : un havre de paix perché sur les gorges de la Loire
Nous commençons ainsi notre périple à Saint-Victor-sur-Loire, petit village d’origine médiévale niché sur un piton rocheux des gorges de la Loire, à environ 420 mètres d’altitude. La Loire est ce long fleuve sauvage de 1012 kilomètres de long, dont les crues peuvent être particulièrement violentes, comme en 1980, où 8 personnes trouvèrent la mort. Frontière naturelle entre le Massif Central, les Monts du Lyonnais et les Monts du Pilat, les gorges se situent sur des reliefs de roches granitiques. On y trouve des prairies, landes, forêts et de nombreuses espèces protégées, telles que les hiboux Grand Duc. De ce fait, les gorges de la Loire font partie des destinations Natura 2000, qui établit une charte de respect de l’environnement pour les entreprises, les associations et les propriétaires de terrain afin de garantir la biodiversité. Le site est également classé sur 1500 hectares pour ses paysages, afin d’en préserver la beauté et les conserver en l’état, tandis que la réserve naturelle régionale, sur 355 hectares, permet de préserver la tranquillité des animaux en gérant la fréquentation des lieux. Nommées pôle d’excellence pour les activités en pleine nature depuis le début de l’année, les gorges sont également le lieu idéal pour s’adonner à la randonnée pédestre (grâce aux nombreux sentiers balisés), mais aussi à l’escalade et à diverses activités nautiques saisonnières.
Saint-Victor-sur-Loire, avec ses monts verdoyants et ses sentiers qui permettent de rejoindre les bords de la Loire, apparaît d’emblée comme un véritable havre de paix et un lieu riche en histoire. Prenons son église romane, par exemple ! Fondée en 1070, elle est connue pour avoir abrité le célèbre médecin montpelliérain Saint-Roch. Atteint de la peste après avoir passé plusieurs années à venir en aide aux malades, il s’y était isolé pour éviter tout risque de contamination. Le chien du seigneur du voisinage venait lui apporter, tous les jours, un morceau de pain chipé à la table de son maître, qui finit par suivre l’animal et secourir Saint-Roch, qui vécut encore quelques années avant de mourir dans la misère. C’est en raison de cette histoire que l’on peut admirer une statue de Saint-Roch et son chien à l’intérieur de l’église. A noter que le terme « roquet », utilisé familièrement pour désigner un chien, est directement dérivé de Saint-Roch.
Ce n’est qu’au XIIIe siècle que le château fut construit afin de protéger le bourg. Pendant la Guerre de Cent Ans, le village se fortifia autour de celui-ci. Avec le temps, les fortifications disparurent, mais le château demeura. Il est aujourd’hui un lieu très agréable à visiter et où venir manger. Avec sa vue imprenable surplombant le lac Grangent et son agréable jardin en contrebas, il est un incontournable si vous vous aventurez à Saint-Victor-sur-Loire, qui fait officiellement partie de la commune de Saint-Etienne, bien que situé à l’extérieur de la ville. En descendant un sentier, nous nous retrouvons en dix minutes sur la plage de sable fin du village, sur les bords du lac. Librement accessible et disposant d’espaces de jeux pour les enfants, elle est un point de rendez-vous familial pour les Stéphanois lorsque vient l’été. La ville s’est également récemment dotée d’un bateau électrique silencieux respectueux de l’environnement, qui propose aux touristes de découvrir les différents châteaux longeant les gorges de la Loire au cours d’une croisière : château d’Essalois, château de l’île de Grangent, château de Cornillon…
Montbrison : la Venise médiévale
Nous mettons ensuite les voiles vers Montbrison, située à 40 minutes de Saint-Victor-sur-Loire. Capitale historique du Forez, la commune conserve aujourd’hui encore un patrimoine important, dont nous découvrirons deux des hauts-lieux : la collégiale Notre-Dame-d’Espérance de Monbrison, et la salle héraldique de la Diana. La construction de la collégiale s’étendit sur plus de 250 ans et fut achevée par les Ducs de Bourbon. Classée, elle figure sur la toute première liste des monuments historiques de Prosper Mérimée en 1840 et reste l’une des plus belles églises de la région. En se promenant entre ses murs, on remarque de nombreux détails : ici une fresque faisant référence au martyr de Sainte-Catherine, là une tribune (sur laquelle se trouve un orgue classé) conçue par l’architecte Bossan, qui a dessiné la basilique de Fourvière de Lyon…
La salle héraldique de la Diana fut quant à elle aménagée en l’an 1300 par le comte Jean Ier de Forez. Sa voûte ogivale en bois, décorée de plus de 1970 blasons d’époque, est dans un état de conservation exceptionnel qui force l’admiration et donne un cachet particulier au lieu. Les états de la province se réunissaient jadis ici, et François Ier y fut même accueilli en 1536, comme en atteste une grande plaque frappée du blason royal. La salle fut acquise par la commune de Montbrison en 1862. Depuis sa restauration, elle accueille la Société Historique et Archéologique du Forez, qui y a aménagé une imposante bibliothèque comportant des ouvrages sur l’histoire de la région et de nombreuses archives, dont seule une toute petite partie est visible dans la salle en elle-même.
Mais Montbrison, traversée par la petite rivière du Vizezy et surnommée la « Venise médiévale » par ses habitants, brille également par le charme de ses rues et ses nombreux petits ponts, qui en font un endroit très agréable à visiter. On notera également que la ville abrite la Maîtrise de la Loire dans l’ancien couvent des Visitandines, où se trouve désormais le Centre Musical Pierre Boulez.
Créée en 1992 et seule maîtrise portée directement par un département, elle est un pôle d’excellence de l’Éducation Nationale et fonctionne sur le principe du mi-temps pédagogique, accueillant chaque année des élèves de la 6e à la terminale. Si le but premier de la maîtrise n’est pas forcément de former des professionnels, on notera que tout de même 15 à 20% des élèves deviendront des musiciens professionnels une fois adultes. Au programme : du classique, du baroque, mais aussi des musiques plus contemporaines, telles que le rock des Pink Floyd ! Lors de notre visite, nous assistons durant quelques minutes aux répétitions d’un groupe de collégiens qui travaillent avec leur professeur de chant sur une représentation de l’opéra The Golden Vanity de Benjamin Britten, à quelques semaines du spectacle.
Le château de la Bâtie d’Urfé : un lieu magique dédié à l’amour… et la musique
De Montbrison, il faut simplement une vingtaine de minutes pour rejoindre Saint-Etienne-le-Molard, où se trouve le château de la Bâtie d’Urfé. Ancienne maison forte, la Bâtie fut transformée en château Renaissance par Claude d’Urfé au XVIe siècle en l’honneur de sa défunte épouse Jeanne de Balsac, disparue à 26 ans après avoir donné naissance à 6 enfants. Ce haut fonctionnaire de l’État, ancien écuyer de François Ier, nommé bailli du Forez en 1535, s’est inspiré de ses voyages en Italie pour le style de la bâtisse, empruntant à la fois aux renaissances italienne et française. Ainsi, si la toiture est résolument française, la rampe menant au porche, la galerie, la grotte ou encore la chapelle sont inspirés de l’art transalpin. Témoins du statut social de ses habitants, le sphinx qui trône sur la rampe symbolise la connaissance, tandis que les magnifiques jardins à l’italienne composés de 16 parterres organisés autour de la fontaine « de vérité d’amour » possède une dimension philosophique, célébrant la domination de l’homme sur la nature, et par là-même l’ordre (la structuration de la société) et le pouvoir.
Autre élément exceptionnel à la Bâtie : une grotte intégralement composée de compression calcaire, avec ses décorations en relief en coquillages et galets représentant des divinités grecques : Poséidon, mais également des nymphes, naïades, faunes… On se croirait dans un autre univers ! En comparaison, la chapelle italienne paraîtrait presque austère : construite 10 ans après la mort de Jeanne, elle est ornée de scènes de l’Ancien Testament. Et partout, que ce soit dans ce lieu de recueillement ou bien dans la bibliothèque abritant 4600 volumes, un monogramme unissant les initiales de Claude et Jeanne, symbole de leur amour immortel.
Enfin, un dernier élément permettant de comprendre la place exceptionnelle du château dans le patrimoine du Forez : Honoré d’Urfé, le petit-fils de Claude, s’est inspiré de la demeure, où il a résidé avec son épouse Diane, pour son roman-fleuve L’Astrée (5000 pages tout de même !), qui fut publié sur 20 ans. Ainsi, même si la Bâtie n’est jamais directement citée dans le texte, les références à la « grotte de fraîcheur », aux jardins et à la fontaine de vérité d’amour témoignent du lien très fort unissant l’auteur à cette propriété exceptionnelle. Un site qui apporte aujourd’hui une autre dimension aux spectacles joués dans le cadre de L’Estival de la Bâtie, où la cour d’honneur et les jardins sont investis par les musiciens et les danseurs. Un lieu magique et enchanteur pour des moments de convivialité !
La Charpinière : un hôtel 4 étoiles alliant confort et modernité
Si vous venez assister à L’Estival de la Bâtie ou tout simplement passer un séjour dans la région, les hôtels ne manquent pas. Néanmoins, pour être sûrs de passer des vacances exceptionnelles, nous ne saurions que trop vous conseiller l’hôtel 4 étoiles La Charpinière, situé dans la paisible commune de Saint-Galmier (5600 habitants), à 30 minutes de route du château. D’apparence très moderne, l’établissement fait partie des Relais du Silence et est doté d’un spa (payant), d’un restaurant, d’une grande piscine en plein air, d’une salle de fitness et d’un court de tennis.
Surtout, ses chambres sont spacieuses, confortables et bien isolées, pour une tranquillité optimum. Ainsi, dans les chambres Privilège (à partir de 159€ en demi-pension), en dehors du lit king size avec liseuses intégrées et une penderie, on trouvera une table basse, des fauteuils, un bureau, une télé à écran plat avec satellite, une petite bouilloire avec une sélection de thés et infusions, un mini-bar, un coffre-fort, porte-bagages, ainsi que le téléphone. Dans la salle de bains : douche à l’italienne, peignoirs, serviettes, produits de beauté bio pour la toilette, sèche-cheveux… Le design est moderne, épuré, le confort maximal. Bien entendu, les clients ont accès au Wi-Fi haut-débit et la climatisation, intégrée, peut être activée et réglée à tout moment.
Enfin, last but not least, le restaurant propose pour 15€ un excellent petit-déjeuner continental en libre service. Le choix est vaste, et surtout de qualité : charcuteries, œufs, bacon, fromages régionaux, pancakes, muffins, mini donuts, viennoiseries, fruits, jus d’oranges pressées, boissons chaudes … Vous n’aurez que l’embarras du choix !
A la découverte de la cuisine de Xavier Thely à L’Amphitryon, entre tradition et création
Si vous avez opté pour un séjour à La Charpinière, sachez également qu’un excellent restaurant se trouve à seulement 1 kilomètre de l’hôtel : L’Amphitryon. Dans un cadre joliment Art Déco, le chef Xavier Thely propose, pour seulement 17 à 25€, un menu de sa création centré autour des produits locaux de saison. Lors de notre visite (fin avril), nous avons ainsi eu droit à un étonnant et délicat foie gras aux lentilles, un cabillaud poché avec ses petits légumes et une tartelette aux fraises dissimulant sous les lamelles de fruits une crème citron-coriandre. Un régal tout à fait accessible, adoubé par le Guide Michelin 2018.
Le Musée d’Art Moderne de Saint-Etienne : 30 ans d’engagement
Après toutes ces visites axées autour du patrimoine, pourquoi ne pas s’aventurer au coeur même de Saint-Etienne pour découvrir la collection du Musée d’Art Moderne et Contemporain ? L’établissement vient de fêter ses 30 ans et, bien que d’une taille modeste — comptez environ 30mn pour en faire le tour — son exposition permanente vaut le détour. On y trouve pêle-mêle des objets design emblématiques, deux toiles de Pierre Soulages, et les oeuvres de nombreux artistes des 4 coins du monde, le tout organisé en fonction de différentes thématiques : le monde industriel, figuration-défiguration, couleur et matière, etc. Dans un espace séparé, l’exposition Worlds Corner de l’artiste Thomas Hirschhorn, acquise par le musée en 1999, reste toujours aussi actuelle. Aux quatre coins de la pièce, l’artiste a créé des autels en aluminium reliés entre eux, et célébrant les divinités modernes que sont les stars, la culture populaire, la politique ou encore le capitalisme, tous vus à travers l’optique de la télévision. Des expositions temporaires sont également régulièrement proposées.
A travers cette proposition de parcours original, nous espérons en tout cas avoir pu vous montrer toute la richesse culturelle et patrimoniale de la région, qui ne manque ni d’attrait ni de charme. Que vous fassiez un tour par L’Estival de la Bâtie en juillet ou que vous veniez dans les environs de Saint-Etienne plus tard dans l’année, entre amis ou en famille, les trésors des gorges de la Loire n’attendent que vous !