Caractéristiques
- Titre : House of Gucci
- Réalisateur(s) : Ridley Scott
- Avec : Lady Gaga, Adam Driver, Jared Leto, Jeremy Irons, Jack Huston, Salma Hayek, Camille Cottin et Al Pacino
- Distributeur : Universal Pictures France
- Genre : Biopic, Drame
- Pays : Américain
- Durée : 157 minutes
- Date de sortie : 24 novembre 2021
- Note du critique : 7/10 par 1 critique
Amour, Gloire et déchéance
Ridley Scott est déjà de retour avec un nouveau long-métrage. Quelques semaines après l’excellent Le Dernier Duel, il revient avec un biopic sur la famille Gucci avec House of Gucci d’après le livre The House Of Gucci de Sara Gay Forden. Il raconte donc l’histoire vraie de l’empire familial qui se cache derrière la célèbre marque de luxe italienne. Sur plus de trois décennies de passion, trahisons, décadence, vengeance et finalement meurtre, le film met en scène ce que signifie un nom, ce qu’il vaut et jusqu’où une famille peut aller pour reprendre le contrôle.
House of Gucci se déroule donc sur quasiment trois décennies, de 1978 à 1997, et le scénario de Becky Johnson et Roberto Bentivegna nous entraine dans la déchéance de cette famille dysfonctionnelle. Divisé en trois grosses parties, le long-métrage nous raconte en premier lieu la rencontre entre Patrizia (interprétée par Lady Gaga) qui, après A Star is Born, démontre encore son talent de comédienne, et Maurizio (Adam Driver, toujours aussi bon quand on le dirige vraiment). Patrizia est une femme extravertie, sociable et ambitieuse. Elle veut le meilleur pour la famille Gucci, allant même jusqu’à évincer d’autres personnes de la famille. Maurizio est plus réservé. Leur amour va les changer tous les deux pour le meilleur et le pire. Toute cette première partie est plutôt maîtrisée et se concentre principalement sur le personnage de Patrizia.
Un casting cinq étoiles
Arrive la seconde partie, qui est sûrement la meilleure, avec une évolution des deux personnages et le développement des seconds rôles comme les personnages de Paolo, interprété par Jared Leto (Zack Snyder’s Justice League), métamorphosé pour l’occasion et dont le personnage naïf est le principal moteur humoristique du film, Rodolfo (Jeremy Irons, toujours impeccable), le père de Maurizio et Aldo (le très grand Al Pacino), le père de Paolo. Le cœur de l’histoire se déploie avec trahison sur trahison et le film nous montre comment cette famille, qui avait tout pour réussir mais s’est égarée au profit de l’égoïsme, a sombré dans la déchéance.
Le ton de l’ensemble fait de ce film une tragi-comédie. Ridley Scott s’efforce de montrer, par un second degré assez amusant, le ridicule des situations dans lesquelles les personnages se sont enlisés.
La dernière partie est centrée sur la déchéance et la disparition de la famille Gucci de sa propre marque. Ainsi, les personnages de Domenico de Sole (Jack Huston, très classe), Pina, interprétée par Salma Hayek (Hitman & Bodyguard 2) en très grande forme et Paola, notre Camille Cottin (Stillwater) nationale qui continue de faire son trou à Hollywood, prennent plus d’importance et chacun aura son rôle, que ce soit dans la perte de la marque par la famille ou encore l’assassinat de Maurizio.
Cette partie est la plus faible de toutes car elle multiplie les points de vues des différents personnages pour nous faire comprendre comment ils en sont arrivés là, les actes qu’ils ont ou vont commettre et leurs conséquences. D’ailleurs, Ridley Scott continue de garder l’ambiguïté sur le personnage de Patrizia, à savoir si elle est vraiment une femme amoureuse ou une personne ambitieuse capable d’assassiner son mari. Est-ce pour le bien de House of Gucci ? Pas vraiment, car cette ambiguïté, qui aurait pu être intéressante, entraîne des contradictions dans le jeu de Lady Gaga. En tout cas, on sent clairement qu’il s’agit d’un parti pris de la part du réalisateur.
Une réalisation en demi-teinte
Concernant la réalisation de Ridley Scott, il y a à redire. Si la reconstitution des trois décennies durant lesquelles House of Gucci se déroule est impeccable, que soit au niveau des costumes de Stefano De Nardis, des décors d’Arthur Max, des coiffures ou de l’utilisation de chansons des années 70/80/90, pour une bonne plongée dans ces époques, on sent que le réalisateur est moins inspiré concernant le placement de sa caméra. La réalisation, du côté technique, est plutôt banale malgré une belle direction photo de Dariusz Wolski. Elle n’apporte malheureusement pas grand chose du point de vue de la narration. Dommage ! Le montage est plutôt bon, avec un rythme assez enlevé malgré une durée approchant les 2h40.
House of Gucci est donc un bon biopic, malgré certains défauts, qui montre la déchéance d’une famille dont la marque rayonne à travers le monde. Son casting cinq étoiles est impliqué (Lady Gaga sera sûrement nommée aux Oscars pour sa performance), la reconstitution des différentes époques minutieuse et l’histoire prenante. Ridley Scott nous offre deux bons longs-métrages en une année, ce qui est rare. Si la suite de Gladiator, qu’il est en train de préparer, est du même niveau, on est preneurs…