Après nos commentaires sur le Parc du Puy du Fou en général et le cadre qu’il offre (hôtel et restaurants), découvrez ici notre avis sur les différents spectacles auxquels nous avons assistés, classés de celui que nous avons préféré à celui que nous avons le moins apprécié. Le tout en analysant également succinctement les spectacles (narration, fond, lien avec l’histoire des lieux), auxquels on reproche régulièrement une vision biaisée de l’Histoire ou du christianisme.
A noter que, si nous avons pu assister à l’ensemble des grands spectacles assis se déroulant à des horaires précis chaque jour (hors Cinéscénie, qui n’est jouée que 28 fois durant la période estivale), nous n’avons pu visiter qu’une seule attraction (les spectacles immersifs accessibles à tout moment au cours de la journée) parmi les différentes proposées au sein du parc par manque de temps. Nous avons également intégré l’inauguration de la Frairie de la Toussaint, qui est appelé à devenir un événement annuel. Nous l’avons laissé en toute fin dans la mesure où il apparaît comme « hors catégorie » par son concept même.
Les Noces de Feu
Les Noces de Feu est un spectacle qui se déroule sur le lac du parc à la nuit tombée. Avec plus de 30 danseurs réunis autour du couple-phare de la Muse violoniste et du pianiste, il s’agit d’un conte et d’un ballet musical rendant hommage au XIXème siècle, où les ombres fantomatiques des personnages se succèdent dans un impressionnant ballet mêlant sons, lumières, eau et effets pyrotechniques.
Contrairement aux autres spectacles, pas de dialogues ici : toute l’émotion passe par le choix des morceaux de musique classique iconiques qui se succèdent, par les chorégraphies délicates, les effets et l’impressionnante mise en scène de l’ensemble. Les danseurs portent des costumes luminescents, de telle sorte que ce sont les lumières disséminées sur leurs tenues mais aussi sur leur tête, qui permettent de distinguer les silhouettes de leurs personnages, qui sont comme autant de fantômes du passé surgis de la mémoire des lieux, qui émergent du lac et flamboient avant de disparaître.
Gerbes d’eau lumineuses, piano sur l’eau, canopée, éléments de décor surgis des profondeurs du lac et chorégraphies élégantes se succèdent sans faille durant 30 minutes, avec un crescendo émotionnel parfaitement géré, dont le pic est sans doute la vision magique du lac qui s’embrase.
Une vraie réussite et un grand spectacle à même de réunir toute la famille, où le discours s’efface totalement au profit de l’expression artistique. Si l’on devait malgré tout trouver un lien avec l’histoire du château, on pourrait interpréter le récit dans ces grandes lignes : le château de style Renaissance, qui surplombait l’étang, incendié et détruit en très grande partie durant les guerres de Vendée pendant la Révolution Française, est en “sommeil” et attend son heure pour renaître.
Le Mime et L’Etoile
Grande nouveauté 2023 du Puy du Fou et éclatante réussite, Le Mime et L’Etoile est un hommage à la magie du 7ème art, de ses débuts jusqu’à l’arrivée de la couleur, et à Georges Méliès plus particulièrement. Garance l’étoile montante du cinéma et Mimoza le mime se rencontrent sur le plateau de tournage du film de Gérard Bideau en 1914, à la veille de la Première Guerre Mondiale, et seule l’éclosion d’un amour sincère pourra faire passer le cinéma à la couleur. Le mime cherche à séduire l’étoile en lui ouvrant son cœur et en lui dévoilant le monde de son enfance. Le récit est simple mais efficace, la mise en scène et les décors magiques sont entièrement mis au service de l’émotion, très présente. Les rues et façades des bâtiments du Paris de la Belle Epoque défilent devant nous grâce à un procédé technique simple en apparence et impressionnant : le fond de la scène défile tandis que les décors sont projetés sur celui-ci sans la moindre saccade.
Lorsqu’un manège lumineux apparaît et qu’acteurs et décors se colorisent peu à peu, l’émotion est à son comble. Seul élément un brin politique : le retour de la guerre d’un Mimoza handicapé, qui reçoit la Légion d’Honneur. Une scène à laquelle nous n’avons rien à reprocher, si ce n’est l’emphase assez empesée de la voix-off, qui ne fait pas vraiment dans la subtilité (défaut récurrent des spectacles du Puy du Fou). Mais la fin, où le rêve redevient possible malgré les meurtrissures, emporte notre adhésion et boucle joliment la boucle malgré une certaine tristesse et désillusion. Avec Les Noces de Feu, Le Mime et L’Etoile est clairement le spectacle le plus réussi du parc.
Le Bal des Oiseaux Fantômes
Grand spectacle d’oiseaux inspiré en partie (et très librement) de la mythologie celte, Le Bal des Oiseaux Fantômes se déroule sur le lieu où se trouvent une partie des ruines du premier château. La narration, qui s’efface assez vite face au spectacle impressionnant des 330 oiseaux (cigognes, goélands, vautours, aigles, faucons, hiboux…) volant au-dessus de l’amphithéâtre à ciel ouvert et au-dessus de la tête des spectateurs, met en scène la princesse Aliénor et sa meilleure amie Eloïse, qui reviennent habiter les ruines abandonnées.
Les fauconniers, qui se tiennent aux quatre coins des gradins et de l’amphithéâtre, attirent les oiseaux avec de la nourriture et des leurres afin de les faire voler avec toute la flamboyance et la grâce dont ces oiseaux sont capables. Lors de la fin, en apothéose, les 330 oiseaux tournoient en vol libre. Un grand spectacle familial où la narration est relativement discrète, mais permet de mettre en avant l’histoire du château de manière fantasmagorique.
Le scénario a en effet décidé de se pencher sur une période permettant de faire appel à une imagerie folklorique, mais elle fait aussi référence à la première destruction du château lors de la Guerre de Cent Ans (il fut reconstruit à partir de 1432 et les ruines du premier édifice ne seront mises à jour que 500 ans plus tard par le club archéologique du Puy du Fou). La narration en elle-même, assez sommaire, ne sert finalement ici que de prétexte au spectacle qui va se dérouler devant nos yeux.
Le Mystère de la Pérouse
Le Mystère de la Pérouse fait partie des spectacles immersifs du Puy du Fou. Ces derniers, à la différence des grands spectacles en gradins se déroulant à des horaires fixes, peuvent être parcourus librement par les visiteurs, qui se baladent à travers les décors. Ce spectacle, récompensé de plusieurs prix en 2018, nous propose de suivre l’expédition autour du monde menée par Jean-François de La Pérouse à la demande de Louis XVI afin de compléter les découvertes de James Cook. Les deux frégates; L’Astrolabe et La Boussole, furent prises dans un cyclone et disparurent en juin 1788. Le sort de l’équipage (L’Astrolabe s’échoua sur une île) ne sera connu que bien plus tard et le sort de La Pérouse ne fut jamais véritablement résolu.
Le spectacle nous propose d’embarquer à bord dans des décors de navires réalistes. On assiste tout d’abord à la constitution de l’équipage, puis nous nous retrouvons à l’intérieur de l’une des frégates lors de ses différentes étapes, jusqu’au naufrage. Les décors réalistes et l’ambiance immersive à souhait fonctionnent pleinement sur ce spectacle dont la narration se déroule à mesure que nous avançons. On peut observer les comédiens à certains (brefs) moments, le reste de la narration consiste en une voix-off alors que nous traversons les décors. Par les fenêtres, les images de la mer déchaînée en vidéo possèdent un excellent rendu et la dernière partie du spectacle, le naufrage, est particulièrement impressionnante. Nous sommes à fond de cale et le navire chavire, commence à prendre l’eau (avec de vraies projections d’eau au-dessus de nos têtes). La reconstitution est très travaillée, de même que l’atmosphère et notamment la lumière, l’éclairage, à mi-chemin entre Pirates des Caraïbes et La maison hantée de Disneyland, mais en version histoire de France. Si nous n’avons pas eu le temps de découvrir les autres spectacles immersifs du parc, celui-ci vaut en tout cas franchement le détour.
Le Signe du Triomphe
Le Signe du Triomphe revisite l’époque romaine et la persécution des chrétiens, jetés en pâture dans l’arène des Jeux du Cirque. Depuis 2019, le spectacle a été transformé suite au retrait des lions et se termine par une bataille navale avec l’apparition d’une galère géante (une création technique que le parc a fait breveter) qui attaque les radeaux gaulois. Nous sommes cependant en droit de nous demander comment un tel phénomène a pu se produire, passer d’une arène à un cadre marin aussi subitement repousse les limites de la fantasmagorie à laquelle le parc nous a pourtant habitués.
Pour le reste, il s’agit là d’un grand spectacle dans la plus pure tradition des numéros d’inspiration historique du Puy du Fou, avec un nombre conséquent de comédiens jouant romains, gladiateurs et futurs martyrs, ainsi que des chars tirés par des chevaux. La mise en scène, la chorégraphie des batailles et la machinerie sont impressionnantes d’un bout à l’autre, si bien que l’on fait en partie abstraction d’une narration qui ne fait pas forcément dans la dentelle.
Ainsi, même si les références au christianisme sont ici pleinement justifiées par le contexte historique, les dialogues en voix-off ne font pas franchement dans la subtilité. Par exemple, le jeune couple chrétien promis au martyre essaie d’obtenir la grâce de l’empereur avec ce genre de propos : “Jésus Christ est roi dans nos cœurs. (…) Nous sommes pour la paix et l’ordre”, offrant ainsi une vision très schématique et manichéenne de l’opposition entre romains païens et braves chrétiens. Ici, les chrétiens stigmatisés sont les vrais rebelles et ne sont qu’amour tandis que la République, incarnée par l’empire romain, n’est que cruauté arbitraire. Surtout, la narration dans son ensemble met l’accent de manière assez caricaturale sur la religion, alors que la situation, déjà claire et connue de tous, ne nécessitait pas d’en faire autant. Le pathos est ici de mise : le jeune couple est sauvé in extremis lorsque le gouverneur de Rome est chassé du pouvoir. Le spectacle se termine sur l’annonce de l’arrivée de l’empereur Constantin au pouvoir, qui amène avec lui une politique favorable au christianisme, annonçant ainsi “l’ère du Poissons” comme le déclame avec une emphase extatique la voix-off.
Les Vikings
Le spectacle se déroule en l’an 1000 dans le village de Saint-Philbert le Vieil, qui se retrouve attaqué par les terribles Vikings, venus à bord de leur drakkar, alors que tous les villageois célébraient un mariage. S’ensuivront 25 minutes de combats épiques à terre, à cheval et sur l’eau, jusqu’à un deus ex machina (terme qui n’a jamais été aussi approprié) quelque peu… exagéré, même en tenant compte que, comme pour Le Secret de la Lance, le parti pris du scénario semble être de s’inspirer des hagiographies médiévales, où le christianisme donne lieu à des miracles très fantasmagoriques.
Là encore, le mélange de chorégraphies, cascades et machinerie est impressionnant. Le spectacle, qui se déroule face à un point d’eau et à proximité de la forêt environnante, est immersif à souhait et on en prend plein les yeux tout du long.
Cependant, la victoire par K.O. du christianisme sans aucun coup porté à l’arrivée de Saint-Philibert ressuscité (miracle assez peu compréhensible en tant que tel dans la version actuelle du spectacle) semble assez hors de propos avec la thématique principale et est mise en scène de manière assez risible. Le comédien jouant l’homme de foi est en effet placé sur une trappe et apparaît d’un coup sur scène entouré d’une brume épaisse. Plus fort que toute la bande des Expendables réunis, il n’aura pas besoin de jouer du bâton pour que les barbares tombent à genoux, balancent leur épée, lèvent yeux et bras au ciel avant de se prosterner devant la force du Tout Puissant, frappés par la grâce divine comme par la foudre.
Alors oui, pour la petite histoire, il y eut en effet des invasions de vikings en France (y compris à Paris et en Loire-Atlantique) et certains se convertirent au christianisme au contact des moines et missionnaires des lieux qu’ils pillaient, même si cela était assez minoritaire au moment des attaques… Mais, clairement, ce n’est pas vraiment ce que l’imaginaire collectif (dont la famille De Villiers dit s’inspirer pour les scénarios) aura retenu à leur sujet. Les peuples nordiques ont bien sûr fini par se christianiser, mais ce processus, qui était bien avancé au XIème siècle, fut bien plus long et compliqué que ce qui est suggéré dans le spectacle. Les peuples nordiques commencèrent par intégrer Jésus à leur panthéon… sans renoncer pour autant à leur culture ni au culte polythéiste et à ses divinités. Et, si la religion put finalement prendre, ce n’est pas tant par la grâce divine que parce que les grands chefs convertis avaient bien saisi l’intérêt commercial de la chose puisque certains acceptèrent de se faire baptiser en échange de territoires, ce qui leur permettait d’asseoir leur pouvoir.
Pas un mot au sujet de la mythologie nordique ou de la culture propre à ce peuple ne sera ainsi prononcé, si ce n’est une référence très rapide à Odin, qui est présenté textuellement comme une “idole” (au sens profane du terme, donc) poussant les Vikings à la guerre et à s’approprier terres et biens “de basse renommée”. Les Vikings apparaissent donc ici seulement comme des envahisseurs barbares cherchant à éradiquer la population. Des hommes dont les croyances païennes les ont conduits à se perdre en chemin… Jusqu’à ce qu’ils prennent conscience de leur erreur et se convertissent !! Ainsi, ils renoncent à commettre de nouveaux méfaits et ne sont plus qu’amour. Plus que ça, ils s’engagent à devenir des “croisés” et à être “témoins de l’Autre Monde”. Pour le coup, malgré la maestria technique, difficile d’éluder la dimension idéologique.
Une référence est faite à la fondation de la commune Saint-Philbert-de-Grand-Lieu en Loire-Atlantique. Autrefois nommée Déas, elle fut fondée par des moines, qui commencèrent à édifier des bâtiments monastiques pour se protéger des attaques régulières des Vikings. Cependant, la référence à la commune étant lâchée comme ça sans explication (et de manière à laisser penser que les Vikings convertis ont participé à sa fondation), il est difficile d’en retirer grand chose.
Comme pour d’autres spectacles du parc, qui dit ne pas chercher la vérité scientifique ou historique des faits, le fait d’enchaîner les références à des figures historiques ou des lieux de manière pompeuse peut même quelque peu induire en erreur… Si tant est que l’on retienne vraiment ce qui est dit au-delà des punchlines et déclarations extatiques sur la foi chrétienne, ce qui est peu probable au vu de l’écriture, à moins de vérifier, comme nous, en revoyant le spectacle sur YouTube et en faisant des recherches pour comprendre de quoi il est question précisément.
Dans ce cas précis, en faisant quelques recherches, on se rend compte que le spectacle a en partie été réécrit… mais pas sa fin. Il y a quelques années, Les Vikings ne mettait pas en scène des villageois célébrant un mariage, mais les moines de Noirmoutier qui, suite à l’invasion, cherchaient un refuge pour les restes de Saint Philibert qui, tombés à l’eau, donnent lieu à la réapparition du saint homme en guise de retournement divin. Les références à Saint-Philbert-de-Grand-Lieu faisaient ainsi davantage sens narrativement parlant dans ce contexte. En l’état, on a quelque peu du mal à suivre les subtilités du récit et on est davantage captivés par le spectacle qui se déroule sous nos yeux que par les paroles prononcées.
A noter que l’installation fortifiée que l’on voit dans le spectacle est assez similaire à ce qui existait au village du Bourg-Bérard avant que la première version du château soit édifiée au XIIème siècle. De cette manière, même de manière discrète, le spectacle conserve un lien avec l’histoire des lieux.
Le Secret de la Lance
Inspiré de la Guerre de Cent Ans, Le secret de la Lance met en scène une jeune bergère, Marguerite, qui se retrouve seule au château du Puy du Fou après que Jeanne d’Arc ait emmené le chevalier Fulgent avec ses meilleurs cavaliers pour combattre à ses côtés. Déterminée à protéger le château et ses “remparts magiques” (dixit le site officiel du parc) des envahisseurs anglais, Marguerite va découvrir les pouvoirs de la lance magique… qui n’est autre que le drapeau que lui confie Jeanne d’Arc et qu’elle tient de l’archange Saint-Michel (sic) et qui va lui permettre de se battre avec un talent hors pair.
Spectacle équestre avec des combats à terre et une impressionnante machinerie pour faire disparaître les remparts et avancer le donjon de 100 tonnes, Le secret de la Lance est aussi le spectacle le plus mystérieux pour ne pas dire tiré par les cheveux d’un point de vue narratif. Le scénario a voulu jouer sur le côté métaphysique et spirituel, sur la métaphore… mais celle-ci est tellement brumeuse qu’on ne sait pas trop quoi en retirer de prime abord.
A postériori, on comprend plus ou moins qu’il s’agit là d’une vision fantasmée d’un hypothétique (et totalement fictif) passage de Jeanne d’Arc au Puy du Fou… Passage qui, grâce au don de la lance magique, permet à l’innocente bergère gardienne du château de sauver celui-ci des Anglais alors que, dans la réalité historique, Guy du Puy du Fou retrouva celui-ci en ruines à son retour de la guerre, où il chevaucha bel et bien aux côtés des compagnons de Jeanne d’Arc. Selon ce principe, la brève présence de Jeanne d’Arc sur les lieux assure de facto la protection divine du château. La bergère, qui aurait dû être sans défense, peut alors combattre sans problème.
On cherche cependant toujours le sens du donjon enfumé qui s’avance sur fond de voix-off métaphysique… Sur le forum PuyStory, qui cite à priori le communiqué officiel du parc en 2011 pour ce spectacle, on trouve ainsi la phrase suivante : “Le fanion sur la lance, l’esprit de Jeanne d’Arc est présent tout le long du spectacle tout en gardant le secret de sa foi et de sa liberté face à l’occupant anglais.”
On pourra, bien sûr, sans aller chercher trop loin, supposer que le donjon figure les tortures subies par la Pucelle d’Orléans aux mains des Anglais avant son procès et le bûcher. La voix-off parlerait ainsi de la foi qui lui permet de tenir… Il est, de ce point de vue-là, si l’on veut vraiment retirer un discours de l’ensemble, assez difficile de ne pas voir aussi une métaphore de la résistance de la campagne française et de la foi chrétienne à notre ère contemporaine face à d’autres “envahisseurs”. Cependant, discours idéologique ou pas, il faut admettre que l’on ressort du spectacle avec l’esprit tellement embrumé que le risque de sortir en criant “Jeanne ! Au secours !” est quelque peu limité…
Côté pur spectacle, on saluera les performances des cavaliers, qui effectuent quelques jolies cascades sous nos yeux, la chorégraphie des combats et la machinerie permettant de faire bouger les décors de manière très réaliste.
Le Dernier Panache
Créé en 2016, Le Dernier Panache est un spectacle entièrement dédié à François-Athanase Charette de la Contrie et à son rôle au moment de la Guerre de Vendée en 1793, alors que les Colonnes Infernales s’en prennent à la population de ce que l’on nommait alors la “Vendée militaire” : quatre territoires s’étant insurgés contre les républicains. Pour cela, le parc a conçu un dispositif inédit, qui lui a valu de remporter plusieurs prix, dont celui de la Meilleure Création Mondiale 2016 des THEA Awards (cérémonie de prix américaine récompensant les meilleurs parcs à thème) : une salle circulaire avec des décors réels et virtuels à 360° pour une immersion complète dans ce qui s’apparente à un “travelling vivant”. Ce parti pris technique et artistique et les moyens mis en œuvre assurent un grand spectacle sur la forme, dont il serait difficile de nier la maestria. Sur le fond, en revanche, c’est autre chose.
Au-delà de la Cinéscénie, grand spectacle saisonnier donné de juin à septembre et qui a précédé la création du parc en lui-même (la première représentation eu lieu en 1978), le Puy du Fou n’avait jusque-là pas de spectacle permanent mettant en scène les guerres de Vendée, cheval de bataille de Philippe de Villiers, qui milite pour une reconnaissance de ce qu’il nomme le “génocide vendéen”, terme contesté par la plupart des historiens, même s’il est avéré qu’environ 170 000 personnes, d’après les estimations les plus crédibles (comptant parmi elles femmes, enfants et vieillards) furent massacrées par les Colonnes Infernales à cette période en raison de la résistance d’une partie de la population face à la Révolution Française, avec des crimes de guerre rapportés par les républicains eux-mêmes d’une violence inouïe.
Les événements de cette période et les débats alimentant cette polémique depuis les années 80 seraient trop fastidieux à résumer à travers ces lignes (on vous recommande néanmoins, une fois n’est pas coutume, la page Wikipedia très fournie et sourcée consacrée à cette période, qui parle bien des faits, mais aussi de l’évolution de la recherche et des querelles à ce sujet au fil du temps) mais, pour synthétiser, le fait est que l’argument des historiens est que la reconnaissance en génocide ne s’appuie pas uniquement sur le nombre de morts et la violence du crime, mais implique également une chaîne de décision claire, organisée et sans faille d’un bout à l’autre, ce qui est loin d’avoir été le cas selon les différentes sources et recherches disponibles en raison des nombreuses dissensions politiques internes au cours de cette période, notamment entre généraux.
Les figures comme De Villiers soutenant la reconnaissance des massacres en Vendée sous l’appellation de “génocide” réfutent cet argument et le soutien de diverses personnalités ou auteurs d’extrême droite a participé à rendre le sujet, qui alimente une grande partie des polémiques autour du parc, clivant.
La représentation donnée des événements au sein du spectacle (de 35 minutes, certes, donc qui ne saurait être complet) est très manichéenne, simplifie le conflit à outrance et joue de manière très appuyée sur le pathos. Charette, dont les historiens ont tendance à penser qu’il fut au départ contraint par la population, comme de nombreux nobles, à rejoindre les insurgés afin de leur donner les moyens de combattre, est mis sur un piédestal comme héros d’un bout à l’autre du spectacle. La population paysanne, elle, est montrée comme étant très pieuse, fortement attachée à l’Ancien Régime et très unie aux nobles. Là encore, cette vision est en partie contestée puisque, même si une partie de la Vendée était en effet très pieuse et le restera longtemps, la plupart des habitants s’étant soulevés le firent sans doute davantage en raison d’un espoir déçu par les promesses d’une Révolution qui aura davantage servi la bourgeoisie mais ne leur aura pas été vraiment favorable.
Or, Le Dernier Panache schématise l’affrontement et les massacres perpétrés, en les dépeignant comme une opposition entre fervents catholiques attachés à la foi et aux traditions et républicains cruels et impies déterminés à imposer par la force le “progrès”, montrés unilatéralement et sans équivoque comme des assassins dans les dialogues mêmes, énoncés en voix-off et déclamés d’une voix emphatique très théâtrale. A travers cette vision, ce sont encore une fois les braves chrétiens qui sont persécutés en raison de leur foi. Au moins, on ne peut pas dire que le discours est insidieux ou que Philippe De Villiers, à travers son scénario, avance masqué ! Le message est tellement clair, tellement appuyé, que cela en est même assez déstabilisant.
Vaincre ou mourir, le premier long-métrage officiellement produit par le parc, met également en scène, sur 1h40, le combat de Charette selon la vision de De Villiers, dont certains descendants du côté de sa mère combattirent à ses côtés durant la guerre d’indépendance américaine. Il fut là encore attaqué par les historiens et la critique. Le DVD est vendu dans certaines des boutiques du parc aux côtés des romans de Philippe De Villiers consacrés à plusieurs grandes figures historiques (Charette, mais aussi Clovis, Jeanne d’Arc…).
Mousquetaire de Richelieu
Bâti à l’entrée du parc près de l’Orangeraie, Mousquetaire de Richelieu est l’un des plus longs spectacles du Puy du Fou. L’accueil se fait dans un théâtre monumental de style 17e siècle et débute avant même le lever de rideau par un échange comique entre le protagoniste Bouton d’Or et deux hommes de loi qui placent un avis de recherche le concernant et qu’il va faire tourner en bourrique. Un moment assez drôle, qui nous permet de patienter jusqu’au début de la représentation.
À sa suite, enfin, le magnifique rideau de scène s’ouvre (le plus grand au monde) et le fameux théâtre le Grand Carrousel dévoile toute sa superbe.
Commence alors le spectacle proprement dit, dans lequel apparaît le célèbre Corneille qui, à la demande du Cardinal de Richelieu, s’apprête à mettre en scène la pièce du Cid au Puy du Fou. Mais, alors que nombre de personnages se présentent, le célèbre Cyrano de Bergerac apparaît à son tour en trompe l’œil dans un tableau et, bénéficiant de la voix de Depardieu, captive son auditoire. La pièce débute alors avant d’être interrompue par un groupe de spadassins venus capturer l’actrice principale : la Serafina.
Cependant, le fameux Bouton d’Or, déguisé en bossu et secrètement amoureux de la belle, ne l’entend pas ainsi et va se dresser contre les ravisseurs, aidé dans son entreprise par les fameux mousquetaires et Cyrano lui-même qui, de son propre aveu, avait besoin de se dégourdir l’épée avant le souper. S’ensuit un certain nombre de combats de cape et d’épée à la mise en scène remarquable, qui nous transportent vraiment dans l’intrigue.
Suite à cette envolée apparaît alors le fameux Cardinal de Richelieu, qui demande à Bouton d’Or s’il est possible d’organiser, grâce à ses origines espagnoles, un grand spectacle de flamenco en l’honneur du roi.
C’est à cet instant précis, à environ la moitié du spectacle, qu’une chose étrange se produit. Si, en effet, il est parfois reproché à certains spectacles du Puy du Fou de faire preuve d’incohérence scénaristique ou de faiblesse narrative, Le Mousquetaire de Richelieu a, lui, cette particularité d’achever quasiment à mi-parcours la thématique de son propre titre. Car, sitôt que le rideau s’ouvre à nouveau, un second spectacle semble commencer, durant lequel, sur l’immense surface du théâtre représentant les rues de Paris, un certain nombre de danseuses flamenco et des chevaux en liberté commencent un magnifique ballet alors que l’eau monte progressivement sur la Place Royale.
Il est à noter que la mise en scène est bluffante de réalisme et le spectacle superbe à admirer. Néanmoins, toute la réussite de cette seconde partie, d’un point de vue visuel, ne nous permet pas d’oublier que nous étions venus voir des Mousquetaires. Le mélange de ces derniers à l’histoire du Cid ou de Cyrano allait parfaitement avec les romans de cape et d’épée d’Alexandre Dumas…Mais le spectacle de flamenco est malheureusement hors sujet.
Cette ambivalence nous a quelque peu surpris, en particulier par le manque de cohérence entre les deux parties, qui ressemblent davantage à deux spectacles réunis en un seul, et qu’il serait préférable de séparer.
En l’état, la première partie nous laisse sur notre faim, et la seconde, bien que superbe visuellement, ne correspond pas à l’idée que nous nous faisions de l’univers des Mousquetaires.
La Frairie de la Toussaint
Le Puy du Fou a inauguré cette année, entre le 21 octobre et le 4 novembre, une toute nouvelle animation-spectacle appelée à évoluer d’année en année : La Frairie de la Toussaint. Imaginée pour célébrer certaines grandes figures historiques à l’occasion de la fête de la Toussaint (durant les vacances scolaires), cette attraction se tient à la tombée de la nuit dans la cour du château, illuminée à cette occasion, avec un jeu de projections sur les façades.
Le public est invité à assister au dîner pour fêter le mariage de Catherine et François du Puy du Fou en présence du roi François Ier, venu accompagné des représentants de 5 grandes provinces françaises, représentées par des baraques en bois en fond de cour où le public peut acheter entrées, plats, desserts et boissons.
Le roi introduit alors des figures illustres telles que Léonard de Vinci, Copernic ou encore Pierre de Ronsard, qui font une courte apparition. Des groupes régionaux se succèdent sur scène, comme des joueurs de cornemuse. Le tout dure une vingtaine de minutes environ et se répète en boucle durant toute la soirée pendant que les visiteurs vont et viennent pour se restaurer. Les illuminations et projections sur la cour sont jolies, mais le spectacle en tant que tel n’a clairement pas le même intérêt que les spectacles traditionnels du parc. Ici, les choses sont clairement faites pour que les gens puissent arriver à n’importe quel moment et prendre les choses en cours de route. La narration est donc minimaliste. Il s’agit surtout d’instaurer une ambiance festive et fantasmagorique comme toile de fond à un repas en extérieur. Selon le parc, le concept est appelé à évoluer au fil des ans.