Caractéristiques

- Titre : Les Veuves
- Traducteur : Catherine Renaud
- Auteur : Pascal Engman
- Editeur : Nouveau Monde éditions
- Date de sortie en librairies : 5 mars 2025
- Format numérique disponible : non
- Nombre de pages : 520
- Prix : 22 euros
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- Note : 8/10 par 1 critique
Un an après Féminicide, les éditions Nouveau Monde publient un deuxième roman de l’auteur suédois à succès Pascal Engman : Les Veuves. Si l’on y retrouve la charismatique policière Vanessa Franck, ainsi que certains autres personnages introduits dans le précédent tome de la saga, ce nouveau récit peut se lire indépendamment des autres.
Il est d’ailleurs utile de rappeler que le premier roman de Pascal Engman n’a pas encore été traduit en français, alors qu’il s’agit de la première enquête de sa protagoniste fétiche. Certains zones d’ombre demeurent donc sur le passé de l’enquêtrice, mais rien qui ne gêne la lecture ou ne perturbe la compréhension de l’intrigue.
Le retour de Vanessa Franck
Par une sombre nuit de novembre, à Stockholm, le policier Rikard Olsson, travaillant pour le service de lutte contre le banditisme, est retrouvé mort dans un parc. A quelques pas de là, se trouve un autre corps : celui d’une jeune femme syrienne. Dommage collatéral ou victime initiale ? Lorsque Vanessa Franck est appelée sur les lieux du crime, elle découvre que la jeune femme n’est autre que sa fille adoptive…
A partir de ce pitch intrigant, Pascal Engman construit un roman dense, sombre et percutant où la société suédoise occupe une place centrale. Le lecteur est plongé en plein cœur de Stockholm, dans ses rues, ses quartiers et ses bâtiments emblématiques, décrits avec minutie par un auteur soucieux du détail et qui tient à donner vie à son décor. Le dernier tiers de l’intrigue fera d’ailleurs de cet environnement urbain l’enjeu principal d’un jeu de pistes époustouflant. Engman scrute avec précision et recul certains modes de vie et coutumes typiquement suédois, créant un sentiment de dépaysement fascinant et une immersion décuplée dans le milieu où évoluent ses personnages.
Entre enquête, terrorisme et roman social
Les Veuves traite d’un sujet d’actualité sensible : les réseaux terroristes implantés en Suède, avec en arrière-fond de l’enquête policière initiale, une menace très tangible d’attentat islamiste à Stockholm. Certains personnages sont rescapés de la guerre en Syrie, et les fameuses « Veuves » du titre sont celles du Califat, envoyées en Europe pour y perpétrer le djihad. Comme à son habitude, l’écriture de Pascal Engman est intelligente et documentée, et l’intrigue policière s’imbrique avec efficacité avec l’enjeu politique et religieux.
Un grand nombre de protagonistes évoluent au cœur du roman, appartenant à différentes strates de la société : l’on suit les enquêteurs, pour la plupart bourgeois et vivant dans de beaux quartiers de Stockholm, un père alcoolique reclus en marge de la ville, un garde du corps et une escort girl évoluant au sein de l’élite suédoise… Tous ces personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires, ont droit à un véritable traitement, apportant à l’intrigue une densité émotionnelle décuplée. Vanessa Franck, quant à elle, est toujours une protagoniste attachante et parfaitement caractérisée, dont le passé resurgit à plusieurs reprises, l’enquête principale devenant rapidement pour elle une véritable affaire personnelle.
Un thriller nerveux et addictif
Avec un peu plus de 500 pages, Les Veuves est un roman dense, qui prend le temps de mettre en place une intrigue complexe, avec une multiplicité de points de vues. Si le lecteur peut au départ être perdu ou trouver l’installation des personnages un peu longue, sa patience sera récompensée par le talent de Pascal Engman à entremêler ses intrigues et à créer une résolution à la hauteur de ses espérances. Chaque chapitre est écrit du point de vue de l’un des protagonistes, et ce qui semblait au départ impossible à relier s’imbrique à la perfection dans le dernier tiers, tout simplement haletant, du roman. Les pièces du puzzle se mettent progressivement en place jusqu’à un dénouement en apothéose où l’on ne peut que tourner frénétiquement les pages jusqu’à la fin.
Comme dans Féminicide, l’écriture est nerveuse, cinématographique, et fourmille de détails. Les chapitres sont courts et l’alternance des différentes intrigues accroît le suspense et la tension. L’auteur parvient à mettre en scène près d’une vingtaine de personnages sans jamais perdre le lecteur ou rendre son roman indigeste ou ardu. Construit comme un véritable crescendo, le livre recèle au contraire certaines scènes d’une intensité jubilatoire et se dévore avec un plaisir non dissimulé.
Les Veuves est donc un roman dense mais addictif, complexe sans jamais devenir fastidieux. Construit sur plusieurs intrigues imbriquées avec talent, il combine enquête policière, enjeux politiques et émotionnels intenses, et personnages charismatiques. Un excellent moment de lecture et un crescendo de tension inoubliable.